La nuit des chats bottés de Frédéric H. Fajardie (Scénario), Boris Beuzelin (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers

Critiqué par Shelton, le 23 septembre 2006 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 10 étoiles
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Ouaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhh !!!

On pourrait commencer cette petite présentation en disant qu’il s’agit tout simplement de l’adaptation en bande dessinée d’un roman culte de Frédéric Fajardie… Oui, mais il faudrait définir ce qu’est un roman culte… et compléter la réflexion en se demandant si certains romans de Frédéric Fajardie ont échappé à cette dénomination de « roman culte »…
Oui, je suis un fan des œuvres de Fajardie depuis de très longues années. Tout a commencé avec ce roman bouleversant « Une charrette pleine d’étoiles » qui m’a donné envie de découvrir le reste, ces fameux petits romans noirs et rouges, plein de hargne, de violence, de besoin de changer le monde, de le rendre meilleur, au besoin en utilisant la force… C’est ainsi que je me suis retrouvé, un jour de 1993, lors de sa réédition aux éditions de La Table Ronde, avec La nuit des chats bottés dans les mains… Deux heures de lectures folles, deux de bonheur intense… La grande vengeance des militaires et du prolétariat sur la bourgeoisie et les dirigeants de la Nation, avec, en surcroît, la bénédiction Urbi et Orbi du divisionnaire Nollet… Rien ne va plus dans ce bon royaume de France…
Stéphan et Paul, deux anciens militaires, sont touchés par une jeune femme, Jeanne. Stéphan en tombe amoureux fou… Si, ça peut arriver et Frédéric Fajardie aime ces relations romantiques, lui qui ouvre tous ses romans par un petit mot doux à celle qu’il aime depuis… toujours, la fameuse Francine… Jeanne, nostalgique, désespérée et sans aucune illusion sur son avenir, raconte la vie monotone de son père, exploité depuis toujours et mort récemment… Les deux hommes décident de lui offrir une vengeance posthume, un raz de marée total et ravageur, le genre de calamité naturelle qui ne laisse rien derrière elle, une sorte de Gengis Khan ou d’Attila sortie de nulle part et que l’on ne peut pas arrêter…
Oui, tous les lieux qui symbolisent cette exploitation, cette vie de misère devront disparaître… pour laisser place à un amour qui ne prendrait jamais fin… « Il était tout simplement sa vie, son soleil, l’astre autour duquel elle entendait graviter tendrement jusqu’à la fin de leur temps humain ».
Oui, c’est bien un roman culte dont il s’agit, écrit en 1977, au cœur des années Giscard, quand la bourgeoisie française croyait être arrivée au zénith et devoir y rester pour toujours… Ce roman sonnait la révolte, réveillait une jeunesse endormie, chantait un lendemain qui enchanterait ceux qui auraient le courage de se redresser…
Mais le temps a passé, les années se sont accumulées, et il devient presque impossible d’appeler à la Révolution, si romantique soit-elle… Alors qui aurait bien eu le courage d’adapter ce roman en bande dessinée ? Boris Beuzelin a relevé ce défi et avec un brio que personne ne pourra lui enlever, à commencer par Frédéric Fajardie qui dit : « J’ai adhéré dès le premier dessin. J’ai su que c’était lui, qu’avec le mien, son nom allait dorénavant se confondre avec La nuit des chats bottés dans une histoire qui dépasse sans doute ses créateurs, apparaissant comme un manifeste de l’amour fou et romantique, de l’anarchie… ».
Bien qu’ayant lu déjà au moins quatre fois ce roman, j’ai pris la bande dessinée et je l’ai lue en une heure trente avec délectation et autant de plaisir que si je n’avais pas connu l’œuvre initiale. Il faut dire que cette version en bande dessinée est autre. Une adaptation n’est pas une copie, c’est appropriation par le dessinateur qui offre un visage à Jeanne, Paul, Stéphan, Jack, leur donne une réalité physique, nous offre une image qui était déjà au cœur du roman car l’écriture « fajardienne » est visuelle, de toute évidence, mais cela demandait une imagination que certains lecteurs n’arrivaient pas à actionner. Maintenant, le résultat nous plonge dans une histoire géniale avec efficacité et dynamisme… C’est, tout simplement, époustouflant !
Que ce soit, pour moi, l’occasion de redire tout le bien que je pense de cette collection, Ecriture, qui donne aux auteurs des espaces illimités (120 planches en noir et blanc, en format roman, donc facile à lire partout, y compris dans les transports en commun), qui propose aux lecteurs des textes qui sortent du commun, des auteurs de qualité (Baru, Taniguchi, Mattotti, Masson, Thompson… et maintenant Beuzelin et Fajardie).
Vraiment, la bande dessinée est en train de devenir adulte. Elle ose tout raconter et elle le fait bien. Ce sera l’art narratif majeur du XXIème siècle, n’en doutons plus… Ah ! Vous ne lisez pas encore de bédés ? N’hésitez plus un instant, il est encore temps de nous rejoindre…
Il me reste encore à donner une note à cet album… Disons que le roman de départ méritait déjà 5 étoiles… Le dessin et la narration graphique de Boris Beuzelin enrichissent le texte… Donc, 6 ou 7 étoiles me sembleraient méritées… Peut-être, même, encore un petit peu plus…
A lire de toute urgence, à garder chez soi, à faire lire, à offrir, à distribuer dans la rue, à ses amis, et, même, à ses collègues de travail…

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Les éditions

  • La nuit des chats bottés [Texte imprimé] scénario et dessin, Boris Beuzelin d'après l'oeuvre de Frédéric H. Fajardie
    de Beuzelin, Boris (Illustrateur) Fajardie, Frédéric H. (Scénariste)
    Casterman / Écritures (Bruxelles. 2002)
    ISBN : 9782203396241 ; 14,50 € ; 08/09/2006 ; 123 p. ; Roman
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  Qui connait (aime) les romans de Fajardie ? 5 Shelton 21 novembre 2006 @ 19:41

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