L'homme invisible/The Invisible Man suivi de Les Cascadeurs de l'amour
de Patrice Desbiens

critiqué par Grass, le 14 septembre 2006
(montréal - 46 ans)


La note:  étoiles
Assis entre deux chaises
Patrice Desbiens est sans aucun doute l'artiste qui a le mieux traduit l'ambivalence de la situation des Franco-Ontariens au Canada. Ni tout à fait francophones, ni tout à fait anglophones. Le combat est quotidien, et mille fois pire qu'au Québec.

L'homme invisible/The invisible man, c'est le récit de vie du poète qui naît, erre et aime dans deux langues, et comme s'il faisait à la fois le positif et le négatif, le résultat semble s'annnuler. Être tout, c'est comme être rien, et penser deux fois ne vaut pas réellement mieux qu'une.

Ainsi, les courts chapitres d'une page chacun se suivent, le français sur la page de gauche, l'anglais sur la page de droite. La même histoire répétée dans une langue, puis dans l'autre. Mais plus l'histoire avance, plus chacun de ces deux "moi" prennent leur personnalité, s'écartent l'un de l'autre pour dire les choses différemment, et parfois même dire des choses différentes.

Les deux personnalités du poète n'auraient-ils pas vécu la même vie? Chose certaine, ils ne l'auront pas vus de la même façon.


"Dans la ville de l'homme invisible, l'hiver est un état d'esprit.
Dans le pays de l'homme invisible, les saisons changent d'un jour à l'autre.
D'une personne à l'autre.
Ici, la télévision s'en raconte des bonnes, toute seule dans le salon.
Ici, tout le monde a peur de la mort et se dépêche..."

"In the invisible man's town, winter is a state of mind.
In the invisible man's country, the seasons change from day to day.
From person to person.
Here, televisions laugh and mumble to themselves in empty living rooms.
Everyone who lives here hates to be reminded of it."

L'homme invisible/The invisible man a merveilleusement été adapté au théâtre par le Théâtre de la Vieille 17