Tristesse et beauté de Yasunari Kawabata
(Utsukushisa to kanashimi to)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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Des liaisons dangereuses
Oki Toshiro, un écrivain célèbre, vit avec sa femme et son fils à Yokohama.
Il décide de se rendre à Kyôto pour entendre les cloches du Nouvel An en compagnie d'une ancienne maîtresse, Otoko Ueno. Tous les deux ont vécu une histoire tragique, voici un quart de siècle, alors qu’Otoko n’avait que 16 ans. Elle s'était éprise de Oki, était tombée enceinte, avait perdu son enfant, avait tenté de se suicider, avait été internée. Puis, pour l’éloigner de Oki, sa mère avait émigré à Kyôto avec elle. Depuis, Oki est devenu un écrivain célèbre, justement en racontant son histoire avec Otoko. Quant à elle, elle est devenue un peintre célèbre et vit maintenant une relation homosexuelle avec une de ses jeunes élèves qui lui voue un culte maladif, Keiko. Celle-ci, ulcérée de découvrir que sa maîtresse aime toujours Oki, décide de la venger. Et son arme : la séduction.
Dans son dernier roman, Kawabata trace un double bilan : encore une fois, une très jeune fille est séduite par un homme plus âgé, mais cette fois-ci elle est vengée par une autre jeune fille, plutôt démoniaque.
L’homme, conscient du piège empoisonné que lui tend la jeune fille, mord quand même à l’hameçon, au risque de détruire sa famille, ou même d'y laisser sa peau. Linda Lée, dans sa note de présentation, écrit : « Chez Kawabata, les beautés élégiaques, qui se laissent dépouiller, abandonner, prostituer, éviscérer par amour, préparent en silence l’avènement des beautés pernicieuses, ces petits démons qui exécuteront autour du mâle la danse de la mort. » Juste retour des choses?
Kawabata profite aussi de ce dernier roman pour décrire son travail de créateur. Son testament d'artiste? On discute beaucoup de création dans ce récit qui met en scène deux artistes et un professeur de littérature (le fils). Qu'en est-il de ce que, à défaut de mieux, nous appelons l'inspiration? Quelle place occupent l’histoire personnelle et l’emprunt aux traditions?
Du bon Kawabata, un Kawabata plus acéré, avec quelque chose de vénéneux.
Les éditions
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Tristesse et beauté [Texte imprimé], roman Yasunari Kawabata,... trad. du japonais par Amina Okada
de Kawabata, Yasunari Taha Hussein-Okada, Amina (Traducteur)
le Livre de poche / Biblio
ISBN : 9782253932536 ; 6,90 € ; 01/01/1996 ; 190 p. ; Poche -
Tristesse et beauté [Texte imprimé], roman Yasunari Kawabata traduit du japonais par Amina Okada
de Kawabata, Yasunari Taha Hussein-Okada, Amina (Autre)
Albin Michel / Littérature étrangère
ISBN : 9782226011183 ; 9,97 € ; 04/03/1981 ; 272 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (4)
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Dépouillement !
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 24 octobre 2017
Oki est devenu un célèbre écrivain. Sa gloire a été acquise grâce à son roman "journal d'une fille de seize ans" qui relate l'aventure qu'il a eu alors qu'il était déjà marié avec Otoko. Cette dernière de cette union adultère a eu un enfant mort-né. Et leur relation s'est éteinte.
Vingt ans plus tard Oki caresse le rêve d'écouter le jour de la fête de l'année nouvelle, les cloche du monastère de Kyoto qui sonnent le passage d'une année à l'autre.
Il caresse l'espoir de retrouver Oki mais les années l'ont changée. Elle vit à présent une relation ambiguë avec une jeune fille d'une beauté saisissante : Keito !
Très grand livre
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 15 mars 2016
Une beauté presque irréelle
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 28 octobre 2012
Magnifique roman d’une remarquable finesse et empreint d’une lumineuse beauté. Kawabata s’attarde à décrire le moindre détail de l’intimité des deux femmes raffinées que sont Otoko et Keiko contribuant ainsi à créer une atmosphère douce et toute féminine. Les descriptions de paysages, de monastères et de montagnes se reflétant dans des lacs aux eaux immobiles et limpides, les pluies d’automnes, la chute des feuilles, la rosée perlant à l’extrémité des aiguilles de pins rouges, les fleurs glissant doucement sur l’eau d’une rivière, la brillance de la peau moite d’une jeune fille, la perfection d’un visage, c’est l’univers que nous offre Kawabata dans ce roman lu doucement et savouré page après page. Un tel écrivain mérite tout mon respect et toute mon admiration car il a su créer avec sa plume une beauté presque irréelle.
« Le mont Arashi n’était pas le seul à avoir du charme sous la pluie de printemps. Le Temple des Mousses et le Ryôan-ji n’en étaient pas dépourvus non plus. Dans le jardin du Temple des Mousses un camélia rouge était tombé sur la mousse humide d’un vert éclatant, jonchée de petites andromèdes blanches. Le camélia tournait sa corolle vers le haut, comme s’il avait fleuri sur la mousse. Et, dans le jardin du Ryôan-ji, les pierres que la pluie avait mouillées miroitaient chacune à sa manière. »
Amours douloureux
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 21 octobre 2001
Des années plus tard, les anciennes blessures sont rouvertes par la visite de Oki à son ancienne maitresse. Celle-ci cependant vit maintenant avec une jeune beauté démoniaque, et qui est décidée à ne pas laisser le mal fait dans le passé impuni.
Kawabata évoque très bien la relation sensuelle et les jeux amoureux entre les différents protagonistes dans ce roman qui a un peu des allures de thriller.
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