Rebelles, tome 2 : Président John F. Kennedy
de Jean-François Charles (Scénario), Maryse Charles (Scénario), Thierry Bouüaert (Dessin), Benoît Bekaert (Couleurs)

critiqué par Shelton, le 26 août 2006
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Jack ou John, that's the question ?
Au moment de mourir, on dit, du moins la sagesse populaire l’affirme, que le mourant, l’agonisant, revoit plusieurs instants clefs de sa vie comme autant de petites séquences d’un film… Alors, pourquoi ne pas en faire une série de bédés qui redonnerait, durant quelques séquences, vie à des personnalités fortes, quatre ont été retenues par Maryse et Jean-François Charles, les scénaristes. Nous avions commencé ce plongeon dans l’histoire avec Ernesto Guevara, dit le Che. L’album, Libertad avait été dessiné par Wozniak. Le second, consacré à Kennedy, President, est le fruit du travail de Bouüaert, car, c’est une grosse particularité de ce travail, les dessinateurs sont différents pour chaque personnage.
Pour rester dans les aspects techniques de cette série, il est à noter que chaque album offre en troisième de couverture une biographie simplifiée mais très précise du personnage concerné ce qui me semble très important pour les lecteurs n’ayant aucune connaissance historique sur Guevara, Kennedy, Monroe… Ah ! Je ne vous avais pas encore donné le titre du troisième album… Autant pour moi.
Ce Kennedy est très intéressant, d’une part, parce que nous connaissons presque tous l’année de sa mort violente à Dallas, 1963, mais c’est peut-être tout ce que nous savons de lui ; d’autre part, parce que je trouve le dessin d’une très grande qualité, même s’il peut déstabiliser les grands habitués de la ligne claire…
Le scénario, très bien mené, mieux que lors du premier volet consacré à Che Guevara, et il permet de comprendre, de façon assez précise, la vie politique, officielle, diplomatique, privée, familiale, sexuelle du Président américain qui n’était pas quelqu’un de banal et classique…
On va retrouver les épisodes les plus importants – du moins aux yeux des scénaristes – de sa mort à sa jeunesse (n’oublions pas que partant de la mort imminente nous remontons inexorablement vers la naissance des personnages dans un ordre aléatoire, celui des flashs du presque mort) : assassinat à Dallas, le 22 novembre 1963, ses débuts dans la politique, discussions chaotiques avec un certain Khrouchtchev, ses frasques amoureuses, son fameux « Ich Bin Ein Berliner » et, bien sûr, un certain anniversaire :
« Hap… py… birth… day… to… you… Mister President…».
A l’issue de cette lecture documentée, distrayante mais, aussi, passionnante, on se dit qu’Arnaud Delacroix, l’éditeur chez Casterman, a eu raison d’oser de se lancer dans cette série si éloignée des clichés et des concepts populaires et commerciaux. Oui, il fallait oser entreprendre une telle aventure et les époux Charles le font remarquablement bien. Alors merci à vous de nous sortir des documentaires mornes et tristes, conventionnels et académiques, pour montrer, une fois de plus, que la bande dessinée est un support narratif qui peut conduire à tout, y compris à la culture historique…
Belle série en cours… et on attend Marilyn Monroe avec impatience…