Journal intime
de Chuck Palahniuk

critiqué par Queenie, le 1 juillet 2006
( - 44 ans)


La note:  étoiles
Une spirale malsaine
Misty vit dans l'île de Waytansea. Peintre, elle rencontre Peter à l'école des beaux arts. Tous deux rêvent de pouvoir vivre de leur art à New York lorsque le père de Peter meurt. Ils vont alors sur Waytansea pour assister à la crémation, régler les papiers et s'occuper de la mère de Peter, Grace.
Quelques années plus tard, Misty est serveuse dans le restaurant de l'hôtel de l'île, Peter est dans le coma après avoir tenté de se suicider, la famille a perdu gloire et fortune et l'île est devenue une geôle d'amertume et de rancoeur. Evidemment Misty ne peint plus. Elle travaille pour nourrir sa fille et sa belle-mère.
Depuis quelques semaines les estivants reviennent dans leurs maisons pour les vacances. Maisons où Peter, chargé de quelques réparations, a cloisonné des parties des maisons et y a graffé des textes plein de haine envers sa femme, les vacanciers, les gens de l'île. Des messages d'apocalypse.

La trame de ce roman est incroyable (Avec les airs bien malsains de Rosemary's baby). Ecrit sous forme de journal intime que Misty écrirait à l'adresse de Peter pour le jour où il se réveillerait, on suit avec elle, jour après jour, les mutations de l'île, ses propres changements, le comportement étrangement manipulateur de sa belle-mère, les prédications.

Chuck Palahniuk décrit l'enfermement, la dépression, l'alcoolisme avec violence, mélancolie, le sadisme, les questions de l'inspiration artistique dans la souffrance. Une telle noirceur et un tel défaitisme émanent de ce livre qu'il faut être bien accroché avant de le lire, ou alors ne pas être totalement convaincue par le style de Palahniuk... comme je l'ai été.

Lorsque je parle de ce livre, de son histoire, des personnages, du message qu'il véhicule, je ne peux qu'être positive et je suis un peu frustrée de constater que Journal Intime ne m'a pas convaincue comme il aurait dû.
Peut-être est-ce dû à l'écriture toujours un poil distancié, comme cherchant à se protéger de ses propres mots, à la nébuleuse fantasmagorique autour de Misty.

On retrouve des thèmes très forts, présent dans le très célèbre Fight Club, roman de Palahniuk adapté au cinéma, des thèmes qui ne peuvent laisser indifférent : la fatalité, la manipulation, la domination de la société de consommation, notre vie en plage publicitaire, la rébellion semi adolescente désespérée, la violence des hommes entre eux.

Il paraît que les romans de Palahniuk, on les aime ou on les déteste, et bien moi je vais être entre les deux. Il y a quelque chose là-dessous, comme derrière les parois de plaquo que laisse Peter derrière lui, quelque chose de fort, de terrible, mais qui ne m'a pas transportée...

Extrait :
"Forçant les doigts de ton épouse le long de chaque lettre, Angel murmure : "Dites-le."
Et Misty dit : "Non." Elle dit : "Ce ne sont que des mots sans queue ni tête."
Dirigeant les doigts de Misty enveloppés par les siens, Angel insiste, d'une bourrade de l'épaule, en expliquant : "Ce ne sont que des mots. Vous pouvez les prononcer."
Et Misty dit : "Ils sont malfaisants. Ils n'ont aucun sens."
Les mots : "... de vous massacrer tous que vous êtes comme autant d'offrandes, toutes les quatre générations..."
La peau chaude et serrée à l'entour de ses doigts à elle, il murmure : "Alors pour quelle raison êtes-vous venue les voir?"
Les mots : "... les jambes grasses de mon épouse sont nouées de varices..."
Les jambes grasses de ton épouse.
Angel murmure : "Pourquoi vous donner la peine de venir ?"
Parce que son cher et tendre stupide époux, il n'a pas laissé de petit mot pour expliquer son suicide.
Parce qu'il s'agit là d'une part de lui qu'elle n'avait jamais connue.
Parce qu'elle veut comprendre celui qu'il était. Elle veut découvrir ce qu'il s'est passé."
Le beurre sans l'argent (ou vive versa) 5 étoiles

"Ce que nous pensons n'est que bien souvent le fruit d'une culture obsolète ou bien souvent de fausses informations", disait Wahrol... Avec Palahniuk cette pensée trouve son apogée: même si nous ne sommes plus à l'époque de la Factory, cet écrivain américain semble tout à fait être la figure de proue du coté sombre de l'empire ainsi qu'incarner cette morale tordue ou corrompue, paienne, et en tout cas le fait est clair qu'on sent dans son oeuvre quelque chose d'acide sinon de terriblement refoulé qui fait presque peur. Peut-être le parfum d'un royaume en décadence de toute façon.

Bref le tout est très white trash, racoleur, avec des effets gratuits, sans être toujours politiquement correct mais le fait est que même si celui-là semble se complaire dans le glauque, on trouve de la vie dans sa prose et il faut bien dire que ce n'est pas toujours le cas - loin de là.

[A ne pas conseiller à un public non-averti.]

Monde Vrai - Long Beach - - ans - 26 février 2012


Journal noir 9 étoiles

Misty écrit son journal intime qui est lui même le corps de texte de ce livre. Misty est une ancienne artiste peintre qui, pour nourrir sa fille et sa belle mère, est serveuse dans l'unique hôtel d'une petite île soit disant paradisiaque.
Mais sur cette ile, de nombreux mystères sont à déclarer. En effet, son mari a tenté de se suicider et est depuis ce jour là dans le coma. Et avant de passer à l'acte, en rénovant plusieurs maisons de l'île, il a muré, à l'insu des estivants, des pièces pour y inscrire des messages de haine pour sa femme, les vacanciers ainsi que les résidents. Ces actes restent inexpliqués et Misty visite de nombreuses maisons dans l'espoir de comprendre pourquoi son mari a essayé de se suicider. Puis Misty rentre dans une spirale infernale qui ne finira que dans ce final étonnant et jouissif.
Ce roman est dark, malsain et même temps tellement extraordinaire. Il est dans l'ensemble fantastique et surtout la dernière moitié. J'ai adoré mais il faut éviter de le lire en étant dépressif!

POOKIES - MONTPELLIER - 47 ans - 22 juin 2011