Amadeus
de Peter Shaffer, Pol Quentin (Autre)

critiqué par Poupi, le 31 août 2006
(Montpellier - 34 ans)


La note:  étoiles
La musique de la vengeance.
Amadeus, c'est pour beaucoup le chef d'oeuvre oscarisé de Milos Forman. Mais c'est avant tout une pièce remarquable de Peter Shaffer, dramaturge satirique au possible.

En 1823, à Vienne, un cri retentit dans la nuit : "Mozart ! Mozart ! Pardonne à ton assassin !". Antonio Salieri, compositeur impérial sous Joseph II, fantomatique et squelletique, nous fait cet aveu. S'adressant tout au long de la pièce au public, le prenant à part, un peu comme un absoluteur de son ses pêchés, il nous raconte sa période de gloire, mais surtout sa chute. Car en 1781, un tout jeune homme qu'on dit doué de génie, le talent incarné, arrive de Vienne : c'est Wolfgang Mozart.
A partir de ce moment, Salieri prend conscience de la menace qui pèse sur lui, sur sa gloire et sa mémoire : s'il veut survivre aux siècles, il doit écarter Amadeus. Car en effet, ce petit est Amadeus : choisi par Dieu pour exercer sa volonté. Salieri rompt le pacte réalisé avec Dieu quelques années plus tôt de vivre dans la piété, et défie le Très-Haut.

Une pièce formidable sous tous les aspects : elle n'est pas une biographie du talentueux Mozart, mais une fiction, une fantaisie sur sa vie, qui reprend quelques éléments de sa vie. Un texte fluide, très moderne, épuré. Beaucoup d'humour, très décalé, Mozart a des délires un peu scato par moments, mais ca reste marrant. Un livre très court, 130 pages, sachant qu'elles ne sont pas larges (onze centimètres par page, c'est vite lu!)
Salieri est sans pitié : il partage ses répliques entre le public et les personnages. Il est tout le temps présent, dans un fauteuil, face au public, commentant l'action, ou les paroles...La couleur est annoncée au début : la pièce se termine sur le Requiem inachevé de Mozart, et sur sa mort...