Le complot contre l'Amérique de Philip Roth
( The plot against America)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Romans historiques , Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique
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La guerre que l’on ne fait pas.
Philip Roth s’éloigne sensiblement de son créneau habituel avec Le Complot contre l’Amérique, roman de politique-fiction, dans lequel il imagine que Charles Lindbergh - célèbre héros de l’aviation aux allégeances nazi - devient Président des États-Unis en 1940 à la place de Roosevelt, et signe un accord de non-agression avec Hitler.
Publié juste à point alors que l’Amérique se déchire sur des questions de guerre, le livre de Roth pose l’éternelle question : « Et si ça arrivait ici ? » Mais si le récit uchronique prend beaucoup d’espace, il s’agit surtout d’un voyage dans l’enfance du petit Philip, témoin des turbulences politiques et des conséquences de celles-ci sur sa famille.
Suite à la décision de Lindbergh, l’attrait de l’immobilisme en séduit beaucoup et même des notables juifs choisissent de supporter le président fasciste pour épargner la vie de jeunes soldats. À travers la lunette de cette communauté divisée, Roth visite des thèmes complexes avec une aisance remarquable. Que ce soit la haine, la guerre, la loyauté, la famille, tout est traité avec justesse et nuances, car il ne faut pas se fier à tout ce que l’on veut nous faire croire… Les choses ne sont pas toujours comme elle semble…
J’ai toujours eu des réserves face aux romans de Roth. Cette façon de se mettre au centre de ses histoires m’irritait et l’exploration des mêmes thèmes encore et encore, notamment le sexe, m’ennuyait. Ici, la description du climat de l’époque, les jeux de coulisses et les dialogues incisifs rendent la lecture passionnante.
On y croit. Les personnages sont solides comme du roc, le portrait du père intransigeant particulièrement, et malgré la fin abrupte, la densité du propos et l’intelligence de la prose d’un vétéran aguerri comme Roth laisse une trace indélébile. En somme, c’est absolument brillant.
(WHSmith literary award 2005)
Les éditions
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Le complot contre l'Amérique [Texte imprimé], roman Philip Roth traduit de l'anglais (États-Unis) par Josée Kamoun
de Roth, Philip Kamoun, Josée (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782070774678 ; 25,00 € ; 25/05/2006 ; 476 p. ; Broché -
Le complot contre l'Amérique [Texte imprimé] Philip Roth traduit de l'américain par Josée Kamoun
de Roth, Philip Kamoun, Josée (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070337903 ; 9,70 € ; 08/11/2007 ; 557 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (21)
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Le prequel de 1984
Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 30 juin 2021
J’avais jusqu'à présent toujours laissé ce titre de côté. Une uchronie de Roth, quel intérêt!
Quelle erreur !
Roth annonce par ce livre que la démocratie est fragile et que même le fascisme pourrait arriver par les urnes en Amérique… et quelques années après avoir écrit ce livre Trump arrive au pouvoir ! Roth voyait un héros de la nation profitant de sa renommée, ce fut un milliardaire arriviste star de la téléréalité. Comme quoi Roth espérait au moins un aventurier charismatique pour manipuler les masses, ce ne fut donc même pas cela.. Question d'époque sans doute. Certaines critiques parlent d'intrigue comme si nous avions affaire à un roman de gare, une distraction alors qu'il s'agit d'un manifeste visant à nous alerter sur les risques réels.
Cette uchronie qui utilise la figure de Lindberg sympathisant d'América First durant la seconde guerre mondiale pour démontrer comment de manière non frontale un pouvoir petit à petit peut monter une communauté contre une autre et instaurer un pouvoir autoritaire. En l’occurrence, compte tenu de l'époque de la fiction, la victime est le juif. Communauté qui se divisera, les uns collaborant pour démontrer leur intégration et donc limiter les actions hostiles, les autres se soulevant contre la discrimination. Les positions pouvant évoluer, en fonction des idéaux et du pragmatisme.
Le livre parle d'une nation mais surtout des individus, ses héros ordinaires et anonymes, des mères courages, des familles et des difficultés d'éduquer et de partager ses idéaux, des jeunes qui subissent les règles des adultes et leurs conséquences. Nous suivrons ainsi le destin de Philip le narrateur de Sandy, d'Alvin ou de Seldon.
Roth écrit une fin rassurante, faisant de son livre une parenthèse dans l'Histoire réelle tout comme la présidence de Trump le fut. Mais sommes-nous certain que cela ne sera qu'une parenthèse ou qu'ailleurs comme c'est le cas au Brésil ou en Hongrie d'autres parviennent au pouvoir avec des conséquences tout autres.
Bonne lecture
L’imagination au pouvoir
Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 18 février 2020
La manière dont l’auteur a réussi à intégrer son histoire (la sienne et celle de sa famille) et l’Histoire revisitée par lui-même pendant cette période plus que chahutée des années 40-42 aux Etats-Unis est d’une adresse et d’une richesse artistique incroyables. A plusieurs reprises, je me suis demandé si certains faits décrits avaient vraiment eu lieu ou si Roth me menait encore en bateau (en avion ?) ou pas. Sans vouloir faire de comparaison hasardeuse, plusieurs fois, j’ai pensé à Orson Welles lorsqu’il a lancé en 1938 une « Invasion des martiens » via une émission radiophonique sur la chaîne CBS et avait provoqué une certaine panique dans la population. Mais, c’est une toute autre « histoire » …
Malgré tout, pour le reste de l’oeuvre, à certains moments (notamment vers la fin du roman), j’ai également ressenti une certaine lassitude devant les digressions de l’auteur et certaines longueurs. Content de l’avoir lu tout de même.
Très alléchant, déception au final
Critique de Furaficfark (, Inscrit le 8 avril 2016, 37 ans) - 20 octobre 2016
Le 1er quart du livre se lit très bien, la situation est posée, le récit fluide.
Malheureusement la suite du livre est ennuyeuse, l'auteur s'égare à nous décrire des personnages qui n'ont que peu d'intérêt par rapport à l'intrigue principale. Le récit s'écarte de l'essentiel...
Assez déçu au final, malgré un résumé et une idée de base très intéressants.
L'art de la nuance.
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 12 décembre 2014
Il se met un peu moins en avant de la scène et son texte est plus fluide que certains de ses romans où je me suis carrément perdu.
L'histoire est absolument incroyable. C'est le récit d'une famille juive... le père, la mère et les deux garçons. Une version pleine de rêves et de cauchemars.
Qui était vraiment Charles Lindbergh ?
En posant la question à google la réponse est : Militant pour la paix.
Roth décline lui une autre version en plus de 400 pages.
Dans le post-scriptum, où l'auteur cite une chronologie des faits réels et un bref historique des principaux personnages, Lindbergh est décrit en 6 pages et son image n'est pas aussi noire que la version romancée.
Le monde de l'époque est comme celui d'aujourd'hui... il y a parfois l'espace d'un ongle entre le lâche et le héros
Belle idée, réalisation médiocre
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 10 septembre 2013
Contrairement aux autres critiques, je n'ai pas marché dans le parcours proposé. Il m'est apparu trop prévisible, trop évidemment calqué sur des évènements survenus ailleurs et utilisant tout ce qui a été écrit sur les mécanismes d'implantation du fascisme. On n'en apprend d'ailleurs guère plus sur les Etats-Unis, alors que d'autres oeuvres de Roth sont bien plus riches sur ce point (Portnoy, La tache, Un homme, par exemple). Comme, de plus, Roth est parfois terriblement bavard, l'ennui s'est vite installé malgré l'intérêt et la subtilité de l'intention. Désolé de cette profonde déception.
Menacant
Critique de Monde Vrai (Long Beach, Inscrit le 6 décembre 2011, - ans) - 31 janvier 2012
"' (...) membre de longue date de cette formidable majorité qui avait fait la guerre d'indépendance, fondé la nation, conquis la nature, subjugué l'Indien,asservi le Noir, émancipé le Noir, ségrégé le Noir... - tandis que mon père, bien sûr, n'était qu'un juif."
Prise de conscience...
Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 7 janvier 2011
Philip va assister, impuissant à la dégringolade des valeurs démocratiques de son pays, découvrir l’injustice, l’inégalité, la haine raciale, le mensonge, la manipulation, le complot. Il voit le bonheur de sa famille s’effilocher en lambeaux d’incertitudes. Il perd pied. Sommes-nous dans un conte philosophique… fourmillant de vérités et de réalités tout à coup mises à jour ? Sommes nous maintenant? De quelle information disposons-nous? Ce roman fait frémir car il met à jour ce qui est nié, éclaire ce qui est soigneusement caché.
Charles Lindbergh, pro-nazi, président des Etats-Unis, prêt à pactiser avec Hitler ? Au fil du livre, on se prend à considérer cette uchronie comme diachronie…. tant le talent de l’écrivain se fait fort de révéler les angoisses de millions de gens devant la création d’incidents,les arrestations arbitraires, les maléfices de l’argent, la chasse aux sorcières, les dérives du pouvoir.
On est si vite dans la persécution, si bien du côté persécuteur que du côté persécuté….et on entre dans la psychose, chaos et destructions inévitables à la clé. La théorie du complot éclate dans tous les sens…. La perte de confiance ébranle toute la construction démocratique. Ce chef-d’œuvre est tellement bien mené, dans une pléthore de données historiques véridiques, d’observations très fines de vie réelle … propagande, perte d’emploi, discrimination que la fiction devient réalité plausible!
Bien sûr, après coup, on se ressaisit: ce n’était qu’un mauvais rêve, surtout pas le rêve américain bien sûr… mais le cauchemar d’un état fondé sur l’autorité de la violence. Prise de conscience salutaire, à tout moment de l’histoire, quelle qu’elle soit!
Excellent !
Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 20 octobre 2010
et si....et si .
Critique de Pat (PARIS, Inscrit le 21 mars 2010, 60 ans) - 8 juin 2010
quelle aurait été la politique Américaine dans le conflit mondial ?
Une histoire fiction , vue à travers les yeux d'un jeune enfant juif de NEWARK , NEW-JERSEY , s'appelant Philip ROTH .
Un grand jeu de politique fiction
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 9 janvier 2010
Ce roman vaut aussi par les descriptions de la tension vécue par la famille de l'auteur. On a beau savoir que tout est inventé, Roth nous rend cela avec tant de réalisme qu'on croirait être assis au milieu de cette famille inquiète, lorsqu'elle entend les nouvelles radiophoniques, qui annoncent un quotidien sans cesse plus précaire pour les Juifs américains. Et puis, l'imbrication de cette histoire avec les faits réels est très bien orchestrée.
Un autre grand roman de Philip Roth.
L'autre possibilité
Critique de Manumanu55 (Bruxelles, Inscrit le 17 février 2005, 45 ans) - 9 octobre 2009
Mais l’idée de ce roman, les situations et l’évolution de ce pays qui a été si important dans la fin de cette guerre sont à ne pas rater.
Même le final est vraiment une belle surprise littéraire.
A lire !!!
Et si ...
Critique de Lejak (Metz, Inscrit le 24 septembre 2007, 50 ans) - 29 juillet 2009
le concept d'imaginer un nouvel avenir à notre passé n'est pas nouveau. Mais il fonctionne très bien dans ce livre, tant les thèmes abordés nous touchent si fortement 65 ans après le débarquement en Normandie ... Que serions nous devenus sans l'Amérique à nos côtés ? là n'est pas le thème central mais cette question résonne en nous à sa lecture.
Je ne reviendrai pas sur ce qui fait la qualité de cette fiction, déjà évoqué dans les autres critiques ... mais comme cela a déjà été dit, la fin gâche l'ensemble. C'est comme s'il n'avait pas su quoi faire de son idée ; bien développée mais comme devenue embarrassante au bout du compte. Tel un cheveu tombé dans la soupe, l'essai s'achève brutalement sur un accident coupant court à toute suite ; circulez, y'a plus rien à voir ... le temps reprend finalement sont cours.
Dommage, car je suis resté du coup sur ma faim/fin ...
Attention chef d'œuvre !
Critique de Denis Lafuente (Istres, Inscrit le 15 juillet 2008, 58 ans) - 3 août 2008
Des nazis chez les yankees ?
Critique de Ena (Le Gosier, Inscrit le 25 octobre 2004, 62 ans) - 16 juillet 2008
Il est difficile de ne pas faire le parallèle avec ce qu’ont pu vivre dans la réalité de nombreuses familles dans les années 30 en Allemagne. Cet aspect est particulièrement bien abordé et montre combien une famille est fragile et peut se retrouver dans une situation inextricable notamment lorsque les enfants sont les victimes de la propagande.
A noter que l’auteur a eu le bon goût d’ajouter à la fin du livre des biographies résumées pour tous les personnages qu’il a empruntés à la vraie histoire.
Mémoires imaginées.
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 4 février 2008
Et pourtant j’ai tout de suite été emporté par le talent de Roth qui réussit à rendre crédible cette uchronie. Son art de conter, sa façon, à nulle autre pareille, de nous faire pénétrer, comprendre et aimer le petit milieu juif de Newark des années quarante, cette habileté à utiliser des faits réels, des situations vraisemblables pour les mêler à des évènements qui relèvent de sa seule imagination sont réellement du très grand art. Et, qui plus est, Philip Roth a eu l’idée magique de nous faire voir ce monde, cette époque par les yeux d’un enfant qui lui ressemble.
Ce roman est empli de remarques très fines déjà évoquées par certains critiques. J’en relèverai une autre quand il parle de Franklin Roosevelt dont le « timbre de voix, plein de l’assurance propre à la grande bourgeoisie, permettait à des millions de familles ordinaires de garder espoir au milieu des épreuves ». En une phrase tout est dit du rapport de confiance qui doit exister dans une démocratie entre son chef et le peuple. Il dit, une fois encore et c’est une vraie constante chez Roth, l’amour qu’il porte à ses parents et la nostalgie du temps perdu de l’enfance.
Ce sont ces deux éléments, la fragilité de la démocratie et le regret de l’enfance, qui sont le secret de la réussite de ce roman. Bien que Philip Roth ait écrit dans un article pour le New York Times Book Review, en 2004, « D’aucuns voudront lire ce livre comme un roman à clés sur l’Amérique actuelle. Ils auront tort », « Le complot contre l’Amérique », s’il est d’abord un éloge de la démocratie américaine rooseveltienne, est aussi un avertissement : non, la démocratie n’est pas un avantage acquis et il faut la défendre constamment. Et c’est pour cela que ce qui me paraissait initialement comme un exercice un peu vain est en fait un livre nécessaire.
En revanche, la fin me semble « ratée ». Roth aurait du s’arrêter à la page 432 (édition Folio) juste avant d’ouvrir les archives du journal Newsreel. En effet la suite ne m’a pas paru vraiment crédible et je l’ai trouvée sans réel intérêt. C’est un peu du grand guignol politique qui altère le goût subtil de l’ensemble. Le dernier chapitre, « la peur perpétuelle », n’apporte rien de plus que quelques lignes de la page 360 : « Mais jamais je ne recouvrerais ce sentiment de sécurité inébranlé qu’un enfant éprouve dans une grande république protectrice, entre des parents farouchement responsables ». Cette fin, peut-être enrichie d’une ou deux pages, aurait eu le charme poétique d’une fable qui s’achève en rêverie, cette rêverie qui est l’apanage des enfants…et des grands écrivains.
Mais néanmoins, malgré cette réserve : chapeau, l’artiste.
L'écriture, l'imagination, l'art d'un écrivain
Critique de Vda (, Inscrite le 11 janvier 2006, 49 ans) - 26 janvier 2008
Roth joue admirablement du contre-pied. Le complot contre l’Amérique, on pense en premier lieu qu’il entend par là un mouvement initié par des Américains pour contrecarrer Linbergh et renverser son gouvernement isolationniste. Au fil des chapitres, plusieurs groupes se voient investi du rôle de « comploteur » sans qu’aucun complot ne se révèle avec certitude. Ce que révèle ainsi Philip Roth est l’opportunisme de l’être humain, accueillant favorablement les mensonges et les illusions qui rassurent, d’autant plus volontiers qu’elles nous embellissent. La liberté n’est pas seulement une notion philosophique sur laquelle débattre, elle est – avec la bonté – très concrète, et fragile.
Chapeau à la traductrice, la phrase de Roth n'a pas l'air évidente.
bon roman, mais manquant un peu de liant
Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 25 juin 2007
Je regretterai juste la fin du roman, assez improbable et pour moi peu crédible.
Reste qu'il s'agit d'un bon roman, qui pose de bonnes questions, mais il me laisse un petit goût de trop peu.
Pourquoi être complaisant avec Ph. Roth ?
Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 13 décembre 2006
De plus, on est plongé dans le milieu petit-juif dont on pourrait penser qu'il représente une large majorité de la population. L'attrait de certains Américains pour les thèses nazis à cette période est une réalité mais dépassait largement le problème juif.
Bref, j'ai été très déçu de la production de l'auteur de "Good bye Colombus". Pourra-t-il se reprendre ?
T. Le Maréchal
Un brillant cauchemar historique
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 9 juillet 2006
La famille Roth est fortement secouée par ce mandat tonitruant, le cousin de Philip s'engage au sein des troupes canadiennes, pour soutenir les alliés, et en revient avec une moitié de jambe en moins, son frère se rapproche de Lindberg, ainsi que sa tante qui se marie avec un rabbin qui est le grand conseiller du Président controversé, et qui a participé à sa campagne.
Il est exposé de manière brillante, comme à l'habitude de l'auteur, la sociologie des Etats-Unis de son enfance, des suspicions et des rancunes, comme le rappelle si bien Jules. Ce scénario-catastrophe fait écho au Patriot Act. Les risques de l'histoire se répètent, avec le pire en ligne de mire.
Certes, comme il est indiqué dans la critique principale, l'auteur se met toujours en avant dans ses romans, mais, comme cela s'inscrit toujours dans un contexte socio-politique exposé de manière passionnante, ça passe, à la manière de Woody Allen. Il parle aussi de sexe, c'est vrai, mais ça n'en est presque pas le cas dans ce roman.
Ce roman d'histoire politique-fiction est très prenant et se lit d'une traite, malgré un volume assez ample. C'est mon genre de littérature ; c'est aussi une question de goût, en tout cas de prédisposition.
Une fiction ultra-réaliste
Critique de Natalina (Mulhouse, Inscrite le 7 juin 2006, 52 ans) - 26 juin 2006
Le point fort de ce roman, c'est de nous entrainer totalement dans une autre Histoire, à laquelle on finirait presque par croire. C'est que l'on ignore où commence l'imaginaire et où s'arrêtent les faits réels, car les souvenirs d'enfance ont le goût du réel, tout autant que ces évènements historiques plein de détails si précis qu'ils ne peuvent qu'être vrais. D'emblée, Philip Roth gomme volontairement cette séparation réalité - imaginaire d'une simple phrase : "Aurais-je été aussi craintif si nous n'avions pas eu Lindbergh pour président [...] ?". Et dans cet oppressant tourbillon de peur où il nous entraine sans ménagement, il semble vouloir nous rappeler que nous ne sommes jamais à l'abri du pire, qu'au contraire, le pire est peut-être déjà en marche ... puisqu'il faut un prétexte passé et faussé pour le dénoncer.
Un drame historique qui oblige cet enfant à mûrir très vite, trop même : "Et je vis que l'amertume aveugle l'homme et l'avilit", "Je n'avais jamais aussi bien compris à quel point la vanité éhontée des imbéciles peut faire le malheur d'autrui". Des propos âpres dans la bouche d'un enfant ... En résumé, j'ai beaucoup aimé ce roman, mais face à toute cette oppression aux couleurs du réel, j'ai eu envie, peu avant la fin, de dire STOP, c'est assez, bien trop pour un enfant ... et même pour un adulte.
Oui, c'est brillant ! Une fois de plus...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 13 juin 2006
L'idée de départ est excellente et l'auteur est crédible quand il nous montre que les choses pourraient basculer, même dans un pays comme l'Amérique. Les Américains n'ont-ils pas accepté de grandes restrictions de leurs libertés constitutionnelles par le "Patriot Act" suite au 11 septembre ?... A mes yeux d'ailleurs Bush a fait de son pays un état religieux et crispé sur lui-même et sur ses intérêts directs.
Je ne vais pas refaire un résumé car celui qui est fait est très bon. Je me suis cependant, à un certain moment, demandé comment Roth allait sortir des schémas qu'il avait créé.
Son entourloupette n'est pas mal réussie du tout, il fallait bien en trouver une, bien qu'elle ne soit pas totalement crédible.
Je ne peux pas vous la dévoiler mais je peux vous donner mon sentiment à ce sujet. Il n'empêche que tout est bien ficelé dans cette histoire et nous voyons ce pays virer vers la dictature avec effarement. Et cela d'autant plus que c'est un peu le cas aujourd'hui.
On ne m'ôtera pas de l'idée que c'est ce que Roth a d'ailleurs voulu montrer: un pays d'extrème droite tourné vers lui-même, fermé aux autres sous prétexte d'un danger extériieur.
Pour le reste il lui était facile de faire à nouveau des Juifs les boucs émissaires.
Et, à mon avis, cela semble d'autant plus injuste à l'époque qu'il décrit, vu que l'Etat d'Israël n'existe pas encore. En effet, depuis, nous voyons bien que si les Juifs américains sont bien américains, ils ont aussi toujours un oeil sur Israël et ils influencent indiscutablement le pays dans ce sens quant à sa politique étrangère. Nier cela serait nier une réalité !
Israël peut impunément violer n'importe quelle décision de l'ONU alors que cela n'est vraiment pas le cas de ses adversaires ! C'est le bouclier américain qui le lui permet.
Mais Roth décrit à merveille la tension qui s'empare des communautés juives au moment où ils vivent les situations imaginées dans son livre. En effet, les réactions sont diverses et nous pouvons comprendre ces différences.
Quelques idées forces défendues par l'auteur:
- Le rouleau compresseur américain fait que le jeune Philip a raison quand il dit: "Tous les matins, à l'école, c'était au drapeau de cette patrie là (l'américaine) que je prêtais serment." Et il parle là des vieux qui venaient recueillir de l'argent pour un futur état d'Israël. "Nous avions déjà une patrie depuis trois générations" dit-il.
- Apprenant ce que l'on fait aux Juifs en Allemagne, il nous parle de l'investiture de Lindbergh comme candidat républicain et dit "... ce fut le premier coup de boutoir contre l'immense capital de sécurité personnelle que j'avais tenu pour acquis, moi, l'enfant de parents américains, qui fréquentais l'école américaine d'une ville américaine, dans une Amérique en paix avec le monde."
- Il insiste même sur le fait que les Irlandais, les Allemands ou les Italiens américains avaient bien plus de raisons de se sentir concernés par ce qui se passait en Europe que les Juifs "brutalement renvoyés qu'ils sont au misérable combat dont ils croyaient leur famille libérée par l'émigration providentielle de la génération précédente."
Mais le petit Philip va aussi découvrir bien d'autres choses, à commencer par l'imprévu. Il voit son père pleurer le soir de l'élection de Lindbergh et celui-ci "... pleurait la bouche grande ouverte, comme un bébé qu'on abandonne, comme un adulte qu'on torture, parce qu'il n'avait pas le pouvoir de faire échec à l'imprévu."
Il y aura aussi l'insécurité qui va grandir au point de devenir une constante et amènera aussi à faire en sorte que des familles unies, comme la sienne, vont se déchirer.
Il y en a bien d'autres encore, mais restons-en là. Ceci est déjà bien assez long.
Je voudrais simplement encore dire, qu'une fois de plus, Philip Roth nous donne un très grand livre qui sera une clef importante de son oeuvre.
Et n'oublions pas qu'aucune de nos démocraties ne sont jamais totalement à l'abri d'une résurgence d'un pouvoir autoritaire.
Il écrit à merveille et sait aussi manier l'humour, même noir, quand il le faut.
Oui, cela mérite cinq étoiles !
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FORMIDABLE ! | 5 | Rabouki | 10 août 2006 @ 22:04 |