Je peux me tromper, mais je crois que Russel Banks, à un moment, a cru à fond au mythe du «Grand Roman Américain». Je crois qu’il s’est demandé un temps si ce n’était pas lui qui allait l’écrire. Et je crois que, pendant la période où cette hypothèse le travaillait, il a fait différents essais littéraires, essais de style et autres et que c’est pendant cette période qu’il a écrit «Hamilton Stark».
Dans ce livre, il tend à montrer qu’un personnage n’existe que dans le réseau des rapports qu’il a avec son histoire, celle de son groupe ethnique, de son microcosme, de sa géographie, de sa famille, de ses proches etc. Partant de ce principe, c’est selon ces différents angles que Banks va nous parler de Stark, tout comme il va nous apporter sur lui des données issues de différents modes de rédaction et de documentation. La tentative est intéressante, je ne le nie pas une seconde, mais on obtient ainsi un gros livre, assez opaque et difficile d’accès, qui demande un gros effort au lecteur. Inévitablement, le lecteur lambda que je suis en vient, au bout d’un moment, à se demander pourquoi il faudrait qu’il fournisse un tel effort alors qu’il en tire si peu de plaisir.
L’intelligentsia a dit beaucoup de bien d’«Hamilton Stark» (recherche rédactionnelle) et beaucoup de mal de «Sous le règne de Bone» ( récit trop classique)
Mais un roman est-il vraiment si parfait, si excellent, d’une si grande qualité, quand il perd la majeure partie de ses lecteurs avant la dernière page ?
Sibylline - Normandie - 74 ans - 2 janvier 2006 |