Amours en fuite de Bernhard Schlink

Amours en fuite de Bernhard Schlink
( Liebesfluchten)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Zoom, le 18 juillet 2001 (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 648ème position).
Visites : 8 555  (depuis Novembre 2007)

Si la vie était simple, Schlink ne serait pas écrivain

Recueil de sept nouvelles, dont chacune est écrite comme un mini roman complet, avec une sensibilité et une profondeur que l’on trouvait déjà dans le Liseur de Schlink : à fleur de peau.
Histoires d'amour qui naissent, s'interrogent, s’abusent et se désabusent, se tricotent à l'envers, à l'endroit et en torsades, racontées par sept hommes animés par le désir de comprendre, ou d'oublier...
La culture allemande y est omniprésente : incompréhension des jeunes face à l'holocauste, chute du mur de Berlin, rencontre avec une autre culture...

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Sept nouvelles

9 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 14 mars 2022

Sept nouvelles sur le thème de l’amour bien sûr, en fuite. Je complèterais en précisant « De l’amour et de son usure au fil du temps ». C’est plutôt ça le fil rouge.
Autre fil rouge pour ces nouvelles toutes, sauf les deux dernières, d’une cinquantaine de pages – de belles nouvelles déjà ! – une magnifique cohérence psychologique, une grande finesse d’analyse et un pessimisme assumé. N’oublions pas, par ailleurs, que Bernhard Schlink est allemand et que les effets de l’après-guerre rentrent souvent en considération dans ces histoires.

La petite fille au lézard : La petite fille au lézard est le nom donné par le narrateur, petit garçon à l’époque, à un tableau singulier accroché dans le bureau de son père et quasi sanctuarisé. « Petite juive » l’appelle, elle, sa mère. Nous sommes dans l’après-guerre et le narrateur va avoir beaucoup de mal à démêler le pourquoi du comment. Jusqu’à un final imprévisible.

L’infidélité : Là nous sommes spécifiquement, toujours dans l’après-guerre, dans le Berlin Est, le Berlin occupé par les Russes. Le narrateur qui vit à l’ouest va vivre une relation d’amitié (et plus si affinités !) avec un couple du même âge avec une petite fille … La problématique de la prégnance de la surveillance mutuelle des citoyens est dans une large part aussi au cœur de cette nouvelle.

L’autre : L’autre est la découverte par un mari, après la mort de sa femme d’une part de sa vie qu’il ne soupçonnait même pas. Thème plus classique mais que Bernhard Schlink traite avec une belle originalité.

Les pois gourmands : Cette nouvelle a un côté surréaliste dans le final inattendu. Des femmes toutes trompées par le même homme, femme et maîtresses, finissent par avoir raison de lui de manière … quasi surréaliste.

La circoncision : Petit côté désespéré dans cette nouvelle, ou comment des différences de cultures peuvent créer des barrières qui peuvent s’avérer infranchissables.

Les deux dernières nouvelles sont sensiblement plus courtes :
Le fils : Observateur pour un organisme type ONU, le narrateur débarque avec d’autres collègues de diverses nationalités dans un pays, africain me semble-t-il, en guerre civile. L’occasion d’une remise en question … tragique.

La femme de la station-service : Ou comment un rêve, ou une situation rêvée, confronté à un épisode soudain du quotidien, peut se révéler le catalyseur d’un changement drastique de vie.

De bien belles réflexions d’une grande profondeur pour un observateur privilégié de l’Allemagne moderne.

Intéressant mais inabouti.

5 étoiles

Critique de Sotelo (Sèvres, Inscrit le 25 mars 2013, 41 ans) - 16 novembre 2020

Bernhard Schlink s'essaie au recueil de nouvelles, des petites histoires d'amour qui ont l'originalité d'avoir des hommes comme protagonistes. C'est une bonne chose, car le regard masculin est encore beaucoup trop rare dans ce type de récit. Schlink mêle ici ses intrigues romantiques à sa thématique fétiche, à savoir le rapport de l'Allemagne avec son histoire récente. La démarche est intéressante, Schlink variant une nouvelle la forme de ses récits, mais le format nouvelle ne lui convient pas vraiment. Les plus grandes oeuvres de Schlink sont des récits qui prennent leur temps pour installer une ambiance mélancolique que l'auteur maîtrise à la perfection. Ici, la brièveté des récits leur empêchent de gagner la profondeur qui leur font cruellement défaut. Dommage.

En fuite ou plutôt en panne

4 étoiles

Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 11 février 2010

Cette lecture m’a rappelé Kundera. De nombreux lecteurs lui font un triomphe, moi, il m’ennuie. Pareil pour les nouvelles de Schlink. Elles me semblent banales. Des situations fabriquées et des personnages sans relief. Le Liseur était dix fois mieux.

Incompréhension

10 étoiles

Critique de Printemps (, Inscrite le 30 avril 2005, 66 ans) - 28 septembre 2008

Je viens de lire avec grand plaisir ce bijou d'analyses des relations hommes-femmes, mais aussi du questionnement masculin au sujet de ses relations ou non-relations aux autres. La question récurrente que se posent les protagonistes est finalement une question d'identité. Qui sont-ils, qu'est-ce qui les pousse à s'emmurer ou à s'ouvrir à l'autre. En quoi sont-ils libres ou le jeu des événements (privés et de société).
Sept images de questionnement d'où le masculin ressort souvent comme perdant face à un féminin plus lucide ?

Rédemption

9 étoiles

Critique de Bachy (, Inscrit le 10 avril 2004, 61 ans) - 6 mars 2007

Amours en fuite
Bernhard Schlink

Bernhard Schlink a publié un recueil de sept nouvelles. Le thème commun à ces nouvelles est l’amour : comment il naît, comment il finit, et comment avec lui viennent les tromperies, les détours, les mensonges, les infidélités. Le héros de chacune de ces histoires est un homme qui se débat entre mensonges et vérité, qui essaie de faire la lumière sur un secret ou sur un mystère.
Ces hommes font bien souvent preuve de lâcheté; empêtrés dans leurs mensonges, ils manquent de courage, et certains se trouvent confrontés aux démons du passé, le leur ou celui de leur pays, l’Allemagne, encore bien présent dans ce recueil. L’histoire de l’Allemagne au 20ème siècle revient sans cesse avec les mêmes blessures, toujours ouvertes, avec les mêmes questionnements sur les fantômes du passé qui inévitablement réapparaissent. On constate que Schlink a du mal à supporter l’histoire de son pays, que ce soit celle de la guerre ou celle du mur ayant séparé est et ouest. Sur les sept nouvelles composant « Amours en fuite », deux, et les plus longues, s’intéressent au passé nazi de l’Allemagne et décrivent des personnages se sentant coupables de faits qu’ils n’ont pas commis.
L’architecture du recueil est assez intéressante car si les premières nouvelles se situent en Allemagne, les dernières se passent aux Etats-Unis ou en Amérique Latine. Bernhard Schlink présente des hommes qui ne parviennent pas à vivre pleinement leurs relations amoureuses, qui ont peur des femmes, peur de l’engagement, peur d’eux-mêmes et de ce qu’ils doivent ou ne doivent pas faire.
Toutes ces histoires d’amour, assez compliquées, sont cruelles et malheureuses. Bernhard Schlink semble percevoir l’homme comme incapable de se donner pleinement et de comprendre la femme. Celle-ci, à travers ces récits, semble beaucoup plus lucide, beaucoup plus franche, elle ne paraît pas comme l’homme, tourmentée par des choses qui ne dépendent pas d’elle. La femme peut s’engager à fond, mais l’homme ne peut la combler. Tous les personnages du livre sont coupés en deux, tiraillés entre la lumière du présent et les ombres d’antan. Et ils pleurent sur leurs rêves, auxquels ils ne cessent de se dérober. A cause de leur lâcheté. A cause aussi des fautes de leurs parents, et de tous ces fantômes - bourreaux nazis ou corbeaux de la Stasi - qui surgissent sur leur chemin. Chaque personnage, masculin ou féminin, se recroqueville sur lui-même et interpelle la signification de son enfance, sa propre histoire ou l’état actuel de sa vie. Que sont l’identité, l’appartenance sociale ou religieuse, la volonté ou l’amour quand les héros de chaque nouvelle réalisent combien leur vie a pu être ordonnée par autre chose qu’eux-mêmes ?

L’Allemagne maintenant

7 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 25 octobre 2005

Un joli recueil de nouvelles, où il plane une certaine sérénité dans les ambiances et le quotidien de ces personnages, un peu comme dans « Le Liseur » finalement. Ce ne sont pas des textes forts en rebondissements avec une finale surprenante. Chaque nouvelle se déguste, nous imprègne de sentiments et de moments intimes.

Ma favorite s’intitule « L’autre », l’histoire d’un homme qui suite à la mort de sa femme reçoit les lettres de son amant. Assez tordu mais traité avec beaucoup de finesse. On ne peut évidemment pas passer sous silence « La circoncision », un texte coup de poing décrivant admirablement les difficultés de la coexistence entre une juive américaine et un allemand. Et aussi « Pois gourmands » ou comment jongler trois vies sans en échapper une.

Gé-nial!

10 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 10 avril 2003

Les sept nouvelles qui composent ce livre rivalisent en qualité et en intérêt.
Le style est parfait pour le genre.
Le contenu est à vous couper le souffle.

J’ai particulièrement apprécié « Les pois gourmands ».
Il s'agit d’un homme à qui la vie sourit.
Il a tout et, non content de sa situation, cherche toujours à l'améliorer.
Ainsi, il aime sa femme.
Mais il prend une maîtresse.
Puis veut rompre avec cette dernière.
Comment faire ?
Diable, comment faire ?
Bon sang mais c’est bien sûr : prendre une autre maîtresse !
Oui, seulement il n’arrive quand même pas à rompre avec la première…
Le voilà donc avec trois femmes.
Ah non, ça ne va plus, c'est vraiment trop, allez hop, on sert un petit mensonge à toutes trois et on part sur les routes pour une durée indéterminée « afin de faire le point ».
On dépense, on dépense et puis quand il n'y a plus d’argent, c’est pas un problème, on se fait passer pour un prêtre !
Etc., etc.
La chute de l'histoire est hilarante, surprenante (on ouvre des yeux grands comme ça !), fabuleuse !
Mesdames, nous en ressortons vengées !…
Toutes les nouvelles ne sont pas aussi drôles et décalées que celle-ci bien sûr, mais chacune en vaut le détour.
A lire, à lire, à lire !.

Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt

9 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 20 décembre 2002

Quand, au hasard de mes pérégrinations en librairie , je suis tombé sur ce roman, je n'ai pas hésité une seule seconde. En effet, le précédent roman de cet auteur, "Le liseur", est un pur chef d'oeuvre et une fois de plus, je me suis laissé emporter par cet auteur à l'insondable talent.
Dans ce livre se succèdent sept histoires différentes, toutes vécues du point de vue masculin. Des histoires d'amour(s), des vies qui se croisent, se fuient, se retrouvent, se découvrent. On se reconnaît en partie devant le questionnement de ces hommes.
Ce livre, malgré qu'il soit vécu par des hommes, est une ode à la femme, à sa sensibilité, à sa lucidité,... Livre à l'écriture simple, modeste, réjouissante, toujours belle et qui a le mérite de nous faire passer par une palette foisonnante d'émotions vraies
Bernhard Schlink ne renonce pas pour autant à ce qui semble être un de ses chevaux de bataille, à savoir le questionnement de l'Allemagne sur son passé. C'est aussi à cela que nous confrontent ces récits. Les rapports Berlin est-Berlin ouest, la question de la Shoah, le rapport à la guerre,... Et toujours ces vies qui se jouent ou se déjouent!
Dommage que cet auteur ne soit pas plus prolifique!!!

Une réflexion...

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 27 juillet 2001

Zoom nous parle de l'incompréhension de la jeunesse Allemande face l'holocauste... Mais une partie de cette jeunesse, surtout celle de l'Est, est elle-même d'extrême droite et raciste. A nouveau une situation économique moins bonne provoque les éternels réflexes de se fermer sur soi-même !... Le problème vient presque toujours de là ! Quand on va bien, on a moins peur de l'autre, on est moins agressif. Un autre grand problème est la façon dont l'histoire est racontée dans les écoles... Nous pensons tous avoir plus ou moins la même version de l'Histoire, or, c'est tout à fait faux !... A la première de "Pearl Harbor" les Productions Disney ont projeté une version expurgée du film, pour ne pas trop choquer une clientèle qui leur est importante. Lors d'interviews à la sortie des salles, de jeunes Japonais déclaraient qu'ils n'avaient jamais su que le Japon avait été l'agresseur !... Et en Amérique, le Sénat refuse de changer les livres d'histoire et d'admettre que les bombes d'Hiroshima et de Nagasaki n'étaient rien d'autre que des tests... Qu'elles n'étaient pas nécessaires car le Japon était déjà prêt à se rendre ! Et c'est un peu partout ainsi. Donc, à chacun son histoire, ce qui fait que, confronté à une autre version que celle à laquelle nous sommes habitués, on nous ébranle nos repères.

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