La Naine de Don Diego
de Carol Mann

critiqué par Sahkti, le 24 juin 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La véritable histoire des Ménines
Tout le monde connaît les Ménines de Diego Velasquez, peintre favori de Philippe IV d’Espagne. Tableau complexe, avec une subtile mise en scène de la lumière, la place de choix offerte à l’infante Marguerite tout en donnant à chaque autre personnage de la composition une place non dénuée de qualité. Mais qu’a bien voulu dire Velasquez à travers cette œuvre ?
Un peu à l’instar de "La jeune fille à la perle" de Tracy Chevalier, Carol Mann a décidé de donner la parole aux héroïnes du tableau. A elles de nous raconter la véritable histoire des ménines. La narratrice principale se prénomme Maribarbola, elle a un affreux visage mais un cœur d’ange, et nous raconte avec moult détails la vie et les coulisses de la Cour d’Espagne, les intrigues, les amours, les mensonges et les secrets.
Chaque naine prend la parole, raconte sa vie, ce qu’elle entend et voit. Ces informations, mises les unes à la suite des autres, donne un récit digne d’un excellent thriller. Le portrait de l’infante est très cruel, elle est décrite comme une véritable peste trop choyée par ses parents.
Au fil des pages, Velasquez se confie à son tour, confirmant ou niant les propos tenus par ses modèles, livrant sa propre expérience et expliquant qu’il ne se sentait pas en mesure de refuser la royale commande mais qu’il voulait tracer le véritable portrait de l’Espagne d’alors, moche et intrigante, aux mains de l’Inquisition et des conspirations de tout ordre.
C’est un récit bien emballé et très plaisant, tout autant que celui de Tracy Chevalier. Beaucoup d’acuité humaine dans les propos de Carol Mann, elle va au fond des âmes tout en douceur et en subtilité.