Ces truands qui nous gouvernent : Ils nous ont volé l'Amérique, il est temps de la reprendre
de Jim Hightower

critiqué par Heyrike, le 9 mai 2006
(Eure - 57 ans)


La note:  étoiles
"La république a été dévorée de l'intérieur "
Jim Hightower fait parti du mouvement populiste américain. Mais avant d'aller plus en avant, il est important de préciser ce que représente le populisme dans la culture politique américaine. Car ce populisme là, n’a absolument rien à voir avec celui que nous connaissons trop bien sur notre vieux continent, ni avec les dérives extrémistes qui y sont associés. Le populisme sous nos latitudes renvoi aux harangueurs de tout poil qui, sous couvert de défense des droits des citoyens, s’érigent en meneurs du peuple. Prétendant connaître les moindres des difficultés auxquelles celui-ci est confronté, il clame qu'il pourfendra tous les maux, qui selon lui, font son malheur. Cet individu – rarement issu du peuple – schizophrène, démagogue, opportuniste, voire fasciste n’a comme ambition que l’accomplissement de son propre destin en manipulant celui du peuple dont il se réclame sans scrupule. Tout ce que n’est pas le populisme américain….

Le populisme américain est l’expression de revendications populaires portées par une pensée inductive (en opposition à la pensée déductive des partis politiques traditionnels) qui puise dans une réalité faite de souffrances physiques et morales endurées par un peuple toujours sur la brèche...mais prêt à se rebeller. Le mouvement populiste conteste le modèle capitaliste qui lamine inlassablement les bases de la démocratie et de la juste représentativité du peuple à la destinée de leur pays.

Conscient de l’ampleur de la tache, Hightower monte au créneau non pas pour prêcher la bonne parole, mais pour apporter des éléments de réflexions susceptibles de circonscrire la monter en puissance, mais pas forcément inéluctable, des forces – non représentatives de la population - du complexe militaro-industriel (dénoncé, en son temps, par Eisenhower peu avant la fin de son dernier mandat).

A travers de nombreux exemples, comme le titanic financier Enron (un désastre pour les salariés, pas pour les dirigeants bien sur), le système commercial hégémonique et répressif de Wal-Mart à travers tous les Etats-Unis ou encore le détournement des fonds publics vers les secteurs privés par l’équipe gouvernementale de George W. Bush (sous l’œil bienveillant de leurs amis démocrates), l’auteur dénonce la tentative de prise de contrôle de la nation américaine par une bande de brigands sans foi ni loi. Il souligne qu’il n’y pas de complot en tant que tel, mais bel et bien une convergence d’intérêts entre tous les acteurs des milieux industriels et politiques. Tout procède d'une volonté de pillage en règle des ressources de la nation américaine, et de surcroît du reste du monde, à seule fin d'assouvir leur soif d'argent et de puissance. George W. Bush, que l’auteur surnomme Siod Sed Nibor, est devenu de fait le roi des voleurs, mais lui il prend aux pauvres pour donner aux riches. Devenu président d’un état Kléptocrate, au sein d’un système assujetti aux nantis, Bush&Co s’occupe vaillamment à défendre les valeurs fondamentales et inaliénables de la bourse.

L’auteur, à l’instar de Michael Moore, emploi un ton caustique, il n’hésite pas jeter ses arguments vitriolés à la face des salauds qui ruine son pays. Il ne fait pas dans la dentelle, c’est le moins que l’on puisse dire, mais au moins cela a le mérite d’être direct et surtout très clair quant aux opinions qu’il défend. Oui, Hightower est un anticapitaliste par conviction et un ardent pro américain par conviction également. Il montre que la situation est grave pour l’avenir des Etats-Unis qui ont renié les principes fondamentaux de démocratie, de liberté et de justice, mais pas désespéré grâce notamment aux nombreux combats menés par ses concitoyens conscients que le respect de leurs droits sont inaliénables et qu'un avenir meilleur ne peut être que le fruit de leur résistance. Trop souvent j’entends les politiciens, les industriels et tous les représentants de l’élite martelés avec vigueur que le monde est ainsi fait (mondialisation, délocalisation, compétitivité, précarité, pauvreté, etc.), que personne n’y peut rien. Faux, archi faux. C’est eux qui en ont décidés ainsi, eux qui ont mis sur pied un système destiné uniquement à servir leurs ambitions primaire et égoïste. Là où des êtres inhumains et perfides œuvrent depuis des décennies pour nier les aspirations légitimes des masses populaires ; des individus intelligents, en quête de plus de justice et d’égalité de chance, sont tout à fait capables d’établir une société humaine cohérente et soucieuse des intérêts communs. Pour peu qu’ils puissent être véritablement impliqués dans les choix d’orientation de leur société, au lieu que cela soit fait en leur nom, alors même que leurs opinions ne sont pas entendues. Et c’est ce que réaffirme Hightower lorsqu'il relate les innombrables mouvements citoyens pour la défense de leurs droits.


Extrait :

Que représente le drapeau américain ?
Charlotte Aldebron – 12 ans - avril 2002 (essai pour un concours organisé en classe de 6éme)

" Le drapeau américain représente le fait que le tissu puisse être important. C'est contraire à la loi que de le laisser toucher le sol ou de le laisser flotter quand il pleut. On doit traiter le drapeau avec respect. On peut se rendre de l'importance de ce tissu en le comparant à une personne, car il reçoit un meilleur traitement. Personne ne s'inquiète d'un SDF qui touche le sol. Une personne sans abri peut rester toute la nuit allongée sur le sol sans que quelqu'un ne le relève, ne le prenne dans ses bras ou ne lui offre un abri contre la pluie. Les écoliers doivent prêter serment de leur loyauté à ce bout de tissu chaque matin. Personne n'a à prêter serment pour la justice, l'égalité et la décence humaine. Personne ne doit promettre que les gens auront un salaire juste, ou assez de nourriture à manger, ou des médicaments qu'ils puissent se payer, ou une eau propre, ou un air libre de tout produit chimique dangereux. Cependant nous devons tous promettre notre amour à un rectangle de rayures bleues, rouges et blanches. Betsy Ross serait assez surprise de voir quel succès a obtenu sa création. Mais Thomas Jefferson serait déçu de voie combien il reste peu du vrai sens de ce drapeau" Est ce que Charlotte a gagné la compétition ? Pas exactement. Son professeur l'a traitée d'antipatriotique. Mais elle a gagné le respect de soi-même et de beaucoup d'autres, qui ont pris connaissance de l'essai quand sa mère la envoyé sur le site internet www.commondreams.org. Ce qui a attiré 50000 visiteurs la première semaine. A une époque où toute l'administration nous bourrait le crâne avec un patriotisme à genoux, Charlotte a touché le nerf à des gens à travers le monde. […] Elle a été contactée par des juristes, des officiers militaires, des grands-mères, des adolescents, des sans abris, et tant d'autres, qui ont créé un réseau de soutien. […] Comme sa mère me l'a dit "La chose la plus formidable dans l'essai de Charlotte, c'est la réponse qu'elle a suscitée. Il y a clairement un réservoir énorme de mécontentement public par rapport à la direction dans laquelle notre gouvernement nous dirige - malgré ce que disent les sondeurs – et ce mécontentement traverse le spectre politique, économique et social"

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Dans un entretien accordé au magazine Lire en octobre 2004, Russell Banks déclarait : "Si les républicains gagnent les élections, ils auront réussi à faire main basse sur la république et à la remplacer par un État ploutocratique fasciste qui risque fort de durer jusqu'à ce qu'il y ait une deuxième révolution. Le processus consistant à remplacer la république par une ploutocratie fasciste est à l'œuvre depuis longtemps, au moins depuis les années 1960 avec la montée en puissance du complexe militaro-industriel, montée que le président Eisenhower a dénoncé au moment où il quittait le pouvoir. Mais avec les deux gouvernements Reagan des années 1980, avec ensuite le premier gouvernement Bush et l'accord tacite des gouvernements Clinton, le processus s'est accéléré. Après avoir volé l'élection de 2000, puis en profitant d'un Congrès couché, d'une Cour suprême politisée et de médias «embarqués» fonctionnant comme une défense antiaérienne au service de son administration, George W. Bush est devenu notre petit César. Si, avec ses cohortes, il réussit à voler l'élection de 2004, il utilisera une guerre constante contre le terrorisme pour assurer la mainmise permanente des grandes corporations sur la politique intérieure et extérieure, suspendre les libertés civiques et accroître l'expansion impériale à l'étranger. Une victoire de John Kerry, cependant, ne renverserait pas le processus. Elle ne ferait que lui conférer un aspect plus bénin, une mise en œuvre plus nuancée et une présentation moins grossière. Il se peut qu'il soit trop tard pour faire machine arrière. La république a été dévorée de l'intérieur."