Le nouveau Roald Dahl

Moi, qui vous écrit juste après la lecture des aventures du petit Tobie Lolness, je suis soufflé.

Le petit Tobie, un millimètre et demi, 13 ans, dispose, en plus d'une couverture d'une magnifique simplicité, d'arguments de choix pour séduire le lecteur. Avec un style enfantin, notamment grâce à des comparaisons simplistes et innocentes (la nuit l'avait recouvert comme un sceau d'eau, par exemple), Timothée de Fombelle nous invite dans un monde tout petit, tout "mimi", avec un peuple de deux millimètres et un vieux chêne pour maison. Seulement voilà, si ça ne tenait qu'à ça, on aurait entre les mains un bon livre, certes, mais c'est tout, un livre parmi tant d'autres qui jouent sur la carte du "mignon".

Mais Tobie n'est pas un livre mignon. Détrompez-vous. Ces petits personnages sont capables du pire, et le petit Tobie aura bien du mal à se faire respecter. Traqué, en fuite, le héros subira la trahison, la délation, tout ça parce que son père, le très connu Sim Lolness, n'a pas voulu donner le secret d'une invention, qui, au passage, rappelle beaucoup celle de l'automobile ou de l'électricité. Ajoutez à cela une fortune considérable et vous comprendrez que le peuple de l'Arbre est tout sauf mignon. Le monde dans lequel les protagonistes évoluent, le grand chêne, est très complet, détaillé, avec une hiérarchie bien établie: les Cimes sont réservées aux riches, tandis que les plus démunis sont aux Basses-Branches. Et puis il y a aussi le gros entrepreneur, Jo Mitch, qui a eu la bonne idée de construire plein de maisons toutes collées dans les banlieues (tiens, ça me fait penser à quelque chose).

La comparaison du titre, bien qu'un peu osée, est véridique, je vous assure. Le lecteur pourra retrouver l'esprit de Roald Dahl dans le texte, tant par le style que par les événements dramatiques qui vont avoir lieu. Les magnifiques illustrations enfantines de François Place ne font qu'accentuer l'impression.

Autre richesse du texte: les protagonistes sont très nombreux, et ont chacun une personnalité bien définie. Personne de méchant, personne de gentil, juste des tourmentés, des idiots, des attentionnés, des maladroits. Quelques uns sont simplement hilarant par leur bonhomie et leur stupidité, mais ne disons rien pour laisser la surprise. Au total une bonne trentaine de personnages interviendront dans l'histoire avec un rôle et un grande importance dans le récit.

Philosophique, écologique, parfois même moralisateur, la vie de l'arbre est le reflet d'une vie idéale qui se transforme de plus en plus violemment en une vie polluée, exploitée, industrialisée, la nôtre, finalement.

C'est, en conclusion, un livre passant du drôle au dramatique avec une aisance rare, et qui restera, pour moi, une des meilleurs livres de l'année. La fin est tout simplement époustouflante, et les moments émouvants et criants de vérité ne se comptent plus dans le récit. A lire absolument, à tout âge.

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  La vie suspendue [Texte imprimé] Timothée de Fombelle illustrations de François Place

  de Fombelle, Timothée de Place, François (Illustrateur)
  Gallimard / Gallimard jeunesse
  ISBN : 9782070571819 ; 17,50 € ; 13/04/2006 ; 311 p. ; Broché

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