Elles se rendent pas compte
de Boris Vian

critiqué par Voie Lactée, le 7 juillet 2001
(Annecy - 62 ans)


La note:  étoiles
Pour les soirs de déprime
Francis Deacon, beau gosse américain de 25 ans, un peu misogyne, voire beaucoup, va se mêler d’une affaire de drogue dans laquelle trempe l'une de ses amies, la belle Gaya, par la faute de qui tout arrive.
Face à des individus qui en veulent à sa vie, il va solliciter son frère - moins misogyne - et ils vont mener une enquête tambour battant, déguisés en femmes car d’après lui « cela » passe inaperçu et personne ne s'en méfie.
Ils vont ainsi à l'aventure et vont « morfler » - pour reprendre le vocabulaire de Vian - et les autres aussi.
Il s'agit, vous l’aurez compris, d'une parodie policière comique, délicieusement écrite au second degré par un Vian totalement méconnu qui, à l’origine et peut-être pour rester au second degré, l’a écrit sous le nom de Vernon Sullivan.
Toutefois, le roman a été publié et probablement écrit en 1953, période peu propice pour des écrits de cette nature, surtout que certains passages pourraient être odieux s'il ne s'agissait pas d’une parodie. Le pseudonyme américain était peut-être aussi le moyen de publier sans difficulté. A cette époque, on pensait les Américains susceptibles de tous les excès mais on leur pardonnait car on les croyait à tort peu cultivés.
Pour ma part, j’aime beaucoup ce roman parce que ce n’est qu'un pur exercice de style sans prétention et sans intérêt autre que d’être dégusté, en une fois, les soirs de déprime masculine.
Morphine , lesbiennes et travestis 7 étoiles

"Elles se rendent pas compte " dénote un peu dans l'œuvre du grand Boris Vian , pas de métaphore, sans prétention , ce livre est à prendre pour ce qu'il est ...un roman noir (pseudo) américain comme en traduisait parfois l'auteur.
Plein d'humour , parfois très misogyne , rédigé avec une pointe d'argot , ce texte m'a parfois donné l'impression d'être dans un San Antonio de l'ancienne génération (à mon avis la meilleure) qui aurait rencontré "Certains l'aiment chaud"
Certainement pas le plus connu , encore moins le plus réussi , ce texte est toutefois à lire pour connaitre les multiples facettes de cet auteur génial.

Ndeprez - - 48 ans - 17 novembre 2014


des hommes et des souris... (pardon !!!) 10 étoiles

Washington, années 50. Francis Deacon est très occupé à mettre les faux seins en plastique empruntés à sa maman : ce soir, son amie d'enfance, Gaya, fête ses 17 ans et son entrée dans le monde à l'occasion d'un bal costumé. A maline, malin et demi, Francis, Frances je veux dire, est bien décidé(e) à tirer son épingle du jeu en devenant la plus belle souris de la fête.
Oui mais voilà, Gaya annonce son intention de se marier avec un certain Richard, qui se met du maquillage sur le visage, alors qu'il est le seul de la soirée à ne pas être déguisé. C'est peut-être suite à cette annonce qu'elle a envie de se faire une petite piqûre dans sa chambre, alors que la fête n'est pas terminée ?
Quoiqu'il en soit, Francis décide de mener l'enquête, et quand il s'avère que c'est un clan de gouines et de tapettes qui revend sa came à Gaya, il appelle son frère Richard à la rescousse. Non mais, elles se rendent pas compte, les souris, mais ils auront besoin d'être deux pour remettre tout ce petit monde-là dans le droit chemin !

"Elles se rendent pas compte" est le quatrième roman publié par Vernon Sullivan.
Pastiche du roman noir américain (même s'il commence avec des histoires de fesses dans la haute société américaine), ce livre est à prendre au quatrième voire cinquième degré. Avant toute chose, je souhaiterai dire aux âmes sensibles de s'abstenir : sexe, drogue, violence, homophobie et humour sont au rendez-vous !! Personnellement, ce mélange de :
- machisme : "Sûr qu'elle n'entend rien à la mécanique, y a pas une souris qui y comprenne quoi que ce soit, elles confondent l'admission avec l'échappement et prennent les bougies pour un éclairage de secours"
- homophobie : "Si une seule des bonnes femmes qui sont ici a jamais couché avec un homme, alors moi je suis une méduse ; et si ces gars-là taquinent le sexe opposé, Washington vendait du popcorn. Des gouines et des tatas, voilà le public…"
- mauvais goût : "Au fond, je suis sûr que ce qui lui a manqué, c'est un paternel qui lui file la trempe de temps en temps". Et encore, je ne dirais rien sur l'origine supposée et le moyen de remettre sur le droit chemin les lesbiennes croisées sur le chemin des deux héros…
me fait hurler de rire (ben oui, on ne peut pas n'avoir tout le temps que des lectures à la fois intelligentes et de bon goût ! non !)
Bref, tout ça, c'est juste horrible et ignoble au premier degré, mais ça me fait éclater de rire tous les deux paragraphes à peu près, et ça, c'est quand je suis en petite forme. Le début est un peu comparable, dans l'écriture, à "Et on tuera tous les affreux", avec un humour potache assez irrésistible et les effets de style à la Vian ("je me réveille un beau matin de printemps, en plein mois de juillet, et ceci n'est pas si invraisemblable que ça en a l'air, car le printemps est aussi une qualité et il n'y a pas de raison pour qu'un jour de printemps ne prenne pas place à n'importe quel moment de l'année." Puisqu'il vous le dit !). Puis le récit monte vite en tension et en action, le vocabulaire et l'écriture baissent de façon proportionnelle, avec çà et là des pauses sensuelles désopilantes, et un grand final qui, pour le coup, tombe dans le noir très noir plus vraiment drôle, excepté par son orgie… de violence (ouf !).
En tout cas, moi, quand j'ai le blues (pas le "blouse du dentiste", chanson d'un certain Boris Vian), je m'installe confortablement, je me sers un petit verre, et je passe deux heures avec "Elles se rendent pas compte". Et c'est très efficace !!

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 49 ans - 18 juillet 2014


Ou comment passer un bon moment 8 étoiles

C'est un cas rare pour moi que cette totale opposition de style entre les deux facettes de l'écrivain. Le gentil, qui remplit ses livres de jolies métaphores, incarné par Boris Vian et son côté plus dérangeant en la personne de Vernon Sullivan.
Si on peut faire quelques rapprochements stylistiques, les thèmes et procédés utilisés sont tout de même différents et une telle capacité d'oubli d'un des deux styles m'impressionne.

Concernant le roman à proprement parler rien à redire, juste un peu court à mon goût. L'humour parodique présent à chaque page nous fait passer un très bon moment, certaines situations sont très bien trouvées et s'enchainent sans que l'on ne se rende compte de l'absurdité de certaines scènes.

Rafiki - Paris - 33 ans - 1 mars 2012


Un des moins connus 7 étoiles

Petit roman très peu connu de Boris Vian, aux allures de polar noir, très noir, et qui ne rentre pas dans la catégorie de l’absurde.

J’ai donc eu avec grand plaisir la surprise d’un livre de Vian qui était pour une fois (presque) pas tiré par les cheveux. Modérément dirons nous.

Le récit est à la première personne du singulier et le langage de plus en plus bâclé. Enfin, c’est l’effet souhaité et donné par l’écrivain. Au fur et à mesure que le personnage principal, un homme de la vingtaine, rentre dans son histoire, est submergé par les émotions, et réalise la complexité et la folie de ce qui lui est arrivé, que le style devient de plus en plus simpliste, le vocabulaire de moins en moins recherché, voire de plus en plus vulgaire.

Cet homme tente de sauver son amie d’enfance de 17 ans, tombée dans la drogue, entrainée par un gang de gays et lesbiennes (on dirait presque la mafia).

C’est une véritable course poursuite entre lui et son frère et cette bande d’originaux, assassins et sans pitié. Les scènes sont souvent violentes, qu’elles illustrent des bagarres ou des baiseries. Le ton est volontairement cru et sans laisser entrevoir d’espoir.
C’est agréable de lire enfin avec autant de facilité une œuvre de Boris Vian, où les femmes ont encore une fois toute leur place (la tête du gang est une femme). On ne se rend même pas compte que l’on est au milieu du XXème siècle, et l’on n'a pas pour une fois à trier quels détails sont à retenir, puisque Vian en vient directement à l’essentiel.

Elya - Savoie - 34 ans - 1 septembre 2009


Arnaques, crimes et plaisir physique 8 étoiles

Nous voici devant un court polar facile à lire où l'humour noir, le sexe et la violence sont les principaux ingrédients et dont l'intrigue se déroule dans la communauté homosexuelle. Le rythme du récit est effréné, le langage endiablé et excessif, l'univers totalement loufoque. Ce roman est un régal de mauvaise foi et de vulgarité... mais tant que c'est pour la bonne cause! Volontairement provoquant et résolument misogyne, "elles se rendent pas compte" dépeint les lesbiennes comme des insatisfaites frustrées qui n'ont en fait besoin que d'une chose: un homme, un vrai avec ses attributs virils. De gré ou de force, elles finiront bien par s'en rendre compte...

Cyrus - Courbevoie - 47 ans - 28 janvier 2009


Vernon Sullivan ou l'alter ego de Boris Vian 7 étoiles

Au travers de Vernon Sullivan, Boris Vian peut tout, même le premier degré. Je ne suis pas d'accord avec la critique de Voie Lactée pour dire que Vian a écrit au second degré. Il n'est que de connaître les écrits de Vian pour lui reconnaitre une écriture ludique et un sacré goût pour le mauvais ... goût.
N'a-t-il pas commis ce vers ?

"L'habit à la main"

Je ne partage pas l'avis de Jules non plus pour dire qu'en dehors de L'écume des jours, tout Vian relève de la littérature mineure. C'est oublier trop vite que le saxophoniste au souffle court appartenait au collège de pataphysique, ce qui n'est pas rien.
Rimbaud a écrit on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans. Selon moi, on n'est pas sérieux quand on prend la littérature au sérieux. Considérer un texte mineur parce qu'amusant et agréable à vivre, c'est un peu rapide.
Elles se rendent pas compte, Et on tuera tous les affreux... Vian, sous le couvert de Sullivan n'est pas à rejetter d'un revers de main.

Vda - - 49 ans - 20 janvier 2006


un vian comme on les aime 9 étoiles

un bouquin bourré d'humour noir, d'ironie... un Vian !"Malgré un départ dans un style vachement châtié, le naturel a repris le dessus" et on adore.....
un livre que j'ai beaucoup aimé... bien que j'en sois une (souris!). à lire en une soirée.

Rachel - grenoble - 46 ans - 28 février 2005


ouais bien 9 étoiles

oui oui c'est un chouette bouquin, beaucoup moins superficiel qu'il n'y parait, excellent!!!!!!!

Pétoman - Tournai - 49 ans - 8 octobre 2001


J'aime bien Vian 6 étoiles

A l'exception de "L'Ecume des jours" l'ensemble de ses petits romans sont sans grande consistance, mais cela allait bien pour l'époque. Ils étaient agréable à lire et ne manquaient pas d'humour. L'histoire se passait souvent en Amérique, mais la France était sous le charme du jazz, de Louis Armstrong et Sidney Bechet faisait des ravages. C'était l'air du temps... Quoi ?... J'apprends que les américains seraient cultivés ?... J'y ai travaillé plus de 12 ans et je ne m'en serais jamais rendu compte ?... A Dallas, j'admets, mais quand-même !... J'ai pris beaucoup d'avions intérieurs, je les ai rencontrés à Hong Kong, en Italie, en France ou ailleurs et je ne m'en suis jamais rendu compte !... J'ai du être sourd !... A New York, San Francisco, Chicago oui, mais ce n'est qu'une infime partie des Etats-Unis ! Pour le reste... Ils sont plutôt du genre
Georges W. Busch à se vanter de n'avoir jamais lu un seul livre en entier !...Bien sûr il y a des exceptions, mais elles ne sont que des exceptions !... Nous devons cependant à la vérité que cette habitude européenne de considérer qu'elle elle a de la culture est assez horripilante ! D'autant plus quand on écoute les discussions des gens dans les avions, les aéroport ou ailleurs... Est-ce que nous sommes vraiment meilleurs qu'eux ?... That is the question !... Une autre question: qui a encore le temps d'avoir de la culture ?...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 14 juillet 2001