La bâtarde
de Violette Leduc

critiqué par Monito, le 23 avril 2006
( - 52 ans)


La note:  étoiles
« Pour se soulager avec ce qui a été, il faut s’éterniser »
comment devient-on écrivain si on ne l’est pas dès sa naissance ? Dans ce livre de Violette LEDUC, c’est le cheminement d’une femme, d’une enfant qui grandit sans comprendre jusqu’à ses 37 ans. Née au début du siècle dernier, la Bâtarde, narre l’histoire personnelle de V. LEDUC, son enfance délicate, son physique jamais accepté, son attirance pour les deux sexes, son égocentrisme, sa mesquinerie, son spleen, ses doutes, ses rancoeurs, ses amours, ses passions, ses rendez-vous manqués…
Une vie de femme, chahutée, mais au destin tel, que toutes ses rencontres lui permettront de se transformer.
Une écriture rapide, assassine. Eviter la lourdeur, des phrases courtissimes. Violette LEDUC semble toujours vivre du mauvais côté de l’événement. Eternelle insatisfaite, elle paraît trouver et donner un sens à sa vie en s’enrichissant du marché noir dans les années d’occupation. Des femmes, des hommes, traversent son existence, elle les aime mal, trop, ou trop tard. Ils la laissent, face à elle-même, elle qui ne se supporte pas.
La Bâtarde est publiée dans l’édition l’Imaginaire, c’est normal tant à chaque page et souvent aux détours de nombreux délires, on sent le malaise psychologique, parfois psychiatrique.
De belles pages d’introspection sur une nature humaine qui cache son jeu, quand elle est trop laide à voir. Rien n’est enjolivé et pourtant tout ce qu’elle écrit est beau.
Violette écrit pour elle. C’est sa confession, l’autre importe peu et pourtant elle l’interpelle souvent, le lecteur.
C’est la force de ce livre, ne rien cacher, même ce qui relève de l’indicible, croyons-nous, comme si seul face à soi on peut enfin être honnête avec soi (voire) mais le faire pour l’autre comme le chemin d’une liberté qu’on trace, une façon de s’éterniser.