L'exploitation
de Jane Smiley

critiqué par Xerinata, le 23 juin 2006
(Amiens - 67 ans)


La note:  étoiles
Tenir bon jusqu'à la page 291, après ça se dévore…
Difficile d'accrocher au début. On se dit "c'est un roman agricole ou quoi ?" Il n'y en a que pour les rendements à l'hectare, le bétail, les machines agricoles, les "harvestore"... Bon, on se laisse bercer par le rythme lent et laborieux de la vie rurale, par ces histoires de familles d'agriculteurs composées souvent de plusieurs générations vivant de la même terre et pour lesquelles "l'apparence" est l'essentiel.
Et tout à coup à la moitié du bouquin, alors qu'on est presque endormi, sans avertissement préalable, on doit faire face à une succession de révélations, d'évènements qui nous tombent dessus –en même temps que sur le personnage principal Ginny- de manière tellement inattendue qu'on ressent comme un électrochoc. On se demande même comment cette pauvre femme ne devient pas complètement folle à se prendre une telle succession de claques que ça en devient presque amusant.
"Beauté de l'écriture" oui, mais pas toujours très compréhensible l'écriture (ou alors c'est la traduction qui pèche ou alors c'est moi qui suis fatiguée…). Finalement ce n'est pas trop mal et je verrai volontiers le film qui en a été tiré '"Secrets" avec Michelle Pfeiffer et Jessica Lange.
L'Amérique des faucons 8 étoiles

Cette saga familiale c'est un peu le Dallas du maïs, l'histoire des pionniers qui ont créé de toutes pièces une vaste exploitation sur un marais inhospitalier et de leurs descendants qui veulent être dignes des pères fondateurs. La terre est le sanctuaire familial qu'il ne faut surtout pas partager au risque d'en diminuer la valeur et qu'il faut travailler en commun au prix d'une cohabitation parfois difficile et même totalement étouffante. La famille doit faire bloc pour faire vivre et développer l'exploitation en dévorant les autres par tous les moyens même les moins recommandables. Ce livre c'est l'histoire de l'Amérique profonde, de toutes ses intolérances, de ses intégrismes exacerbés de cette Amérique des faucons qui n'a rien compris au développement du monde et persiste à vivre avec les convictions des pionniers pour qui la force faisait souvent loi.

Débézed - Besançon - 77 ans - 26 février 2008