Où sont-ils ceux qui n'ont jamais soif ?
de Marie Ortolan

critiqué par Persée, le 21 juillet 2001
(La Louvière - 73 ans)


La note:  étoiles
L'amer à boire
Une histoire vécue. Dans la douleur. Elle, qui jusque là refusait de voir la réalité en face, découvre que son mari sombre dans l'alcoolisme.
Va-t-elle l'accompagner dans sa descente aux enfers ? Elle consentira à faire un bout de chemin, un pas vers cet abîme qui happe ceux qui tendent la main aux naufragés de la bouteille sans prendre la précaution de s'amarrer solidement à la berge.
C'est que l'alcoolique profond peut encore user de son charme. Au point qu’un jour, les époux se retrouvent, amants transis, sur le récif où une vague bienveillante les a rejetés. Moment touchant du récit, décrit avec retenue. Beau à en pleurer.
Mais l'accalmie est brève et à nouveau le temps se gâte. C'est la rechute. « Elle » finit par comprendre que le salut ne pourra venir que de lui seul.. « Elle » lui a fourni toutes les armes un peu dérisoires qui pourraient lui servir. A lui de les utiliser. Ravagée comme une ville mise à sac, elle l’observera désormais de loin, qui se débat dans la tourmente.
Le récit se veut une mise en garde sans fards contre les méfaits de l’alcool, beaucoup plus pervers que pourrait le laisser croire une société trop complaisante. L’assuétude à l’alcool est une toxicomanie qui refuse de dire son nom et que les médecins répugnent à nommer. Au point que l'auteur estime devoir en faire une description clinique assez édifiante.
Quand on referme le livre, on se dit : « Comment a-t-elle pu supporter si longtemps un tel calvaire ? » Puis, imperceptiblement, on en vient à penser : « Tudieu ! Quelle belle histoire d'amour ! Quelle tendre, quelle déchirante, quelle courageuse histoire d’amour ! »
Bravo ! 9 étoiles

Quelle superbe critique !... Le problème, c'est qu'il n'est pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! Quant à moi, j'ai soif aussi ! Mais uniquemment quand je reçois, quand je sors avec des copains et que c'est la fête... Pour le reste abstinence totale! De l'eau et encore de l'éau... par contre, la cigarette... Une foutue drogue comme une autre, mais elle laisse l'esprit clair et n'a pas (encore) cette étiquette qui rabaisse aussi fort dans l'esprit des gens. Le plus dur, j'en ai l'expérience pour deux personnes autour de moi, c'est de faire comprendre à quelqu'un vers où il va... Il répond toujours "Si je veux, je m'arrête demain"... Mais il ne le fait jamais...
Un fléau qui ravage surtout les pays de l'Est, mais ce qui est affolant, c'est que, d'après les statistiques, il y a de plus en plus de femmes qui boivent et qui fument. C'était moins le cas avant... Décidément, ce livre ci et celui de Desnos qui va arriver prochainement sur l'opium...
Gâtés !...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 26 juillet 2001