Nemesis : Un homme de Philip Roth
( Everyman)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Le petit dernier du grand Roth.
La couverture est noire. Noire comme la mort, omniprésente, celle qui hante, qui plane…
Noire mais belle. Comme le roman.
C’est l’histoire d’un homme. De sa Fin (son enterrement) jusqu’à l’arrêt de son cœur, en passant par sa vie. Et la boucle est bouclée.
C’est l’histoire de la vie de cet homme, de sa vie et de sa mort. De la mort dans sa vie.
Cet homme pourrait être chaque homme, tous les hommes. Bien qu’il ait une vie à lui, avec ses bonheurs, sa famille, ses erreurs, ses maîtresses, son métier, ses maladies, et ses souffrances, il ressent également ce que chaque personne allant jusqu’à ce qu’on appelle la vieillesse ressent : la présence de la Mort.
Nous apprenons à connaître cet homme, cet inconnu après sa mort, le long d’un flashback retraçant sa vie de mari, de père et de frère. Nous le voyons surtout dans les regrets de ses erreurs, au moment de sa retraite, alors qu’il est plongé dans la solitude et ses divers séjours à l’hôpital. Il est comme devenu l’homme qu’il n’a jamais voulu être.
On ne peut nier le fait qu’il y a une sorte de froideur tout au long du roman. De par les termes médicaux dans la première partie, en grande quantité, très précis et secs. Et ensuite, probablement car on sait que la mort est là, puisque l’on a assisté à l’enterrement ce cet homme au tout début. Et enfin, car la vie de celui-ci, du moins la fin de vie ainsi que les souvenirs ressassés ( les divorces, la « perte » de sa fille, l’éloignement de son frère, les erreurs commises le long de sa vie) ne sont guère réjouissants. Tout ceci mélangé avec la maladie, et la souffrance.
Non, ce n’est pas un livre joyeux, on l’a compris.
Néanmoins, il est riche, bien écrit, et assez court (moins de 200p) pour que l’on n’ait pas l’impression de plonger dans le dramatique. Et il touche bien sûr, car le sujet de fin de vie, de regret, de maladie, et de solitude touche tout le monde, chaque homme, l’un après l’autre. Car chaque homme se retrouve face à sa propre mort un jour.
Bien loin de ses précédents romans, Roth n’emploie pas de narrateur à la première personne. Cet homme, c’est « Il ». Parce qu’il pourrait être tout homme. Comme son titre l’indique : Everyman.
Les éditions
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Un homme [Texte imprimé] Philip Roth traduit de l'anglais (États-Unis) par Josée Kamoun
de Roth, Philip Kamoun, Josée (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782070780945 ; 15,75 € ; 08/11/2007 ; 160 p. ; Broché -
Un homme de Philip Roth
de Roth, Philip
Jonathan Cape
ISBN : 9780224078696 ; 04/05/2006 ; 192 p. ; Hardcover -
Un homme [Texte imprimé] Philip Roth traduit de l'américain par Josée Kamoun
de Roth, Philip Kamoun, Josée (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070359936 ; 7,50 € ; 05/02/2009 ; 181 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (21)
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Une vie, une mort
Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 29 avril 2020
J’ai aimé ce roman dur et puissant tout en émettant ici certaines réserves : à ne pas lire en temps de confinement (avril 2020).
Dur, dur mais vrai
Critique de Vinmont (, Inscrit le 12 août 2014, 50 ans) - 25 juin 2019
Les mots sont durs et la succession des difficultés est implacable mais cela ne doit pas enlever le mérite de l'auteur de les décrire si bien. Ce livre est bon, le style est beau et nous guide dans les méandres d'une histoire finalement banale et commune.
Le livre est à lire même s'il est dur.
On ne peut réécrire l'histoire
Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 12 novembre 2013
Et c'est ce qu'est ce roman- car c'est un roman.
Rares sont les romans qui parlent du corps, de sa naissance à son enterrement ( ici, à la juive , quand ce sont les familles et les proches qui comblent la fosse, et que cela prend un temps infini). Le roman commence par l'enterrement de cet homme. Et l'on remontera tout au long de sa vie, ponctuée d'atteintes physiques de ce même corps. Car si tout le monde meurt, les parcours de vie, qui sont tout sauf justes et équitables, sont plus ou moins sereins en ce qui concerne l'intégrité physique. Et lui, cet homme, n'est pas épargné.
Son enfance est d'ailleurs racontée au travers d'une opération bénigne. Ses parents sont là, à côté de lui, pour lui donner du courage. Mais , au cours de sa vie, et pendant qu'il accumule les interventions chirurgicales destinées à lui permettre de survivre, il sera de moins en moins accompagné. Et il mourra seul.
Après avoir fait, avec nous, le tour des choses inachevées et des erreurs commises. Après avoir mesuré la perte de tout ce qui avait de l'importance dans sa vie, et là on retrouve les thèmes majeurs de Roth -et ses qualités pour moi- tout d'abord la lucidité sur soi-même, sur ses facultés de résignation, d'acceptation des frustrations, sa tolérance à la solitude , et les remords accumulés tout au long d'une vie.
C'est sec, sans aucune concession ni auto-apitoiement. Un constat, simplement, d'un homme qui est ce qu'il est et fait face avec honnêteté:
On ne peut réécrire l'histoire, lui dit-elle. Il faut prendre la vie comme elle vient. Il faut tenir bon et prendre la vie comme elle vient.
Et puis je voudrais signaler dans ce livre quelques pages sur la douleur physique chronique, qui est un monde en soi, où chaque minute est une vie par ce qu'elle a d'individuel, d'intraduisible , de non partageable, avec une re-naissance dès que cette douleur cesse..
- Vous vous trompez, vous ne savez pas ce que c'est. La dépendance, l'impuissance, l'isolement, la terreur- c'est abominable et c'est honteux. Quand vous souffrez, vous vous mettez à avoir peur de vous-mêmes. Cette aliénation absolue, c'est terrible.
Rares sont les écrivains qui ont le courage de se pencher sur ce thème ...
2,5 étoiles!
Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans) - 25 mai 2012
Miettes d'une vie d'un vieux juif...
Critique de Monde Vrai (Long Beach, Inscrit le 6 décembre 2011, - ans) - 2 janvier 2012
De bonnes amorces joyeuses et aggressives, du pur Roth dans le texte; en fait les vérités et délires d'un directeur artistique de chez Procter & Gamble ou plutôt geignements en tout genre - car il faut noter que le narrateur passe son temps à énumérer nombre de ses déboires à l'hôpital ou à se plaindre de l'inhumanité contagieuse des infirmières, ou encore à nous conter ensuite la tristessse etr la pauvreté de l'âme de ses fils qui le méprisent, sans parler de celle, infinie, des membres de sa famille aujourd'hui disparus ! Or, il faut bien dire qu'il n'y a pas là présente la verve piquante, ou bien dérangeante, ou bref l'aventure, ni le danger des mémoires d'un Casanova ou d'un autre Rousseau, car le personnage principal décrit essentiellement sa vie dans un autre monde (en l'occurence celui de l'élite de NYC et Manhattan) avec toutes les joies et privilèges que cela comporte:
Par exemple l'"antilope" faite pour lui des pieds à la tête et dont il tombe amoureux, ou bien chante les bienfaits quand elle traverse les zebras crossings de la 5ème avenue, nous enchante certes pour son petit trou (de la serrure ?) et ces ivresses de salle de bain mais cela est légèrement insuffisant pour totalement justifier une telle oeuvre littéraire. Et puis on entraperçoit que Phoebe; sa maîtresse, les "jeunes filles" qu'il rencontre, ne sont pas dûes à des prouesses exeptionnelles de sa part ou à une forme exceptionnelle de cheval mais sont surtout le fruit de son argent et de ses relations -comme il le stipule d'ailleurs lui-même d'emblée. De fait être surpris du départ de sa femme Cécilia, et y consacrer dés lors tant de chapitres est assez paradoxal... On trouve donc byzarrement, dans "Un homme", le grand enfant gâté-pourri et new-yorkais de "Portnoy et son complexe" avec ses réflexions justes et acerbes, possédant tous les vices, toutes les déviances, sans toutefois aucune de celles qui comptent, urbain mais un peu glauque, parfois rebelle mais surtout bourgeois au destin très tracé, et comme il s'agit de la frénésie sexuelle et des vantardises machistes et crus d'un vrai prédateur, et non des aventures en roue libre de quelque séducteur, de fait, malgré la critique de la société sous-jacente, le lecteur ne peut que sourire à certains passages sans éprouver de réelle empathie pour lui, ou même tomber sous le charme d'un livre qu'il sait un peu vain et inique à la base. Oui, les vieux schnoques plaisent en général, et sans trop se forcer, on sait. Mais et ensuite ?
Plutôt comique pour quelqu'un qui prétend que le monde est "un enfer de débilité", et avouons que le tout est tout de même très imprégné de pathos. Un homme mène au Jourdain.
Un homme ...tout simplement
Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 23 mars 2011
C'est donc l'écriture de P Roth qui m'a conquis, et je ne demande qu'à en découvrir d'autres facettes.
Pas "Un homme", tout homme
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 12 novembre 2010
Notre lot à tous. C'est pour cela que ce livre est si fort et si prenant.
Beau comme un diamant noir
Critique de Bartleby (Piré sur seiche, Inscrit le 14 octobre 2010, 48 ans) - 14 octobre 2010
DU TRES GRAND ROTH
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 27 juillet 2010
Il arrive très bien et très facilement à nous faire partager une histoire somme toute banale sur un homme banal, lequel pourrait être vous... ou moi!
Mais c'est sans aucun doute cette banalité qui fait tout l'intérêt de ce livre... suivre l'histoire de cet homme qui prétend avoir "raté" sa vie, devient vite très prenant, très passionnant, et il est vrai qu'à la fin on se prend à regretter que le livre ne comporte pas quelques pages en plus...
Assurément un très grand livre, à lire d'urgence!
Pourquoi tant d'éloges ?
Critique de Yohann (, Inscrit le 16 juillet 2010, 41 ans) - 16 juillet 2010
Autant le dire sans détour, je n’ai pas trouvé de grand intérêt à ce livre.
Le thème : la fin de vie, subie, d’un homme banal…
Le sujet aurait pu m’intéresser si il avait abordé la fin de vie d’un homme hors du commun ou les aspects propres à la vieillesse du comportement (démences, vision de la mort, décalage avec la société, etc.). Le problème c’est que je n’ai trouvé dans ce récit que les aspects les plus banals et communs d’un homme banal et commun… Le roman nous parle assez froidement de sa vie familiale ratée, de ses problèmes de santé (parfois glauques), et de son quotidien fade, ça tourne presque au voyeurisme…
Un peu comme une discussion de salle d’attente d’un médecin … sur 180 pages.
Le style : mis à part quelques passages d’une lourdeur à peine croyable, l’écriture est simple, facile. Le livre est court et se lit vite (bon point !).
En synthèse :
Les fan de Philip Roth décèleront peut-être dans ce roman certains points autobiographiques ou certains clin d’œils. Pour ma part j’ai du mal à voir ce qui a motivé l’écriture de ce livre : quel est le message ? la mise en garde ? l’enseignement ? La seule volonté de présenter cette histoire ?
Tout dépend de pourquoi vous lisez, moi je n’y ai rien trouvé d’intéressant mais peut être l'ai-je lu trop tôt ?
Bonne lecture
Yohann
Un chef-d'oeuvre...
Critique de Lascavia (, Inscrite le 2 avril 2010, - ans) - 18 mai 2010
Editions Gallimard – 2007
Présentation de l'éditeur
« Un homme. Un homme parmi d'autres. Le destin du personnage de Philip Roth est retracé depuis sa première et terrible confrontation avec la mort sur les plages idylliques de son enfance jusque dans son vieil âge, quand le déchire la vision de la déchéance de ses contemporains et que ses propres maux physiques l'accablent. Entre-temps, publicitaire à succès dans une agence à New York, il aura connu épreuves familiales et satisfactions professionnelles. D'un premier mariage, il a eu deux fils qui le méprisent et, d'un second, une fille qui l'adore. Il est le frère bien-aimé d'un homme sympathique dont la santé vigoureuse lui inspire amertume et envie, et l'ex-mari de trois femmes, très différentes, qu'il a entraînées dans des mariages chaotiques. En fin de compte, c'est un homme qui est devenu ce qu'il ne voulait pas être. Ce roman puissant - le vingt-septième de Roth - prend pour territoire le corps humain. Il a pour sujet l'expérience qui nous est commune et nous terrifie tous. »
L’histoire débute par la fin, dans un vieux cimetière juif où le personnage principal va être enterré, entouré par une famille désunie et quelques anciens collègues.
L’auteur raconte alors l’existence de cet homme. Fils d’un bijoutier juif, il deviendra publicitaire renommé, puis peintre au moment de la retraite. Sa vie amoureuse est une succession d’échecs : trois mariages, trois divorces, deux fils qui le haïssent, un frère qui l’aura toujours protégé mais qu’il va envier puis rejeter, une fille qui l’aime mais qui construit sa vie sans lui.
Un homme à la santé précaire dès le plus jeune âge, dont la vie est une fuite en avant, marquée par l’égoïsme, la peur de vieillir, celle de ne plus pouvoir séduire. La maladie, la vieillesse, la déchéance du corps et de l’esprit, la mort enfin sont les pierres angulaires sur lesquelles est bâti ce roman profondément réaliste. L’auteur ne donnera pas de nom à son personnage. Il pourrait être n’importe quel homme, ou bien peut-être l’auteur lui-même ?
Peu importe, le roman de Philip Roth est un véritable chef d’œuvre à tous points de vue. A travers la vie et les questionnements incessants du personnage principal, ce sont les doutes, les peurs, les combats de tous les hommes contre leur « mortalité » qui surgissent. Un roman dense, profond, émouvant. Fascinant.
L’homme de Philip Roth, c’est vous, c’est nous, c’est moi.
J’avais emprunté ce roman à la bibliothèque. Depuis, je l’ai acheté pour le conserver.
JMP 05/2010
Qu'est-ce qu'une vie?
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 7 février 2010
Le récit de cet homme est bref, deux ou trois événements marquants. "Une vie? C'est cruellement fulgurant, c'est magnifiquement dérisoire" a dit l'auteur new-yorkais dans un magazine. Et, il est clair que cette vie narrée par Philip Roth est l'un de ses romans les plus désabusés. Peut-être pas l'un de meilleurs que j'ai lu, mais, même en mode mineur, il y a toujours quelque chose à retire d'un livre de Philip Roth.
Sublimation d'un cycle morbide
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 26 avril 2009
Ce roman court pratique l'humour noir et une analyse froide et grinçante d'un cycle familial fatal, des erreurs de parcours d'une vie chaotique, dans un style toujours aussi beau et vertigineux.
Si cette lecture est rude, elle n'en est pas moins enrichissante.
histoire de vie
Critique de Azilha (, Inscrite le 21 décembre 2008, 45 ans) - 19 mars 2009
Ce roman retrace la vie d'un homme parmi d'autres, et fait un bilan sans aucune complaisance de son tracé de vie, parle de la peur de vieillir, évoque aussi la crainte de souffrir, et surtout de mourir. J'ai trouvé ce texte d'une très grande puissance, sur un sujet, qui bien entendu est universel puisqu'il nous concerne tous ! Si le sujet est tendu, le livre se lit néanmoins facilement. C'est un bon petit livre à lire pour ce début de printemps !
Notre histoire
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 10 octobre 2008
C'est la littérature dans ce qu'elle a de mieux, à travers cet homme qui nous devient proche, l'auteur nous met en face de l'insondable mystère de la vie et de la mort.
Il y a quelques années, je conduisais un voisin à l'hôpital, un vieux qui allait voir son épouse en train de mourir. De voir cette femme en train de mourir m'avait fortement touché, la manière dont elle me regardait, ça me donnait de l'énergie, peut-être que ça me permettait de voir le prix de la vie. Et bien c'est la même chose avec ce livre de Roth : on pénètre dans une histoire qui n'est pas la notre mais qui finalement partage la même destinée, et du coup on attache plus d'importance à notre propre histoire.
« La chair se dissout et les os demeurent »
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 6 septembre 2008
" On ne fait rien qui ne se retourne contre soi, pas même peindre des tableaux à la con."
« Il y a des gens comme ça, des gens d’une bonté qui saute aux yeux, de vrais miracles, et la chance avait voulu que son incorruptible fille soit un de ces miracles-là. »
« Il avait troqué une femme-ressource contre une femme qui se lézardait à la moindre tension. »
« Le meilleur de la vieillesse (est) justement cette nostalgie du meilleur de l’enfance »
« La vieillesse est une bataille, il faut lutter sur tous les fronts (…)
Ce n’est pas une bataille, la vieillesse, c’est un massacre. »
« Il était temps de s’inquiéter du néant. »
Mon passage préféré est celui dans lequel nous est montré le personnage sur la tombe de ses parents, notre rapport aux os - une évidence qui nous échappe. Désormais chérissons nos os comme la partie sinon la plus noble la plus durable de notre éphémère personne!
« Une fois en compagnie de ces os, il ne put les quitter, ne put s’empêcher de leur parler, d’écouter ce qu’ils lui disaient. Entre lui et ces os, l’échange était puissant, bien plus puissant aujourd’hui, qu’entre lui et les êtres encore vêtus de chair, car la chair se dissout, et les os demeurent. Ces os étaient la seule consolation, pour un homme qui ne croit pas à l’au-delà, qui sait pertinemment que Dieu est une fiction, et que cette vie est la seule qui nous soit donnée. (…) Il n’avait pas l’impression de jouer. Il n’avait pas l’impression de prendre ses désirs pour des réalités. La réalité, précisément, c’était l’intensité du lien avec ces os. »
deuxième essai concluant
Critique de Agnes (Marbaix-la-Tour, Inscrite le 19 février 2002, 59 ans) - 3 mai 2008
Ici, c'est tout autre chose, il s'agit d'un livre de 152 pages, parcourant la vie d'un homme, racontée par lui-même, depuis le jour de son enterrement qu'il suit de là-haut.
Je l'ai trouvé très attachant cet homme, avec ces tentations, ces faiblesses, mais aussi son grand amour pour sa fille, son honnêteté face à ses erreurs commises et à ses sentiments vis à vis des siens, bref, j'ai beaucoup aimé l'écriture et l'histoire aussi, j'adore les livres qui fouillent la psychologie des personnages et ici, j'ai été gâtée, 150 pages d'auto-critique que j'ai trouvées très correctes
Lucide et desespéré
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 2 mars 2008
Ce qu’il advient du personnage est alors représentatif de ce que tout homme doit se préparer à vivre et ressentir quand il devient septuagénaire : le corps qui lâche , les amis qui disparaissent ou sombrent dans une décrépitude préfigurant ce qui l’attend, les projets qui n’ont plus d’intérêt, les échecs ou insuffisances de la vie qu’on ressasse…..Les seuls souvenirs heureux et consolateurs sont ceux des moments de plénitude amoureuse, et du cocon protecteur de l’enfance .
Philippe Roth jette ainsi un regard lucide et plutôt désespéré sur cette étape de la vie qu’il caractérise par les termes à connotation guerrière : bataille, massacre et sur l’inéluctabilité de la déchéance . Le passage où le héros reçoit les confidences de Millicent Kramer qui montre la souffrance dans la solitude comme « une aliénation absolue », est bouleversant . Le village communautaire des retraités à Starfish Beach où il a loué un bengalow , où tout est conçu pour offrir aux retraités l’accès aux loisirs sportifs, culturels, pour s’épanouir et prendre leur revanche sur une vie antérieuse professionnele et familiale contraignante paraît dérisoire face au vide existentiel de ses résidents . Une nouvelle forme de l’american way of life impuissante à assurer une vieillesse paisible !
Chaque homme y passe
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 25 février 2008
Difficile de s’emballer pour un roman qui nous rappelle à chaque page notre fragilité et notre inévitable destination.
(Prix PEN/Faulkner)
- lu en version originale -
Le plus dur...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 17 décembre 2007
Pourquoi le plus dur, alors qu'il parle de ce qui doit arriver à tous les hommes ? Tout simplement parce que presque tout dans notre comportement suppose que nous soyons immortels.
Aussi, l'auteur nous force ici à ouvrir grands les yeux sur notre destin, notre futur à plus ou moins long ou moyen terme.
Ce qui est le plus terrible, à mes yeux, c'est la description de la plus ou moins lente pente vers la vieillesse, avec tous ses bobos qui finissent par devenir une obsession.
Bien sûr c'est la voix de la vérité, sauf à plonger dans le néant d'un coup brutal.
Il est vrai que les qualités d'écriture de Philip Roth nous rendent ce triste voyage supportable.
Il n'en demeure pas moins que je préfère mille fois le même voyage décrit par Jim Harrison dans "Retour en terre" au travers de la voix de Donald.
L'homme qu'il ne voulait pas être
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 10 novembre 2007
Et c’est parce que c’est une fiction que ce livre est si touchant, émouvant et parfois bouleversant. Un document n’aurait été qu’une réflexion sur la mort - probablement intéressante en raison de la qualité de l’écrivain -, alors que ce récit qui ne verse jamais dans la sensiblerie est troublant par l’angoisse qu’il crée et impressionnant par le talent encore une fois affirmé de Philip Roth.
Cet homme, ce vous, ce moi a eu une vie au « conformisme agréable. » Une famille unie, affectueuse, un père fort et responsable, fier de ses gamins, un frère qui fut son vrai « premier amour », une enfance sans histoire si ce n’est l’opération d’une hernie qui lui fait découvrir le monde de l’hôpital. « Raisonnable, gentil, mesuré, industrieux, si conventionnel qu’il n’avait pas osé se lancer, à sa sortie des Beaux-Arts, dans la peinture. » Une carrière intéressante dans la publicité et l’age venu une retraite dans un village pour retraités, au bord de la mer, lui qui aime tant nager. Si ce village est décrit comme un prospectus sur papier glacé, on a oublié de dire que n’y vivent que des vieux dont « le carnet de santé devient le carnet de bord. » Qui plus est, il y vit seul. Sa vie a été abimée par des échecs sentimentaux, trois mariages ratés, deux garçons qui ne lui ont jamais pardonné d’avoir quitté leur mère et sont irrémédiablement distants et méprisants, un frère dont il s’est éloigné. Seule sa fille reste la tendresse de cette fin de vie.
Cet homme, ce vous, ce moi a eu longtemps une excellente santé même si à 34 ans on l’a opéré d’une péritonite. C’est vrai que, déjà, il est « terrifié à l’idée de sa propre fin. » Puis à 56 ans, au moment où meurt son père, il subit un pontage coronarien et onze ans plus tard une tension trop forte le conduit à nouveau à l’hôpital où il retournera ensuite chaque année. « Sa vie se résumait désormais à l’histoire de son déclin physique. »
Philip Roth fait des retours en arrière, évoque des souvenirs, dresse l’inventaire des pertes d’une vie. Car ce livre est un récit sur la perte : le regret de l’enfance perdue, la perte d’une femme qu’il trompe et qui lui reproche surtout ses mensonges qui ne sont « qu’une manipulation minable, une manipulation méprisable de l’autre », la distance de ses garçons, l’éloignement de son frère tant aimé qu’il se prend à détester pour sa santé de fer, l’ennui que lui procure maintenant la peinture à laquelle il voulait consacrer sa retraite, la disparition de ses amis, le lâchage de son corps trop « griffé par le temps. » Garçon raisonnable, gentil, etc. serait-il finalement devenu « père raté, frère envieux, mari menteur, fils inutile » ?
C’est cette décrépitude, cette tragédie, aussi personnelle qu’universelle, que décrit Philip Roth comme un chirurgien ferait une leçon d’anatomie, avec des mots précis, concrets, sans emphase. Il parle du rabougrissement du corps, de la virilité atrophiée - drame pour cet homme qui plaisait tant aux femmes-, du rétrécissement de l’intérêt pour les êtres et les choses, de la solitude, de la douleur qui vous isole –« on est bien seul quand on a mal »-, de la tentative dérisoire pour recréer l’illusion du bon vieux temps, de l’aigrissement du caractère, « piège mortel de la longue maladie. »
Serait-il donc devenu "cet homme qu'il ne voulait pas être"?
Cet athée pour qui « la religion était une imposture qu’il avait démasquée très tôt dans la vie » attend mais il n’a rien à attendre, à l’inverse du croyant. Il est « perdu, ramené à rien ». Sa devise était « il faut tenir et prendre la vie comme elle vient. Il n’y a pas le choix. » Mais il découvre que la vieillesse « ce n’est pas une bataille, c’est un massacre. »
Oui, Roth a écrit un livre bouleversant de pudeur pour dire la solitude face à cette réalité écrasante et angoissante : notre mort.
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Pourquoi lire ce livre ? | 8 | Saule | 25 juillet 2010 @ 18:36 |