La danseuse d'Izu de Yasunari Kawabata

La danseuse d'Izu de Yasunari Kawabata
( Izu no odoriko)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Vigno, le 16 juillet 2001 (Inscrit le 30 mai 2001, - ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 211ème position).
Visites : 8 368  (depuis Novembre 2007)

Le reflet de la lune dans une flaque d’eau

Et si aimer, c’était aimer le regard que l’autre porte sur soi. Et si le monde reflété dans un miroir était plus vrai que le monde réel. Et si nous n'arrivions jamais à nous voir tels qu’en l'éternité nous sommes.
« La Danseuse d’Izu » fut le premier succès de Kawabata. À ce court récit, on a joint quatre autres nouvelles. Donc, cinq nouvelles qui s’échelonnent des années 20 aux années 1950. Cinq nouvelles tout imprégnées de cet impressionnisme dont Kawabata possède le secret. Cinq nouvelles qui abordent les thèmes habituels : la mort, le besoin de l’autre, la beauté des femmes, la mauvaise conscience de l'homme. Cinq nouvelles qui ne parlent que d’amour. Celui qu’on découvre, celui qu’on cherche, celui qu'on regrette.
L'amour qui survit dans une fleur de prunier qu'un papillon vient butiner et dans le chant d’une mésange, l'amour qui survit à tous les bouleversements et à l’Histoire : « Les grandes eaux tumultueuses des massacres, des destructions, ne peuvent donc anéantir ces riens qui ont existé entre un homme et une femme ? »
L'amour, parce que c’est la seule façon de se connaître : « Une sensation de chaleur - la chaleur que dégage un corps vivant -, d'intimité, d'une rencontre avec une partie de son être même, montait allégrement en lui, par une fissure de son cœur. » L’amour, parce qu’il contient tous les autres sentiments : « Cela rappelait à Yuzo ce qu'il avait aussi ressenti : que l'extrême abnégation et l'extrême égoïsme se confondaient parfois, en un curieux mélange : de la critique de soi-même à la fatuité, de l’altruisme à l’exclusif souci de ses intérêts, de la bienveillance à la méchanceté, de la torpeur à l'excitation. »
Cinq nouvelles, dont un chef-d’oeuvre absolu : « la Lune dans l’eau ». En 11 petites pages, toute la finesse de Kawabata. Un homme et une femme. Entre eux, la mort et un miroir. Un homme alité, condamné, à qui il ne reste qu'un miroir. « Pour conserver ce reflet du monde, il aurait sacrifié sa vie. » Le reflet d’une femme au jardin. Une homme tout à cette femme. Un homme qui contemple le reflet de cette femme dans un miroir. Et une femme qui se découvre dans ce reflet. En 11 petites pages, le reflet de la lune dans une flaque d’eau comme métaphore de la vie.
Je m'étais dit, c’est le dernier Kawabata que je lis. La promesse ne sera pas tenue.

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sensible et raffinée

5 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 24 juin 2013

Les cinq nouvelles de ce recueil sont très belles, à la fois raffinées et cruelles. Plongeant dans les profondeur de l’âme humaine et des sentiments amoureux en particulier, elles donnent une bonne idée du style et du talent de Kawabata. J’ai cependant eu énormément de mal à me plonger dans ces histoires. Le récit, à chaque fois, est construit de façon assez bizarre, et l’on se perd facilement, soit dans les personnages (comme dans "la Danseuse d’Izu") ou bien dans l’articulation temporelle. Bien que l’écriture soit magnifique, le rythme est plutôt lent et il faut parfois s’accrocher pour aller jusqu’au bout, surtout pour les récits les plus mystiques, comme "Élégie" par exemple. Il s’agit donc d’une lecture exigeante pour les plus avertis d’entre vous.

Mélancolie japonaise...

8 étoiles

Critique de Montréalaise (, Inscrite le 7 août 2010, 31 ans) - 4 février 2012

Ces cinq nouvelles réunies dans le recueil dépeignent dans une poésie pure et mélancolique les existences pathétiques du Japon de l'entre-deux-guerres jusqu'à la fin de l'occupation américaine.

« La Danseuse d'Izu », nouvelle presque autobiographique, raconte l'expédition d'un étudiant accompagnant une troupe de forains, dont fait partie une magnifique et timide danseuse.

« Élégie » transcrit, dans un dialogue intérieur philosophique portant sur l'Occident et l'Orient, les pensées et réflexions, sous un prunier, d'une épouse trompée dont le mari est décédé.

« Bestiaire » suit l'existence solitaire d'un vieil homme qui s'enlise dans la compagnie d'animaux, notamment d'oiseaux à la vie éphémère, tout comme celle de son amante.

« Retrouvailles » décrit avec un mélange de tristesse et de cruauté, les retrouvailles d'un homme avec sa maîtresse après les bombardements américains de 1945 qui ont semé misère et désolation autour de leur chemin.

« La Lune dans l'eau » accompagne un homme invalide et condamné pour toujours à être alité avec, pour seul champ de vision, un miroir lui renvoyant le monde extérieur à sa solitude : sa femme qui l'accompagne, un petit potager et surtout, la lune du soir.

Mon premier Kawabata m'a plongée dans une atmosphère mélancolique douée d'une sentimentalité propre au style de ce grand écrivain japonais du XXe siècle. Je le conseille fortement à ceux qui veulent s'initier aux oeuvres de Kawabata car même si « La Danseuse d'Izu » est moins connue que ses romans « Les Belles Endormies » ou bien « Pays de Neige », elle réussit à nous faire connaître un monde de sentiments et de paysages que sont les coeurs brisés de l'archipel nippon.

C'est beau comme un tableau!

8 étoiles

Critique de Gooneur (TOULOUSE, Inscrit le 14 janvier 2008, 41 ans) - 11 juillet 2008

Evidemment, certains passages d'un autre monde, et là je rejoins un critique précédent, nous laissent sur le bord de la route! Mais pour le lecteur persévérant, c'est une ode aux petites choses de la grande vie, aux sentiments contrariés, une espèce d'In the mood for love littéraire d'une force peu commune!

une autre sensibilité

5 étoiles

Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans) - 5 août 2001

J'ai lu ce petit livre suite à la belle critique de Vigno. Sa critique, je la comprends bien et il est vrai que la dernière nouvelle est très belle.
Il règne dans ces cinq nouvelles une atmosphère toute particulière qui renvoie à des tableaux, des parfums , qui laisse une sensation de délicatesse poétique. Je ne m'y suis pourtant pas sentie touchée, captivée, ni émue. Comme si la sensibilité de Kawabata m’était restée extérieure , tant au niveau des émotions que de l'expression des idées.

et bien, moi, je ne connais pas

8 étoiles

Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans) - 19 juillet 2001

on ne peut pas tout savoir... Demain, ce sera réparé! Je vais l'acheter tout aussi sec...

J'adore Kawabata

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 17 juillet 2001

Et quelle superbe critique de Vigno !... Je vais acheter le livre aussi sec !

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