Excusez les fautes du copiste de Grégoire Polet
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Le ridicule du monde
Le narrateur est un homme solitairement seul. Un pléonasme de l’ « inviduation » involontaire de l’homme. Un peintre pour qui la réussite ne viendra pas atténuer la lourde responsabilité du choix d’un métier d’artiste. Non, dès le début de sa vie artistique, il ne sera qu’une ombre, un habitué de l’anonymat. Veuf à la naissance de sa fille, il assume, présume des besoins de l’enfant et modèle, sculpte sa carrière selon elle. En restaurant des tableaux de peintres renommés dont il manque subtilement la signature, en ravivant les couleurs. Puis, pourquoi pas, copier, officieusement, officiellement, légalement, illégalement, devenir un génie en la matière, surpasser par la simplicité de la copie la valeur de l’original.
Car n’est-elle pas ridicule cette folie passagère, cet engouement passionné pour une œuvre de maître qui se disloque dès qu’on la sait fausse, cette oeuvre ?
« Le vrai, le faux, ce sont des inventions commerciales, des plus values de marchands, des mensonges de maquignons, des arguments d’hypocrites. C’est une manière de créer des supériorités, de justifier des exclusions, d’exagérer des amours, d’exacerber des haines. Une manière de fonder le bonheur des uns sur le malheur des autres. Une raison de nier l’égalité, d’empêcher la fraternité, de miner la paix et de justifier les guerres. »
Extrait sans doute un peu grandiloquent, mais enthousiaste et engagé, certainement. Par le biais de cette aventure de copiste, c’est l’histoire d’une personnalité, dans son intimité artistique qui se décortique, non sans intérêt, mais avec néanmoins un côté un peu trop affecté, parfois. Le ton est apprêté, tracé au couteau, narratif et manque parfois d’un peu de couleur (sans mauvais jeu de mot).
Volonté de faire évoluer ce personnage qui se vide de ses angoisses et de ses inhibitions en vendant cet art qui lui est propre. Faussaire génial et efficace, l’homme se donne au plus complet de lui-même. Jusqu’à perdre sentiments, goût, intérêt ? Un détachement s’opère alors que son monde se crée.
Roman-confession assez bien construit, rapide, enchaîné en chapitres courts, un rythme sobre mais soutenu. Une écriture souple et simple, parfois trop linéaire mais jamais ennuyeuse, modelée de cette délicatesse propre à certains jeunes auteurs.
Une jolie découverte, donc, ce livre de Grégoire Polet, mais accompagnée de l’espoir d’un prochain roman plus lâché, libre et spontané.
Les éditions
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Excusez les fautes du copiste [Texte imprimé], roman Grégoire Polet
de Polet, Grégoire
Gallimard / Blanche
ISBN : 9782070775538 ; 13,70 € ; 16/03/2006 ; 148 p. ; Broché -
Excusez les fautes du copiste [Texte imprimé] Grégoire Polet
de Polet, Grégoire
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070358618 ; 6,90 € ; 18/09/2008 ; 176 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (9)
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excusez les fautes du copiste
Critique de Flozo (, Inscrite le 26 février 2016, 25 ans) - 26 février 2016
Un bon roman sur un thème original
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 28 septembre 2015
Privé du soutien financier que lui apportait son épouse, il est obligé d'accepter un travail de professeur de dessin. Par le hasard des rencontres, on lui propose de faire des restaurations et de fil en aiguille des copies de tableaux de grands maîtres. Il accepte, car il a un don particulier pour faire ce genre de travail qui en plus le valorise davantage que son emploi d’enseignant.
Les commandes se succèdent, l’argent facile abonde, les besoins aussi et une forme d’engrenage semble se mettre en place vers des activités de moins en moins conformes à la loi et la morale.
La chute trouvée au roman est à la fois plausible et inattendue.
Un roman court et vif sur un thème original qui pose à la fin certaines questions explicites sur le sens et le pouvoir de l’art. Un style aisé qui permet de joindre l’utile à l’agréable pour un ouvrage classé en Belgique dans certaines bibliothèques comme lecture scolaire.
Pas de quoi...
Critique de Cecezi (Bourg-en-Bresse, Inscrit le 3 mars 2010, 44 ans) - 10 août 2013
Un livre introspectif sur un parcours, sur les liens humains, sur l’art, sur les rapports familiaux et quelques passages assez déjantés !
J’ai eu beaucoup de plaisir à lire le livre d’un auteur que je ne connaissais pas, et dont je vais explorer les autres romans qu’il a écrits jusqu’à présent.
L'homme et l'Art
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 12 juillet 2011
Le style de l'auteur est simple et efficace, agréable à lire, même si quelques passages sont parfois un peu "plat". Toutefois je ne vais pas bouder le plaisir que j'ai lu à lire les quelques 170 pages que compte ce court roman que je recommande à toute personne sensible au noble art qu'est la peinture, tout comme aux néophytes.
Pour résumé ce "Excusez les fautes du copiste" fut une bonne et agréable surprise.
un peintre sans créativité
Critique de Vero13 (Marseille, Inscrite le 31 janvier 2011, 55 ans) - 28 juin 2011
Une nouvelle toute simple …
Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 19 décembre 2010
Très linéaire et sans grande ambition littéraire à mon sens que ce petit opus de Grégoire Polet.
LE RAPPORT A L'ART...
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 28 octobre 2008
Deux pistes de lecture sont vraiment très belles dans ce livre : d’abord le rapport père-fille entre le héros passif (pour ne pas dire poussif) du livre Sylvain Crêtes et sa fille pianiste Isabelle, et surtout le rapport de l’homme à l’art et au faux en particulier…car rappelons-le, le héros du livre est un copiste de tableaux, qui devient faussaire par la force des choses… ces réflexions sur l’art donnent quelques unes des plus belles pages de ce livre…
Extrait : «La société absorbait mes faux tableaux, les acheteurs, les musées, le public en jouissaient sans complexe, et je trouvais cela très bien. Si mon Claus, mon De Groux faisaient autant plaisir que des vrais, où était la perte, où était le dommage? C’était tout bénéfice pour tout le monde…».
Ou bien encore : «Je m’étais toujours étonné de ce qu’un tableau attribué à Jérôme BOSCH cesse du jour au lendemain d’éveiller tout l’intérêt qu’il avait suscité jusqu’alors quand on découvrait, au milieu d’une déception finalement imbécile, qu’il était de la main d’un suiveur plus tardif. Si le tableau avait plu jusque-là, pourquoi s’en détourner soudain?..».
Un livre très agréable à lire avec quelques heures de réflexion en prime…
Le ballet des masques
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 66 ans) - 21 octobre 2008
Rien à ajouter concernant l’intrigue à ce qu’ont écrit Bluewitch et Sakhti: l’hypocrisie du marché de l’art, le jeu sur l’originalité et la copie, la distinction entre véracité et vérité…
L’auteur évoque bien, ai-je trouvé, la relation entre père et fille, l'interaction entre peinture et musique. Et cette citation finale de Giammaria Ortes jetant le trouble sur tout ce qu’on a lu: « Qui peut me dire si je feins ? » Même si tout est faux, rapporté, dévié, déplacé, copié, doit-on bouder son plaisir ?
Idéal au moment de sa sortie en poche pour accompagner les livres sur l’Art belge du quotidien Le Soir.
Grégoire Polet est indéniablement un des jeunes romanciers qui comptent.
Copiste ou faussaire?
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 10 octobre 2006
C'est drôle et cynique à la fois. Le narrateur a toujours tout raté, en tout cas il le pense. Les peintres qu'il copie, c'est certes bon mais voilà, il manque et manquera toujours quelque chose. Parce que ce n'est qu'une reproduction. Mais lorsque qu'on décide de quitter la repro pour une vraie copie, ça change considérablement la donne.
Un bel aperçu de l'hypocrisie non seulement du milieu de l'art mais aussi de notre propre regard qui accorde plus de valeur et d'importance à un tableau lorsque celui-ci porte une signature connue (vraie ou fausse) et aligne les zéros sur le chèque de la vente. Autrement dit, du vent, du vide. Polet le démontre avec un certain brio même si je reproche des longueurs et des maladresses à l'ensemble. Il me semblait plus à l'aise avec son premier roman, cette manière de raconter une ville et une atmosphère. Un peu plus de difficulté pour parler de l'ambivalence des sentiments humains, mais ça reste tout de même agréable à lire.
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