Petit déjeuner chez Tiffany
de Truman Capote

critiqué par Feint, le 1 juillet 2006
( - 61 ans)


La note:  étoiles
Les êtres de rêve
Le chemin de l’être à nos yeux le plus commun – le nôtre – un jour croise celui de l’être qui l’est le moins. C’est à nos yeux encore, il n’y a rien à cela que de subjectif. Le narrateur de Petit déjeuner chez Tiffany, auteur débutant, est de si peu d’importance à ses propres yeux qu’on ignore même son prénom ; il ne sera nommé, durant la plus longue partie du récit, que du prénom Fred que lui donne sans son avis celle qui durant une période objectivement brève mais définitive à ses yeux est l’objet de toutes ses pensées : Holly Golightly. Laquelle non plus ne se nomme pas vraiment ainsi. La question de l’identité se pose dès lors que l’être est la source involontaire d’une telle fascination. C’est qu’à l’évidence Holly Golightly n’appartient pas au monde où nous vivons. Sa vie elle-même, objectivement plutôt sordide, n’est pas sa vie. Transcendance. Arbitrairement me vient l’idée de chercher en littérature d’autres personnages de même statut, statufiés à nos yeux par l’admiration sidérée d’un autre. Et je me réponds : Augustin Meaulnes. Plus en commun ont-ils ce me semble que les mondes apparents et si différents où ils évoluent en étrangers ne le laissent supposer. Aussi sont-ils voués à la disparition : une disparition annoncée. Etrangers parmi nous, c’est dans notre souvenir qu’ils trouvent enfin leur pays, celui des êtres de rêve.
Tiffany's au petit matin 9 étoiles

J'ai lu ce livre une bonne douzaine de fois ...

Un livre qui parle de choses apparemment futiles et qui est donc indispensable...

Holly a bel et bien existé, c'était une jeune allemande émigrée à New York dont Truman Capote était éperdument amoureux. Il l'a caché presque à tout le monde. Ce détail connu on comprend pourquoi ce livre prend aux tripes vraiment, au cœur, au cerveau, partout malgré son apparente légèreté.

Tous les hommes, et femmes parfois, ont une Holly dans leur souvenir, un amour perdu, faussement tranquille et désinvolte. Mais chut je n'en dirai pas plus, comme Holly quand on touche à l'intime je préfère me gratter le nez.

Le film a deux qualités, la plus belle chanson d'amour du cinéma, il est fidèle à la novella excepté la fin, happy ending un peu amer cependant ; et pour la scène du générique de début lorsque Holly, fatigué, descend d'un taxi armée d'un croissant et d'un café pour aller admirer les vitrines du célèbre joaillier de la cinquième Avenue car il n'y a que ça pour calmer son désespoir face au vide des apparences reines.

AmauryWatremez - Evreux - 55 ans - 17 décembre 2013


Indispensable inutile 6 étoiles

L'iniative, ainsi que l'optimisme modéré, est dixit Truman Capote, ce qui distingue les gens qui réussissent des simples wannabes et de tous les has-beens du monde entier. Peu de gens osent vraiment. Il s'y connaissait puisque comme chacun sait la plupart de ses livres et scénarios ont influencé une énorme part de l'americana, pendant qu'il a lui-même fréquenté toute sa vie tout le show-biz ainsi que ce remarquable excès du gratin, sans oublier d'ailleurs l'illustre Marilyn Monroe. En l'occurrence il nous relate donc avec Petit Déjeuner chez Tiffany une histoire de jeunesse à propos d'une de ses "conquêtes", une sorte d'aspirante-actrice aux très nombreux amis, aux très nombreux contacts avec beaucoup d'argent, mais qui toutefois n'a jamais figurée dans quelque oeuvre ou film puisque, ainsi que nombre de ses semblables d'Hollywood et tout comme Peg Entwhistle, elle a un beau jour subitement disparue. Le ton est doux-amer sinon tristounet, on sent parfois une certaine sincérité - peut-être était-il véritablement amoureux d'Holly Gollightly - d'autant plus que l'auteur d'Un plaisir trop bref a également vécu pour sa part une jeunesse tourmentée (Homosexuel, Capote a été longtemps toy boy et gigolo dans des bars louches de la Vème avenue alors qu'il était apprenti-écrivain) mais le fait est que comme il semble qu'il souhaite vouloir plaire à tout le monde dans son propos, le lecteur constatera davantage une tendance à remarquer l'accessoire conforme tout à fait indispensable, comme de toute façon l'inutile tout à fait nécessaire...bien que superfétatoire. Le diable est évidemment dans les détails.

Toutefois il est sûr que d'aucuns pourront certainement préférer, par exemple, le poignant In Cold Blood car si la mondanité professionnelle du fameux chroniqueur-scénariste affleure énormément au fil des chapitres, j'ai bien souvent eu l'impression de lire ce genre d'article un peu superficiel de Vanity Fair et ce sans parvenir de plus à quelque point sérieux que ce soit. Capote était désabusé sans doute; ambitieux sûrement, inintelligent ou petit arriviste non. Quoique il en restera sans doute une bonne nouvelle pour la nostalgie qu'elle contient.

Antihuman - Paris - 41 ans - 3 novembre 2012


Nouvelles 8 étoiles

Quatre nouvelles pour ce livre.
J'ai bien aimé les trois dernières, émouvantes.
Livre vite lu pour se faire une idée de l'écriture de Truman Capote.

Free_s4 - Dans le Sud-Ouest - 50 ans - 31 décembre 2011


Un petit bijou ! 9 étoiles

L'héroïne est une sorte de demi-mondaine, femme-enfant, aimant être sans cesse entourée des personnes les plus respectables de la ville, des hommes pour la plupart. Holly aime faire la fête mais ce qu'elle apprécie avant tout, c'est d'avoir sa «cour» autour d'elle, être adulée et sans cesse convoitée. Dans cet ouvrage, on fait la découverte du personnage de Holly à travers les souvenirs de son jeune voisin, le narrateur, et du barman Joe Bell. Tous deux ont bien connu Holly et se remémorent la vie de celle-ci, l'influence qu'elle a pu avoir sur eux. Cette dernière a en effet subitement disparu sans laisser de traces, sans que les deux hommes aient pu trouver une explication plausible. Holly était une femme pleine de rêves, qui se voyait mariée à un homme riche et brillant, qui passait une grande partie de ses journées à flâner devant la célèbre bijouterie Tiffany. Pourquoi Holly a-t-elle subitement disparu ? La vérité est peut-être plus noire que ce que l'on voudrait bien croire.
Roman absolument passionnant où l'on retrouve un Truman Capote toujours aussi brillantissime, plein d'humour. L'intrigue, bien qu'elle puisse paraître longue à démarrer est très bien menée et le lecteur ne s'en trouve que plus pris au dépourvu à la fin. À découvrir !

Blue_771 - - 69 ans - 8 décembre 2011


Bitter sweet symphony 9 étoiles

Truman Capote est un auteur qui a ce don de vous toucher profondément.
Ce roman est tout simplement magnifique, cet amour platonique du narrateur pour cette Holly Golightly est raconté avec tant de finesse. Capote décrit si bien cette fascination pour cette étrange créature, imprévisible, rayonnante et envoûtante en quelque sorte.
Les sentiments sont si bien exprimés au travers de ce livre teinté de mélancolie mais aussi de tendresse. On se met facilement à la place du narrateur (qui n'a jamais été fasciné par une femme?) et on se prend à imaginer cette holly, être libre et à la fois inaccessible.
Comme d'habitude avec cet auteur le style est parfait, jamais un mot de superflu, la lecture est plaisante, du grand art.
Pour ne pas gâcher notre plaisir, l'histoire principale est également agrémentée de trois autres nouvelles.

"Petit déjeuner chez Tiffany" fut mon premier roman de T.C, le premier pas vers la découverte d'un grand écrivain.

Sundernono - Nice - 41 ans - 1 avril 2011


Beau et, contrairement au film, non conventionnel 9 étoiles

Le narrateur se remémore une ancienne connaissance qui habitait dans le même logement que lui, Holly Golightly, une jeune excentrique un peu sauvage qui attirait les hommes comme des aimants.

L’adaptation cinématographique de Blake Edwards en 1961 est un petit bijou pour les fans d’Audrey Hepburn, iconique, mais totalement une oeuvre à part au livre.

J’avais une édition bilingue, mais j’ai lu la traduction française parce que je me sens plus confortable de lire en français. Ça m’a été utile d’avoir le texte original. J’ai souvent dû regarder le passage anglais pour comprendre la traduction, exemple dans « un enthousiasme soudain et an-Hollien pour la vie au foyer eut pour résultat plusieurs acquisitions an-Holliennes » avec « an-Hollien » en français pour « un-Holly-like » en anglais, j’aurais peut-être mieux compris avec « non-Hollien », enfin, c’était aussi bourré de mots d’argot français que je ne connaissais pas....

Ça ne m’a pas empêché d’avoir un bon moment de lecture et de savourer le texte. La prose est belle, même si c’est sûrement mieux dans l’original.

« Elle tenait toujours son chat. "Pauvre cloche, dit-elle en lui grattant la tête. Pauvre cloche sans nom. C'est un peu embêtant qu'il n'ait pas de nom, mais je n'ai pas le droit de lui en donner un, il faudra qu'il attende jusqu'à ce qu'il appartienne à quelqu'un. On s'est juste rencontrés un jour, près de la rivière, mais on n'appartient pas l'un à l'autre: il est indépendant et moi aussi. Je ne veux rien posséder jusqu'au jour où je saurai que j'ai trouvé l'endroit où je me sentirai vraiment chez moi. [...] Si je pouvais trouver dans la réalité un endroit qui me ferait le même effet que Tiffany, j'achèterais des meubles et je donnerais un nom au chat. »

Nance - - - ans - 8 août 2010


Une rencontre improbable 8 étoiles

Comment un être du jour et un être de la nuit peuvent-ils bien se rencontrer ? C’est ce que nous raconte l’histoire de Holly et ‘Fred’. Fred le calme et le tempéré, à la vie tranquille, et Holly le bel oiseau de nuit extravagant.
J’ai aimé l’antithèse de ces deux personnages qui semblent finalement ne pas pouvoir se passer l’un de l’autre. Holly, qui vit dans un autre monde, identifie cet homme à son frère Fred et lui donne d’emblée ce nom de substitution. Fred lui essaiera en vain d’attraper Holly mais restera impuissant face à cet esprit libre.
J’ai trouvé ce roman superbe et doux. Un roman qui questionne l’identité.

Clare Bear - Lyon - 41 ans - 30 avril 2010


Un livre de chevet... 10 étoiles

Petit-déjeuner chez Tiffany est un véritable chef-d'oeuvre! C'est un récit vivant, alerte, pétillant de malice, d'humour, d'espiéglerie... mais ce qui fait vraiment sa force, c'est avec l'habileté avec laquelle cet humour est soutenu, doublé d'une mélancolie diffuse et même quelquefois tout à fait perceptible, "éclatante" (voir les dernières pages)... Tout le talent de Capote est là, les larmes derrière le rire, la satire derrière la légèreté... Un véritable monument, qui montre bien que "l'humour, c'est la politesse du désespoir"...

Boba - - 37 ans - 24 octobre 2007


Délicieux 8 étoiles

Le deuxième livre de Capote que j'ai lu et qui m'a beaucoup plu, bien que pas autant que De sang-froid. Mais, Petit-déjeuner chez Tiffany, est un livre agréable, qui se lit très bien, les mots coulent tout seuls, comme c'est toujours le cas chez cet auteur.

Janiejones - Montmagny - 39 ans - 9 mai 2007


un roman magistral 9 étoiles

Après avoir lu le numéro du magasine littéraire consacré à Truman Capote, je me suis précipité sur "breakfast at tifanny" en édition bilingue.
C'est un roman court , précis, juste, sensible qui montre tout le génie de cet auteur.

évidemment, on pense à Marylin Monroe qui fut la muse de Capote et celle qu'il choisit pour incarner le rôle au cinéma.
malheureusement, le choix d'hollywood se porta sur Audrey Hepburn, et le scenario fut largement remanié pour correspondre au goût du public.

j'ai adoré la dernière phrase, lorsqu'il retrouve le chat... vous comprendrez en lisant ce chef d'oeuvre de la littérature américaine.

Prince jean - PARIS - 51 ans - 18 mars 2007


Quatre nouvelles 7 étoiles

Quatre nouvelles dans ce recueil, la principale et plus longue étant celle qui a donné le titre au recueil.
Holly Golightly est une étoile filante. Le genre de femmes qu’on cotoie sans les saisir réellement. Qui éblouissent, fascinent et qu’on ne comprend pas. D’un autre monde, extra-terrestre. C’est ce qu’est Holly Golightly pour Fred, jeune écrivain qui croit à tout sauf en son talent. Il va devenir fasciné par Holly, s’y brûlera un peu les ailes (pas trop), et perdra la trace de l’étoile filante depuis longtemps passée de l’autre côté de la Terre.
« - J’ai laissé en bas un type absolument terrifiant, me dit-elle, passant de l’échelle de secours dans ma chambre. Je veux dire qu’il est charmant quand il n’est pas saoûl, mais qu’il se mette à écluser, et vous parlez d’un sauvage ! S’il y a une chose que je déteste ce sont les types qui mordent ! » Elle écarta son peignoir de flanelle grise de son épaule pour me montrer ce qui arrive quand un type vous mord. Elle ne portait rien d’autre que ce vêtement. « Je suis navrée de vous avoir fait peur, mais quand cette brute a commencé à m’ennuyer, je suis tout simplement passée par la fenêtre. Il doit croire que je suis dans la salle de bains … »
Il y a donc des personnages extravagants, des situations tout aussi extravagantes, mais racontées par Truman Capote, et donc hautement sympathiques. Car il est persuasif Truman Capote, doué comme personne pour faire surgir devant vos yeux des décors, des situations, des personnages. Hypotypose.
Les trois autres nouvelles sont aussi des météores à leurs manières ; courtes et fulgurantes. Haïti, une prison américaine, l’Amérique profonde en sont les décors.
Un écrivain très cinématographique

Tistou - - 68 ans - 7 janvier 2007


Drôles de circonstances pour une rencontre 9 étoiles

J'ai trouvé cette oeuvre assez poétique : rien ne laissait prévoir cette rencontre, et chaque événement donne l'impression de surprise. Cette jeune femme est en tout point inattendue, à la fois inespérée et imprévisible. Le caractère un peu glauque de sa vie semble forgé, en partie par elle et par le hasard, mais le feint-elle toujours ?
Cette sorte de déification rappelle en effet le Grand Meaulnes, ce qui permet de sublimer, d'embellir une réalité qui ne le mériterait pas, ou pas toujours. Elle rend cette oeuvre très poétique et belle. Le film l'est tout autant, et le charme d'Audrey Hepburn ne gâche rien.

Veneziano - Paris - 47 ans - 2 juillet 2006