J'étais derrière toi
de Nicolas Fargues

critiqué par Monito, le 23 avril 2006
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Un bon moment qui ne restera pas gravé
Drôle de conversation avec le narrateur. On ne le connaît pas et pourtant on l’a déjà entendu, parfois même on croit se reconnaître. Ero dietro di te, derrière, à côté, en tous cas, il arrive sans prévenir ce grand amour. Vraiment ? Ou, est-ce que les circonstances rendent ce grand amour possible ?
Jeunesse dorée, beau gosse mal dans ses pompes, qu’on aime pas assez ou pas bien, qui ne sait pas trop ce qu’il veut, qui assume sans assumer ses tentations, ses erreurs, qui prend des coups, les rend…
Une écriture très orale, très actuelle, ne m’accrochera guère. Un bon moment qui ne restera pas gravé. Il me faudra lire autre chose de Fargues pour en être convaincu.
Fort, mais lassant 6 étoiles

La force de ce roman est dans la façon de l'auteur de décrire avec beaucoup de finesse psychologique la dynamique conjugale malsaine qui s'était tissée entre le personnage principal et son ex-épouse avant leur séparation. J'ai été happée par le début du roman et absorbée pendant un bon moment par l'écriture de la détresse, des questionnements, des remises en question, de la vision du monde rendue blasée par les épreuves, de l'autopsie de la relation de couple qui s'écroule. Puis, j'ai décroché. Peut-être au moment où j'ai eu l'impression d'avoir cerné le personnage d'une certaine façon, mais qu'il continuait à me parler de lui, de la même façon et sans réelle intrigue. Vers le milieu du livre, le narrateur interpelle le lecteur, lui dit qu'il ne veut pas l'emmerder avec son monologue, sommes-nous toujours prêts à le suivre? Je me suis arrêtée là. Ce n'était peut-être pas le bon livre pour moi mais ce que j'ai lu m'a plu, assez pour retenter ma chance avec un autre roman.

Gabri - - 38 ans - 7 janvier 2016


De l’adultère 6 étoiles

De l’adultère …, mais pas que. De l’adultère, oui, c’est la chair de ce roman. Notre narrateur – disons Nicolas Fargues dans une de ses possibles vies – a trompé sa femme aimée et le lui avoue. Elle lui mène depuis une vie pas possible, ladite femme se montrant d’un caractère particulièrement dur (en même temps !!?). Il nous raconte son calvaire, son quotidien et puis … nous voilà en Italie, une petite ville paumée, dans une trattoria. Notre homme est en train de manger et voilà que la serveuse lui remet, mystérieusement, un papier sur lequel est noté un numéro de téléphone. C’était celui de la jeune italienne qui mangeait derrière lui, avec pour seule précision : « ero dietro dite ».
Il s’avère que la jeune femme est l’exact contraire de celle qu’il aime encore mais qui le rejette de plus en plus furieusement. Il va donc y avoir un choix à faire. Mais ce roman n’est pas tant une intrigue avec une solution, un choix à la fin, qu’un exposé de questions, une mise à nu d’une psychologie soumise à fortes turbulences, d’un trentenaire qui n’a peut-être pas de questions plus fondamentales à se poser, et en cela bien de notre époque. Les besoins vitaux étant assurés en Occident, on érige en « nouveaux problèmes vitaux » ce qui devrait finalement n’être que du domaine des péripéties (c’est vrai que lorsqu’on sort de la lecture de « La bascule du souffle » de Herta Müller, par exemple, on a du mal à envisager ces états d’âme autrement que comme ceux d’enfants gâtés (nous, les occidentaux)).
Ca reste néanmoins d’un intérêt certain. Ca me parait typiquement européen – je devrais dire français ! – et je doute que ça intéresse, par exemple, un public américain ? Le style, en outre, est particulier : on pourrait ne pas l’apprécier.

Tistou - - 68 ans - 19 novembre 2013


Trop long 6 étoiles

Les confidences de ce narrateur ambivalent, hésitant entre deux femmes, comportent un certain nombre de réflexions intéressantes. C’est facile à lire, mais l’auteur explique et recommence, s’étend sur des détails anodins. J’ai décroché avant la fin.

(Prix Saint-Valentin)

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 13 mai 2009


errances narcissiques 6 étoiles

Voici un roman emblématique de son époque: c'est une oeuvre très facultative, des considérations existentielles diverses qui s'éparpillent autour d'un thème central, la crise d'un jeune couple.

L'écriture décontractée est tempérée par des tournures sociologiques et universitaires qui altèrent la force de propos parfois stimulants.

Un certain courage intellectuel affleure à certains passages, malheureusement étouffés par une prose décidément un peu trop sage.

Il semblerait que l'intérêt majeur du roman ne réside pas dans le sujet principal, mais plutôt dans certaines élucubrations annexes: la critique de la mentalité française qui appert au travers de l'évocation de la société italienne sonne très juste.

Si l'ouvrage est inégal, s'il est plein de tics d'écriture symptomatiques de l'époque, il est pourtant intéressant car il dépeint assez justement certains aspects de notre époque et de l'homme actuel.

Sphinx - - 43 ans - 30 mars 2008


Un adultère contrasté 8 étoiles

Un couple parfait va sombrer dans le cauchemar, après un adultère de passage pour lui, un autre plus durable pour elle, et celui le plus important de l'histoire, tendre et tenace avec une jeune Italienne.
Le couple officiel va vivre des moments durs, décrits de manière réaliste et simple, sans être bâclé, malgré le monologue oral où le narrateur prend le lecteur, son pote ou sa grande copine, à partie.

L'ensemble est déconcertant, et parfois un peu familier, mais assez prenant. C'est assez bien fait. Il me semble être un peu plus indulgent que mes prédecesseurs, mais je suis un homme...

Ma question a été de savoir ce qui le retient auprès d'une garce pareille. Je n'aurais pas pu rester avec elle.

Veneziano - Paris - 47 ans - 19 mars 2008


Entre-deux 6 étoiles

Un homme à la croisée de deux femmes, dans le tourbillon de la culpabilité et du désir. Entre Alex et Alice, le narrateur s’adresse à un interlocuteur qui ne sera jamais précisé, et auquel le lecteur s’identifie forcément. Il rapporte l’humiliation au contact de la femme trompée avec une impudeur qui sonne terriblement juste. Par le choix des prénoms des protagonistes féminins, l’auteur montre qu’il n’est pas dupe de l’égarement du narrateur ; en d’autres circonstances, ailleurs dans le temps, comme le dit par ailleurs un des personnages de La peau douce de Truffaut, les deux femmes auraient pu permuter leur rôle.

C’est écrit dans un langage qui se veut celui de l’oralité, sur le ton de la complicité. L’interlocuteur, fût-il le lecteur, est un ami proche. Cela favorise une lecture rapide qui s’accorde à la fébrilité avec laquelle le narrateur rapporte ses tourments sentimentaux. L’arrivée en Italie, avec tout le mythe lié à la péninsule, est particulièrement évocatrice.
Des jeux de mots anodins survenus dans le feu de la conversation sont soulignés comme on le fait parfois pour ne pas paraître pédant.
Hélas, ce sujet, dont il semble qu’il ait partie liée avec la vie de l’auteur, aurait peut-être nécessité qu'il privilégie l’option d’une écriture plus travaillée, qui aurait marqué plus profond et porté plus loin.

Une bande-son composée de chansons de Carlinhos Brown, Maria Bethnania, Tribalistas, Veloso, Jorge Ben, Carmen Consoli, et Johnny Cash (Hurt) permet d’accompagner la lecture de ce roman ou de la prolonger.

Kinbote - Jumet - 65 ans - 25 décembre 2007


Maux d'amour 7 étoiles

Tout commence en Italie, dans une petite ville prénommée Romanze. Le personnage, trentenaire se sustente dans une petite trattoria typique. C'est à ce moment que le serveur lui remet une note sur laquelle est indiqué le numéro de téléphone de la jeune italienne installée à la table derrière lui. De confidence en confidence, cet homme à la dérive nous livre sa dérive. Emmuré dans une relation tendue avec sa femme, il la trompe une première fois avec une chanteuse. Honnête, il lui dévoile la cruelle vérité. Terrible erreur car la femme blessée n'aura de cesse de lui en faire baver, à lui qui, sincèrement désolé, tente de se racheter à tout prix. On en est là quand arrive ce petit mot d'amour sur le coin d'une table. Aimer ou souffrir d'aimer, que choisira t-il?
Les raisons et déraisons de l'amour, vaste sujet auquel s'attaque Nicolas Fargues. Cela vaut quelques belles pages, notamment celles sur la parenthèse italienne. Ce roman se place constamment du côté masculin. On se surprend à douter avec cet homme, tenaillé entre deux femmes : celle au caractère dur qu'il aime profondément mais qui la fait souffrir ou la douce romance, le parfum de tous les possibles. Le portrait de la femme qu'on y trouve est très manichéen. Il y a celle qui fait souffrir et l'autre, toute en douceur. Le style est léger même si les sujets évoqués sont plutôt durs. Reste qu'un peu de légèreté ne fait pas de mal de temps en temps…

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 30 septembre 2006


léger.. 6 étoiles

Tous les ingrédients de la banale histoire d'adultère sont bien sûr réunis.

Mais Fargues leur donne un accent de vérité psychanalytique.

Une lecture sympa et facile.

Simone - - 61 ans - 30 août 2006


Banale histoire d'amour... et de désamour 4 étoiles

C'est une histoire toute simple que Nicolas FARGUES nous livre ici. Celle d'un couple marié depuis de nombreuses années et dont les liens se défont inexorablement. Cela commence par l'infidélité de part et d'autre, puis se poursuit par la rencontre d'une autre femme qui va tout bouleverser pour le héros de cette histoire sans grande inventivité, si ce n'est peut-être dans la nature des rapports entre la femme et son époux.

Dans un langage plus parlé qu'écrit, l'auteur nous narre une histoire bien banale, qui ne laissera pas un grand souvenir.

Aliénor - - 56 ans - 1 mai 2006


Mâle être, en quête d’amour 7 étoiles

Un homme perdu dans sa relation conjugale déséquilibrée, relève la tête peu à peu, fortifie sa confiance en lui avec l’amour complice d’Alice, son gros secret à ne pas partager.
Ecrit comme une confidence intime, Fargues utilise le lecteur comme un thérapeute, l’invitant dans le secret d’un confessionnal.
Le livre rend mal à l’aise l’homme que je suis, ne supportant pas qu’une tierce personne (homme ou femme), puisse utiliser la violence (verbale ou physique) pour se faire entendre. En cela les personnages sont formidablement bien dépeints, atteignant pour l’un (Alexandra, la désespérée) le paroxysme de l’abjecte, pour l’autre, le mari en manque de câlin maternel, la dépendance démesurée.
Le machiavélisme des situations tarabiscotées est réduit à néant, dès lors que l’humain réagissant, fait bouillir ses tripes laissant libre court à son cœur amoureux.
Fargues utilise la citation de Nietzsche « tout ce qui ne tue pas rend fort », semble être l’image la plus appropriée pour résumer ce roman fleuve (dans le sens où tout coule, comme dit l’auteur).
L’histoire de se personnage qui se débat dans un univers oppressant, qui le rend, ni jaloux, ni mâle heureux, ni vivant, ni mort, donne à la lecture un besoin d’air pur, une nécessaire envie de souffle nouveau.
Une question demeure en suspend : qu’est ce qui peut bien pousser une femme (ou un homme) à agir en tyran de la sorte ? Ces gens ne méritent aucune pitié (évitant ainsi de rentrer dans leur jeu, dominant, dominé) mais assurément, une sérieuse analyse approfondie.
L’écriture de Fargues est simple, lâchée, agréable à lire. Nous restons accrochés aux récit du personnage qui a l’air de chuchoter son mal être.
Avant qu’il ne se réveille nous attendons son cri de délivrance, comme un bon coup de pied au derrière à la personne qui lui bouche la vie.
Les méchants sont mauvais, mais les pires sont les bons, tant qu’ils se taisent (bertrand-môgendre)

Bertrand-môgendre - ici et là - 69 ans - 25 avril 2006