Les mémoires de Porthos
de Yann de L'Écotais

critiqué par Bolcho, le 2 août 2006
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
Un plaisir d'initié ?
L’ensemble des aventures de Athos, Porthos, Aramis et D’Artagnan par les yeux du bon géant Porthos. En gros, les événements principaux y sont racontés à nouveau, mais à la grosse louche. A réserver aux amateurs des Trois Mousquetaires, de Vingt ans après et du Vicomte de Bragelonne. Les autres en seront pour leur frais et iront plutôt ferrailler ailleurs. C’est distrayant, facétieux et souvent même gentiment ironique à l’égard de Dumas lui-même. On se souviendra, par exemple, que nos compagnons sont amenés à exécuter un personnage particulièrement odieux, mais ils se posent des questions éthiques, ils hésitent, ils pèsent le pour et le contre. Porthos note dans ses mémoires la contradiction : pourquoi ces minauderies venant d’hommes comme eux qui n’hésitaient pas « à tuer en duel des inconnus, simplement parce qu’ils n’étaient pas assez polis ». Ou bien, autre moquerie visant Dumas, on raconte une évasion rendue possible grâce à un pâté contenant une poignard et une corde : Porthos s’interroge sur la taille requise d’un pâté qui dissimulerait « un lien de plusieurs mètres et un couteau d’assaut ».
Que tirer de tout ça ? Un Porthos plus subtil que celui de Dumas et même assez progressiste, notamment en ce qui concerne le statut des femmes. Il est en tous les cas suffisamment fin pour se rendre compte que « le sage peut accepter d’avoir l’air benêt, à l’inverse du sot qui pense avoir intérêt à se donner l’air malin. Le plus intelligents sont souvent ceux qui se taisent, cela leur évite de proférer des âneries ».
Lecture fort distrayante qui permet de « réviser » nos lectures adolescentes avec un certain délice. Cela dit, je me demande si l’exercice – amusant – est bien utile. Ceux qui ont lu l’original auront envie d’y retourner, les autres abandonneront le livre après dix pages.
Mais que l’idée est tentante : donner ainsi une seconde vie à des personnages secondaires de grands romans. Qui nous donnera le point de vue de Milady ?
Moi, je m'attaque le plus tôt possible aux « Mémoires du pharmacien d'Yonville ».