Phenomenum, tome 1 : Opus 0
de Jérémie Kaminka (Scénario), Védrines (Dessin)

critiqué par Belial, le 6 mai 2006
(Anvers - 45 ans)


La note:  étoiles
Isolement
Yann n’est pas un jeune homme ordinaire : il a hérité d’un pouvoir supra normal lui permettant d’arrêter le temps, figer l’espace qui l’entoure, et agir comme bon lui semble. L’adolescent désoeuvré qu’il est s’en donne à cœur joie et ose toutes les folies : vol, sauvetage d’inconnus, etc. L’adulte qu’il devient paye les pots cassés : repéré par les services secrets du monde entier, le « phénomène » Yann est la cible de nombreuses organisations et vit une existence de fugitif, particulièrement difficile lorsque l’amour s’en mêle…
Phenomenum est une BD réellement intéressante. Si elle exploite un thème assez classique de la Science-Fiction et de la Physique, elle le fait avec brio. Ce premier tome est principalement une plongée dans la psychologie du personnage principal. Le pouvoir de Yann l’isole progressivement du reste de la société, qui le craint et le traque. Sans aller jusqu’à la métaphore xénophobe, ces planches illustrent assez bien le cloisonnement de nos vies dans les sociétés post-industrielles contemporaines. Cet isolement transforme un jeune homme gai, libre et ouvert en jeune adulte paranoïaque, craintif et méfiant envers l’autre. La narration reflète bien ce basculement. A part son thème intéressant, rien ne distingue vraiment cette bd de la masse, et si le trait et le coloriage sont soignés, c’est véritablement pour le scénario qu’il faut la lire.
Extrait : « L’amour n’est pas aveugle mais presbyte… on dirait qu’il ne commence à voir clair que lorsqu’il s’éloigne. »