Le maître a de plus en plus d'humour de Mo Yan
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Quand il faut faire bouillir la marmite !
Ouvrier dans une usine, Lao Ding va prendre sa retraite dans un mois. Malheureusement, sur la dernière liste de licenciement collectif est inscrit son nom, lui, l'ouvrier maintes fois honoré !
Ses rêves sont anéantis, il va falloir s'en sortir et tous les "petits boulots" sont déjà pris par d'autres malchanceux.
Une idée de génie va le faire sortir de cette ornière, morale ou non, il faut faire bouillir la marmite. Avec en toile de fond une peinture de la société chinoise (bureaucratie, corruption), ce roman sur le petit commerce de M. Ding est drôle, sage, poétique…Se lit le temps d'un trajet de bus.
Pour comprendre, vous savez ce qu'il vous reste à faire !
Les éditions
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Le maître a de plus en plus d'humour [Texte imprimé], roman Mo Yan traduit du chinois par Noël Dutrait
de Mo Yan, Dutrait, Noël (Traducteur)
Points / Points (Paris)
ISBN : 9782020859561 ; 5,20 € ; 20/04/2006 ; 107 p. ; Poche -
Le Maître a de plus en plus d'humour
de Mo Yan, Dutrait, Noël (Traducteur)
Seuil / Cadre vert
ISBN : 9782020787703 ; EUR 11,20 ; 04/03/2005 ; 108 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (7)
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COMMENT L’APPRENTI FUT LE MAÎTRE, ET LE MAÎTRE SON APPRENTI…
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 25 octobre 2022
Malheureusement pour lui, c’est à ce moment-là que l’usine fait faillite. Il se retrouve donc a soixante ans sans ressources et… sans pension! Refusant de vivre des aides de l’état, Lao Ding décide de se reprendre en main, et de rebondir dans la vie !.. Mais ce dont il ne se rend pas compte c’est que le monde a changé, que la Chine est entrée dans une économie de marché, et que maintenant l’heure est à la débrouillardise et aux initiatives privées… Et si tous les anciens ouvriers de l’usine se sont reconvertis, Lao Ding est trop âgé pour se lancer dans une nouvelle entreprise, heureusement il peut compter sur l’aide de Lü Xiaohu, son ancien et fidèle apprenti dans l'usine, devenu conducteur de tricycle…
Un jour, alors qu’il se promène près du cimetière, à côté du lac qui se trouve au-dessus de son ancienne usine, il a une idée géniale, très audacieuse, bien que sans doute pas très légale de gagner sa vie… (Non, n'insistez pas, je ne vous dirais pas laquelle, c'est dans le livre, vous savez ce qu'il vous reste à faire!..). Encore une fois, il va chercher de l’aide et des conseils auprès de son fidèle apprenti…
L’écriture est très facile à lire, et plus qu’un roman, c’est une longue nouvelle d’une centaine de pages, qui se lit en quelques heures… C’est une écriture typique des milieux littéraires asiatiques, en forme de conte pour adultes qui n’est pas sans rappeler celle d’un autre Prix Nobel de Littérature Yasunari KAWABATA (1899 – 1972) (1). Ce n’est pas sans beaucoup d’humour, parfois très caustique d’ailleurs…
En effet, en grattant un peu, on ne peut rater la critique très acerbe de la «nouvelle» société chinoise (le livre date de 1999), sous-entendue dans le récit. Ainsi p. ex. si les ouvriers doivent se débrouiller comme ils le peuvent et seuls, les directeurs eux, roulent toujours dans des luxueuses voitures européennes… Ou bien encore la corruption endémique, qui gangrène tout le pays, ainsi p. ex. si vous voulez que la police enregistre votre plainte, il faut amener deux fardes de cigarettes…
Seul point négatif, la fin beaucoup trop abrupte et précipitée, qui bascule plus ou moins dans le fantastique, et qui ne nous est pas vraiment expliquée. On a un peu l'impression que l'auteur ne sachant plus trop comment poursuivre l'histoire, s'en débarrasse vite fait, bien fait...
Mais, ce qui m’a le plus intéressé dans ce petit livre est l’écriture typique «matinée» de philosophie typiquement chinoise, comme p. ex. : «Un homme incapable d’entretenir sa famille n’a aucun droit de se mettre en colère contre sa femme» ; «Si tu crains ta femme, monte sur ta mule!» ; «Les poules suivent leur voie, les chiens la leur…» ; «Un homme qui ne peut pas gagner d’argent pour sa famille, c’est comme une femme qui ne peut pas avoir d’enfants, impossible de garder la tête haute devant les autres!» ; «Le ciel ne nous laisse jamais sans ressources»…
Un très bon moment de lecture, un livre idéal pour partir à la découverte du grand écrivain chinois.
Rappelons que M. Mo YAN (*1955) est le lauréat du Prix Nobel de Littérature 2012. Il est le premier lauréat chinois du plus prestigieux prix littéraire au monde et, au moment où j’écris ces lignes, le seul lauréat du Nobel de Littérature de ce pays.
(1) : Cf. ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/151
Délicieux
Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 26 mai 2021
Revenons à ce petit livre lu d’une traite car plein de qualités et suivons donc le Maître qui est un peu perdu dans cette nouvelle Chine mais qui va bientôt retomber sur ses 2 jambes. Le récit est un délice d’humour et de délicatesse, à savourer.
bus stop
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 25 février 2020
Ode à l'esprit de débrouillardise
Critique de Kostog (, Inscrit le 31 juillet 2018, 52 ans) - 19 octobre 2018
Mais Mo Yan, comme tout grand écrivain et peintre de mœurs, ne critique rien, ni la débâcle du communisme, ni les dérives du capitalisme. Il fait mieux. Il décrit, par fines touches directes et révélatrices les profonds changements qui se sont produits en Chine. Avec un humour un peu pince-sans-rire, il nous montre les principaux protagonistes se débattre dans les aléas de la vie et de la nouvelle situation économique.
Pas besoin de grands discours, le lecteur comprend fort bien : l'ancien combinat aux productions dépassées ferme, mais les dirigeants arrivent en voiture de luxe. Ou encore, l'explosion de colère sociale bien vite canalisée, d’une part par l’intervention rapide d'une police brutale, de l’autre par le rappel à la raison et aux principes traditionnels d’ordre...
Un récit éclairant et plein de malice.
Extrait:
Lü Xiaohu lui suggéra : "Maître, vous devriez aller manifester devant la porte de la mairie en vous asseyant par terre, ou même en vous immolant par le feu !
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Bien sûr, je ne veux pas que vous vous mettiez vraiment le feu, dit Lü Xiaohu en riant, vous devriez leur faire peur, ils tiennent par-dessus tout à sauver la face.
- Tu parles d'une idée, tu veux que ton maître aille jouer les voyous !
- A ce stade-là, c'est tout ce qu'il vous reste à faire. Maître, vous êtes vieux, ce n'est pas comme nous qui sommes encore jeunes et avons de l'énergie, en faisant n'importe quel boulot, on pourra nourrir une famille, mais vous, vous ne pouvez compter que sur la mairie."
Ma petite entreprise ne connaît pas la crise ……
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 15 janvier 2013
Qu’y découvre-t-on ? Deux générations de travailleurs chinois dont les rôles sont inversés : Le Maître, vieil ouvrier modèle, né avec le communisme, fidèle à ses idéaux, qui attend tout de l’appareil d’état : travail, revenus, protection sociale ; et son Apprenti, qui ose contester les décisions prises par les cols blancs de l’usine, demander des comptes, qui sait qu’il lui faut se prendre en main , et qui introduit son vieux maître dans les coulisses du monde moderne, celui de la débrouillardise , de l’initiative individuelle . L’apprenti est devenu le Maître, le Maître est devenu l’apprenti , un apprenti qui va réussir sa première entreprise, une petite entreprise qui ne connaît pas la crise …….
Un petit récit allègre, où Mo Yan jette un regard malicieux sur ses personnages, plein d’ironie sur ceux qui exercent le pouvoir dans le monde du travail , et qui rend compte habilement de la transformation économique qui s’est opérée dans le pays en 30 ans .
Un prix Nobel à lire pour le plaisir, tout simplement !
Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 15 décembre 2012
Dans un deuxième temps, j’ai découvert toute une polémique autour de ce prix Nobel. Une guéguerre médiatique avec deux volets, d’une part la campagne auprès des membres électeurs du prix et, d’autre part, les attaques contre l’auteur lui-même qui serait trop près du pouvoir chinois. Mo Yan ne serait qu’un traître au peuple chinois en ne fréquentant que les gens de pouvoir…
Et sa littérature ? Car finalement, un Nobel de littérature, c’est d’abord une œuvre littéraire à déguster et, dans certains cas, à apprécier. Le premier livre de Mo Yan que j’ai eu en main était Le clan du sorgho. J’en garde un excellent souvenir et cette lecture avait été suivie de plusieurs autres. Aucun souvenir de politique, aucune ombre au tableau… Je me suis donc dit qu’il était grand temps de reprendre une lecture systématique des romans de Mo Yan pour faire le tri entre littérature et, éventuellement, ouvrages politiques…
C’est donc par ce petit texte, Le maître a de plus en plus d’humour, que j’ai commencé mon agréable pensum. Il s’agit plus d’une fable que d’un roman et je me souvenais d’une écriture alerte, fine, légère et très plaisante à lire… Ma mémoire n’avait pas flanché et c’est bien ce livre que j’ai retrouvé…
Le maître, Ding, est en fait un ouvrier, un des meilleurs de l’usine. Il a été à l’honneur de multiples fois dans l’usine, dans la ville, dans la région. Tous l’admirent et il n’est qu’à un mois de la retraite. Il va pouvoir partir se reposer et prendre un peu soin de lui-même…
Malheureusement, l’usine a fait faillite ! Oui, on pourrait dire qu’il s’agit là d’une écriture politique. Regardez ce méchant Chinois qui critique l’ouverture de la Chine au capitalisme comme si cette situation allait mettre en faillite toutes les usines jadis socialistes… C’est un horrible parti pris ! Bien sûr, j’exagère et je ris en écrivant tout cela, mais en fait, il n’y a rien de politique dans ce court roman car une fois posé le fait de la faillite de l’usine, une fois annoncé le fait que Ding va se retrouver au chômage à un mois de la retraite, on va suivre Ding dans une aventure qui n’a rien à voir avec la politique, juste à la survie humaine ! Quant aux usines dans les pays capitalistes, j’ai bien cru qu’elles pouvaient aussi faire faillite. Non ?
Ding n’est donc plus rien car qui ne peut subvenir aux besoins de sa famille n’existe plus aux yeux de son épouse, de ses enfants. Lui, Ding, n’a pas d’enfant, juste une épouse. Il faut donc qu’il trouve un moyen de survivre, de fournir à sa femme ce dont elle a besoin pour vivre, et tout rentrera dans l’ordre. Ding n’a pas le cœur à quémander, faire la manche ou attendre des heures et des heures les aides municipales. Il va passer à l’action !
Je ne souhaite pas vous dire par le détail ce que va organiser Ding, avec l’aide pertinente de son ancien apprenti Xiaohu. Rien que cette idée originale en fera sourire plus d’un et on comprendra que l’humour est bien invité dans ce texte qui, au départ, paraissait très sombre.
Mais dans une deuxième phase, on va avoir un épisode encore plus drôle avec un couple de fantômes… du moins, cela y ressemble quelque peu…
Belle écriture parsemée de dictons chinois, imbibée de sagesse remontant à Confucius et qui fait passer un agréable moment au lecteur qui comprend soudainement qu’un Nobel de littérature peut se lire, tout simplement !
Vieille baderne !
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 13 octobre 2012
Ding Shikou, à un mois de la retraite, courageux et très honorable travailleur dans une usine de machines agricoles, vient d’être licencié. Que va-t-il devenir, lui, et sa vieille épouse ? Avec le concours de son fidèle et très malin apprenti, notre bonhomme – surnommé « vieille baderne « par sa femme - va se trouver un job peu commun et lui permettre ainsi de récolter facilement et agréablement des milliers de yuans (1.000 yuans = 130 euros).
Ce très court roman se passe dans la Chine contemporaine. Il est très drôle- jusqu’au fou rire ! -, bien ficelé rondement mené. Et empli de maximes, dictons chinois qui constituent une des caractéristiques amusantes de ce vaste pays.
Une perle !
Extrait :
- (…) Si l’usine en est là, qu’elle aille se faire foutre, si les vers ne meurent pas de fin sous terre, jamais nous autres de la classe ouvrière ne mourrons de faim…
- Les ouvriers flottants (mingong) sont de paysans qui se déplacent de ville en ville à la recherche d’un travail.
- Elle avait le visage tout rouge et ses yeux brillaient de mille éclats, tels ceux d’une poule qui vient de pondre un œuf.
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Polémique autour de Mo Yan | 22 | Myrco | 18 décembre 2012 @ 12:31 |
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