Les créatures de la terre
de John McGahern

critiqué par Dirlandaise, le 11 juillet 2006
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Trois nouvelles d'un auteur irlandais de talent
Ce recueil comporte trois nouvelles. La première intitulée « Les créatures de la terre » raconte l’histoire d’une femme dont le mari médecin vient de mourir et qui décide de s'installer dans leur maison de campagne sur Achill Island. Elle organise ses journées d’après une routine immuable, réservant du temps pour la lecture et pour une promenade quotidienne au cours de laquelle elle rencontre un homme de son âge qui se promène au même endroit. Au fil de leurs conversations quotidiennes, elle découvre peu à peu le caractère dénué de sensibilité et de compassion de son interlocuteur qui ira jusqu’à précipiter du haut d’une falaise son chien dont il ne veut plus. Le chat de la dame, capturé par deux voyous, subira un sort aussi peu enviable que le pauvre chien.

La deuxième nouvelle intitulée « Le directeur de la laiterie » raconte l’arrestation d’un homme respectable, directeur de la laiterie du village, qui s’adonnait à des activités frauduleuses depuis plusieurs années, sans que personne ne se doute de rien.

La troisième nouvelle intitulée « L’enterrement à la compagne » relate le voyage que font trois frères pour assister à l’enterrement de leur oncle Peter qui, d’après eux, ne les a jamais aimés et les a hébergés tous les étés à contrecœur, uniquement pour faire plaisir à leur mère. Les trois frères vivent ces quelques jours de façon bien différente selon leur caractère propre.

Avec ce recueil de nouvelles, j’aborde un auteur talentueux qui possède une écriture très belle mais dont les thèmes sont plutôt pessimistes. La première histoire est ma préférée. Je trouve cependant dommage que l’auteur ait introduit des événements sordides dans son récit, j’aurais préféré qu’il nous épargne ça. La deuxième est celle que j’ai le moins aimée. Son thème m’a laissée plutôt indifférente. Quant à la troisième, elle m’a plu par son côté narratif doux amer et son atmosphère de deuil empruntée. Je tiens à remercier Eireann pour m’avoir fait découvrir cet écrivain irlandais que je ne connaissais pas.

"Il y eut quelque chose dans la brusquerie de son départ, dans son allure bouleversée, qui déplut à Tommy McHugh. Il suivit un long moment sa silhouette qui disparaissait progressivement ; puis il dit, de cette voix traînante et assurée qu'il avait souvent prise pour s'adresser au jeune chien de berger quand ils étaient tous deux assis seuls face à l'océan : "Je ne crois pas un mot de cette histoire de sa fille qui est revenue de France, ni des visites et ainsi de suite. Elle va pas me faire avaler ça, pas même une seule minute, sacré bon Dieu ! J'vais te la dire maintenant et à jamais et dans les siècles des siècles, ainsi soit-il, et délivrez-nous du mal - mon p'tit gars, cette vieille rombière, elle commence sacrément à sentir le sapin !" Et les intonations mêmes de cette solennelle déclaration au chien absent proclamaient qu'eux seuls, parmi toutes les créatures de la terre, n'auraient jamais à prendre ce chemin-là."