Eloge du repos de Paul Morand
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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L'épargne n'est estimée comme une vertu qu'en France
"Voyager, c'est demander d'un coup à la distance ce que le temps ne pourrait nous donner que peu à peu"
Superbe petit essai sur la paresse et le voyage, qu'avait écrit Paul Morand en 1937, alors que le gouvernement de Blum venait d'instaurer les congés payés.
Morand toujours brillant, jamais ennuyeux, parfois agaçant , nous promène au royaume du plaisir et de l'oisiveté.
La première partie est consacrée aux vertus de l'oisiveté, la deuxième est un guide pratique du voyage , alors que la troisieme partie s'intéresse au sport
Cette derniere partie est moins passionnante, et traduit le goût parfois écoeurant de l'auteur pour la compétition et les valeurs viriles.
Il y a chez Morand, deux natures, la première, sensible, exprimée par le raffinement du style, la sûreté du goût, la préciosité du propos et l'autre , fascinée par la force physique , la modernité, la technologie. comme si la deuxième nature voulait excuser la première.
Morand est une sorte de Karajan au visage impassible mais dont la moindre nuance de l'orchestre qu'il dirigeait se lisait dans les yeux, sans que le visage n'en traduise l'émotion. Comme Morand, le grand Karajan ne cachait pas son goût pour les bateaux monumentaux et les voitures de sport au luxe ostentatoire. Paradoxe de l"artiste, où le materiel viendrait comme un voile de pudeur masquer la dimension divine de la beauté qu'ils approchent.
La partie sur le voyage est pleine d'humour et l'on est frappé par l'actualité du propos. Morand est un spécialiste du voyage, véritable globe-trotter.
Il fait tantôt l'éloge du voyage sans argent (passage nostalgique sur le pauvre qui se fait matelot pour découvrir le monde "connaissant l'extérieur des pays, et l'intérieur des hommes" ... sic...)tantôt celui du voyage de la haute sociétè, pour laquelle il donne un bon nombre de conseils " Ne promettez pas à tout venant la légion d'honneur, pour vous dispenser d'offrir des fleurs". ou bien "Ne dites pas , l'Italie est le pays des amoureux, mais plutôt : n'ai-je pas lu le nom de votre famille dans la Divine Comèdie ?"
Tres intéressante réflexion sur la vitesse, surtout lorsque l'on connaît le goût de Morand pour les voitures de sport. "la vitesse tue la forme d'un paysage . Vue à 500 à l'heure que reste- t-il ? rien " . "l artiste est un aristocrate, il travaille lentement. La vitesse tue la couleur : le giroscope, quand il tourne au plus vite, fait du gris ! regardez la peinture moderne"
vous l'aurez compris, ces 100 courtes pages se lisent avec beaucoup de bonheur et de plaisir. Une reflexion agreable qui n'a pas pris une ride.
citations : "qu'il (le touriste français) rompe avec ses habitudes nationales d'economie. L'épargne n'est estimée comme une vertu qu'en France'
tiré du recueil Apprendre à se reposer éd. Flammarion 1937
Les éditions
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Eloge du repos [Texte imprimé], apprendre à se reposer Paul Morand
de Morand, Paul
Arléa / Collection Arléa-poche.
ISBN : 9782869592889 ; 6,00 € ; 18/06/2004 ; 130 p. ; poche
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Critique de Commelejour (, Inscrite le 29 décembre 2007, 51 ans) - 22 janvier 2008
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