La cité des amants perdus
de Nadeem Aslam

critiqué par Marinette, le 28 juillet 2006
(laon - 44 ans)


La note:  étoiles
conflit de générations
Ce livre fut pour moi une merveilleuse découverte. Nous sommes dans le nord de l'Angleterre, là où se sont installés des immigrés pakistanais.

Il y a un an de cela, un couple d’amants pécheurs , Jugnu et Chanda qui s'aimaient sans être mariés, disparaissait sans laisser de trace. Depuis, l’enquête n’a rien apporté . La situation devient vite étouffante.

En parallèle, nous plongeons au cœur de la famille de Jugnu composée de Kaukab la mère musulmane extrêmement croyante, de Shamas le père et frère de Jugnu, hindou pacifiste et de leurs 3 enfants, tous ayant quitté le foyer familial.

Le conflit des générations est très vif, et s'associe à celui des ethnies. La religion joue un rôle important, ainsi que l'honneur et la tradition. Chaque personnage tente de se libérer de ce monde étouffant.

C'est un roman fort intéressant et très riche. Chaque personnage est dépeint avec minutie de façon à ce que nous comprenions ses motivations et ses doutes. Une grande beauté se dégage de ce texte, si poétique et faisant référence à des légendes et des mythes. Les paysages sont magnifiquement décrits, et les odeurs nous emportent avec elles!!!
Un roman qui se lit en prenant son temps et avec beaucoup de délice!!
Tout à fait d'accord avec Marinette 8 étoiles

J'ai adoré ce livre.

GilB - - 48 ans - 5 mars 2011


Bienvenue chez les Pakis 9 étoiles

Une ville anonyme située quelque part en Angleterre, rebaptisée Dasht-e-Tanhaii - le Désert de la Solitude - par sa communauté pakistanaise. Une communauté vivant repliée sur elle-même, profondément attachée à ses traditions et à son code d'honneur, amère d'être venue s'installer dans ce pays décadent que d'aucuns comparent avec effroi à une "immense maison close", désespérée par l'occidentalisation de ses enfants et en proie aux rumeurs et supputations les plus folles après la disparition de Chanda et Jugnu, un couple d'amants vivant dans le péché, que personne n'a revus depuis leur retour de vacances au Pakistan : Ont-il été assassinés par les frères de Chanda qui auraient ainsi lavé l'affront commis par celle qui n'était plus qu'une "putain" à leur yeux ? Se sont-ils enfuis pour vivre pleinement leur amour interdit ? Ou se seraient-ils transformés en ce couple de paons qui s'est échappé de chez eux lorsque la police a pénétré dans les lieux ? Au fil des mois et de l'enquête, le doute s'estompe, la vérité se fait de plus en plus évidente et les langues se délient.

Le récit s'articule autour de la tragédie des amants perdus de Dasht-e-Tanhaii. Nadeem Aslam, lui-même Anglais d'origine pakistanaise, retrace le quotidien de la famille d'un des frères de Jugnu et de son entourage pendant l'année suivant la disparition. Celle-ci est l'occasion pour la famille de crever certains abcès douloureux. Entre Shamas le père estimé par la communauté mais dont l'athéisme et l'esprit libre le conduisent à rejeter la plupart des valeurs de ses compatriotes, Kaukab la mère bigote défendant aveuglément "Son" Allah et leurs trois enfants émancipés, les rapports sont souvent tendus et conflictuels, basés sur une incompréhension réciproque. Autour d'eux gravitent des fanatiques religieux au discours extrême, des âmes en peine nostalgiques de leurs racines, des clandestins comptant sur la solidarité communautaire, un réseau secret d'individus spécialisés dans les enlèvements voire meurtres des "pécheurs" et quelques autres personnages au sort singulier.

Onze années ont été nécessaires à la rédaction de 'La cité des amants perdus'. Onze années qui n'ont pas été de trop, étant donné la qualité de cette oeuvre. Nadeem Aslam y fait montre d'une extrême clairvoyance et d'une justesse à toute épreuve. La vie en autarcie, le fondamentalisme religieux et les pratiques parfois archaïques de cette communauté sont maintes fois soulignés mais jamais violemment stigmatisés. Ce livre ne se veut pas être un énième réquisitoire contre les dérives de l'intégrisme islamique mais cherche à faire la lumière sur les raisons poussant ces immigrés à vivre entre eux et à se réfugier dans la religion pour le meilleur et pour le pire. La crise identitaire de la jeune génération y est également très bien retranscrite.

Par la gravité des thèmes traités, l'atmosphère est pesante et certains passages brutaux, mais tout ceci est atténué en partie par le style intensément poétique de Nadeem Aslam, notamment dans l'évocation de la nature changeante au gré des saisons et de certains mythes religieux. On en oublie alors toute l'horreur du crime dont ont été victimes les deux amants et on se prend à rêver. Quelques pointes d'humour dues au fossé culturel entre "Pakis" et "Blancs" parsèment par ailleurs le récit.

Un roman oppressant, assez pessimiste, mais d'une grande intelligence.

Ambreen - - 41 ans - 14 mai 2008


Pas d'accord avec Marinette 4 étoiles

Ce livre est sans aucun doute très beau et très bien écrit, mais je l'ai trouvé tellement lent et dense, voire même confus quand il s'agit de parler des religions et des relations familiales, que je ne suis pas arrivée au bout, ce qui m'arrive rarement, je suis plutôt bonne lectrice! Mais je reconnais malgré tout qu'il s'agit d'un excellent écrivain!

Mary.nana - - 75 ans - 31 juillet 2006