Mémoires de la mer : Cinq siècles de trésors et d'aventures
de Collectif, Sophie de Sivry (Edition)

critiqué par Bolcho, le 18 mai 2006
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
Avisos, barques, canoës, dunettes, esquifs, felouques, gréments, haubans…je vous laisse continuer
Un grand nombre de textes courts (deux ou trois pages souvent) centrés sur l’histoire maritime, essentiellement française. Une mine d’informations qui pourra intéresser les passionnés de la mer, même ceux qui, comme moi, ont fait leurs plus grandes traversées dans leur baignoire, ou peut s’en faut.
Quelques exemples.
Celui de cette première tentative de colonisation française en Floride (1562) qui se termine dans un bain de sang et qui, au passage, verra quelques survivants fabriquer eux-mêmes un rafiot avec lequel ils prétendent rentrer en France. La famine les force à tirer à la courte paille celui d’entre eux qu’ils vont manger. Oui, comme dans la chanson…
Ou bien ces chiffres sur les galériens. Parmi eux, au XVIIe siècle, il y a un tiers d’esclaves (captifs musulmans razziés par des corsaires chrétiens – eh oui, dans ce sens là aussi – ou prisonniers de guerre). Et parmi les simples forçats 47% sont des déserteurs, 32% des droits communs (surtout voleurs de poules et pilleurs de troncs) et 17% des faux sauniers (contrebandiers de sel : faisait pas bon éluder l’impôt !) ;
Ou encore cette délicieuse note de Duplessis arrivant à Rio en 1700 et surpris par la liberté des mœurs qui règne, notamment chez les religieux : « Il n’en faut pas de meilleurs témoins que les maladies dont plusieurs sont attaqués et qu’on ne gagne point en disant son bréviaire ».
Enfin, dans la série je-dis-une-connerie-mais-je-ne-pouvais-pas-prévoir, James Cook après son voyage aux terres australes en 1778 : « Le danger qu’on court à reconnaître une côte dans ces mers inconnues et glacées est si grand que j’ose dire que personne ne se hasardera à aller plus loin que moi et que les terres qui peuvent être au sud ne seront jamais reconnues ».
Et puis, tiens, je vous mets un deuxième « enfin » parce que vous avez été sages : le premier paquebot géant est anglais, c’est le « Great Eastern ». Lorsqu’il est démantelé en 1889, on retrouve, murés dans la coque, les squelettes d’où ouvrier et de son apprenti coincés là trente ans plus tôt lors de la construction. Je vous laisse imaginer…
Bref, quelques étoiles (en mer, c’est toujours une compagnie) pour ceux qui aiment les horizons amers (même de loin). Pour les autres, il vaut mieux qu’ils passent au large…