Le livre des haïku (Edition bilingue français-anglais)
de Jack Kerouac

critiqué par MOPP, le 18 juin 2006
( - 88 ans)


La note:  étoiles
Beat Generation
Faut-il parler des haïkus de KEROUAC ?

Influencé par le bouddhisme, cet écrivain a proposé des haïku(s) originaux s'éloignant des normes de l'art japonais.

"Tout naît, puis tout meurt pour renaître et à nouveau..."

Nature précaire, éphémère, changement, métamorphoses, dédramatisation...loin de tout dualisme.

Certains diront : ce ne sont pas des haïkus. Personnellement j'aurais tendance à considérer ces POPS comme des ku-sen (cf. Daniel PY), c-à-d des haïku(s)-senryu(s), l'auteur s'intéressant aux maux de l'homme et n'hésitant pas à s'impliquer dans les tercets proposés.
On pourrait donc lui reprocher un manque de détachement.

D'abord remarquer que l'ESPRIT zen du haïku est respecté, mais l'écrivain use et abuse de la simplicité et de l'économie. Quant à moi, c'est justement cela que j'apprécie... Pour lui, la liberté et la surprise sont des atouts majeurs dans l'art d'écrire.

Je le cite :

"Le rêve de Dieu
c'est seulement
Un rêve"

Est-ce là un haïku ? J'en doute, mais son tercet est percutant.

" Tout ce que je vois est ce que
je vois -
Soleil couchant rouge feu"

Car, qu'est-ce que la vérité ? N'est-elle pas uniquement ce que nos sens peuvent appréhender ?

Et ce style :

" Je me fiche
de ce qu'est
l'ainsité "

KEROUAC aime aussi répéter une ligne avec une légère variation :

" Le papier rouge
ondule pour la brise
- la brise "

Je trouve que cette façon de faire ouvre le poème et c'est merveilleux, car un chacun peut y connecter son expérience personnelle.

En résumé : ce sont des haïku(s) américains, et c'est très bien ainsi.

A ne pas manquer. M.P.