Samedi de Ian McEwan
( Saturday)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Le présent imparfait
"Samedi" raconte une journée dans la vie d’un neurochirurgien londonien. Un intellectuel chanceux, heureux dans son mariage. Ses enfants sont sans histoires et promis à un avenir radieux. Le bon docteur est un modèle de citoyen occidental.
Tout bascule lorsqu’il est victime d’un accrochage dans sa voiture de luxe. Il doit alors faire face à un trio colérique de petits bandits des routes. Mais grâce à son intelligence, celui-ci réussit à calmer les pulsions violentes de ses tourmenteurs. L’incident malheureux aura un contrecoup qui placera sa famille en danger.
La trame, de prime abord simpliste, est en fait une métaphore maladroite pour illustrer sur une petite échelle une attaque de nos valeurs libérales. Ou comment notre isolement, dans une bulle protectrice, ne nous immunise pas contre une menace terroriste.
Entre les banalités du quotidien, McEwan dépeint habilement le climat de stress réprimé d’un monde post 9/11, avant la guerre en Irak. Le discours politique sous-jacent est subtil et livré avec des arguments ambigus soulevant plus de questions que de réponses. Il s’agit de la plus grande qualité de cette œuvre. Son ton et l’élégance de sa prose.
Aucunement spectaculaire, ce roman démontre par contre, le talent d’un des grands écrivains contemporains anglais.
Les éditions
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Samedi [Texte imprimé], roman Ian McEwan traduit de l'anglais par France Camus-Pichon
de McEwan, Ian Camus-Pichon, France (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782070775361 ; 21,30 € ; 05/10/2006 ; 352 p. ; broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (15)
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La mise à mal de certitudes..
Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 2 janvier 2014
Sauf que..... et bien sauf que dès le départ, cette journée ne va pas suivre le cours prévu par son acteur. La vision très matinale d'un moteur d'avion dans le ciel londonien ( terrorisme, accident?) , les rues bloquées par les manifestants contre la guerre en Irak ( à quoi va aboutir cette guerre?), l'altercation avec un autre automobiliste ( présentant des signes visibles à l'oeil d'un spécialiste d'une grave anomalie neurologique, s'en servir ou non? ), et finalement, l'intrusion de la violence , la vraie, au sein même de sa vie familiale. Perowne débute sa journée dans la certitude d'une vie établie, il l'achève avec la seule certitude possible, la constatation de "la vitesse à laquelle les conséquences d'une action vous échappent et engendrent de nouveaux évènements."
Réflexion banale..... et oui..., mais en fait ( je laisse de côté les aspects narratifs et descriptifs du roman, très bien faits, presque cinématographiques), le thème de réflexion est là. A quoi sert à ce neurochirurgien de comprendre, comprendre ce qu'était le problème de l'avion matinal avec ce " besoin compulsif de communier avec nos semblables dans une anxiété généralisée", comprendre la pathologie exacte de son agresseur, vérifiée plus tard sur l'iconographie? A quoi, concrètement? Est-ce qu'on peut tout comprendre, tout prévoir? Est-ce qu'il ne faut pas savoir revenir au "peut être que...", au doute? Est ce que pour pénétrer l'esprit humain, les mots ne sont pas plus efficaces que le bistouri? Est-ce que les métiers choisis par ses enfants doivent vraiment n'être considérés qu'avec indulgence? Sa fille écrit des poèmes, et, ironiquement, c'est la lecture d'un poème qui le sauvera, lui et les siens. Son fils est musicien , et finalement, le point fort de cette journée a été de l'entendre:
" C'est alors qu'ils - les musiciens- nous offrent un aperçu de ce que nous pourrions être, de ce que nous avons de meilleur, de ce monde impossible où l'on donne tout aux autres sans rien perdre de soi-même . Dans le monde réel, il existe des programmes détaillés, des projets visionnaires de sociétés paisibles, sans conflit, promettant le bonheur à tous et pour toujours- des mirages au nom desquels les gens sont prêts à tuer et se faire tuer. Le royaume du Christ sur terre, le paradis des travailleurs, l'état islamique idéal. Mais seule la musique, en de rares occasions, laisse vraiment entrevoir cette communauté de rêve, séduisante illusion qui s'évanouit avec les dernières notes ."
Ian Mc Ewan pose des questions sur l'époque dans laquelle nous vivons, dont il n'a évidemment pas les réponses, car il n'y a pas de réponse à tout, mais l'intérêt de la littérature est bien de savoir poser les questions....
" L'avenir est plus difficile à déchiffrer, l'horizon rendu indistinct par la multiplicité des possibles. Cent ans plus tôt, peut-être un médecin dans un peignoir de soie méditait-il sur le siècle qui venait de naître. On peut envier à ce gentleman édouardien tout ce qu'il ignorait encore.S'il avait de jeunes fils, il risquait de les perdre douze ans plus tard sur le front de la Somme".....
What a day !
Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 20 mars 2013
Cet avion sera le fil rouge de la journée de ce neurochirurgien qui ce soir-là doit accueillir sa fille et son beau-père à dîner après trois ans de brouille.
Au cœur des événements qui préparent les interventions armées occidentales en Irak, la grande manifestation de Londres est l’autre filigrane de ce roman. Galerie de personnages qui fondent la famille de ce brillant chirurgien, sa femme Rosalind, son musicien de fils Théo, Daisy sa fille poétesse en herbe et la beau-père Grammaticus, poète « maudit », réfugié dans un château de l’Ariège.
Un accident de voiture, un avion en flammes et cette journée de repos (samedi) et de retrouvailles va se trouver bouleversée, en fait divers mais aussi en introspection d’ensemble qui permettra à notre héros de se poser quelques bonnes questions sur le sens de sa vie.
Le cerveau
Critique de Isis (Chaville, Inscrite le 7 novembre 2010, 79 ans) - 7 janvier 2012
En contrepoint de ces digressions parfois irritantes sur le plan de la forme, on relèvera l’originalité du fond, le thème générateur de ce «samedi pas comme les autres» étant, en définitive, le cerveau : tout d'abord, celui qu’opère quotidiennement notre héros principal et celui de Rosalind son épouse, sauvé -c'était écrit- par la neurochirurgie ; ensuite, le cerveau de Baxter, déjà atteint dans ses gènes par une maladie orpheline puis accidentellement endommagé ou celui de Lily, la mère d’Henry, qui sombre peu à peu dans la dégénérescence sénile.
Enfin, au plan collectif, le cerveau de ceux qui fomentent des attentats, générant ainsi depuis un certain 11 septembre, une phobie quasi constante du terrorisme ou, de celui des gouvernants qui décident d’intervenir ou non en Irak. Autant de pulsions imprévisibles et de hasards qui décident aujourd’hui, plus que jamais, du sort des autres humains.
Rien ne sera plus comme avant dans le monde, depuis cette date fatidique, ni dans la famille d'Henry Perowne, après cette journée mémorable !
Au total, ainsi que le commente la quatrième de couverture, ce samedi est donc aussi «une métaphore de toutes nos vies fragiles d’occidentaux pris dans la tourmente de ce début de siècle».
Une réflexion humaine
Critique de Kaftoli (Laval, Inscrit le 29 mai 2010, 59 ans) - 4 mai 2011
Il y a des moments dignes d'être mentionnés: outre la scène d'ouverture qui nous plonge d'emblée dans une atmosphère paranoiaque, réaliste, je retiens la description du match de squash entre Perowne et son collègue anesthésiste qui fait comprendre les états d'âme (je n'aurais jamais pensé écrire un jour que la description d'un match était digne d'intérêt...). Les scènes clés de confrontation entre Baxter (l'agresseur imprévisible) et Perowne sont efficaces.
Je conseille la lecture de ce roman pour qui veut découvrir un personnage humaniste moderne ou tout simplement pour savoir comment la poésie a pu sauver, littéralement, toute une famille.
Sauce trop délayée
Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 15 novembre 2010
Divers enchaînements permettent à l’auteur d’aborder d’autres sujets, multiples. Avec notamment une réflexion sur l’opportunité d’aller attaquer l’Irak (l’action se situe juste avant). Mais ces digressions sont beaucoup trop longues, surtout lorsqu’il s’agit de petites anecdotes. Fallait-il, sur des pages et des pages, décrire par le menu une partie de squash ? A noter que l’histoire ne commence véritablement que vers la page 110… De ce fait, il y a beaucoup de passages franchement lassants, voire incompréhensibles pour le néophyte. Un exemple, significatif :
« Alors même qu’il (le chirurgien) se retourne vers Baxter (nb. l’homme qui l’agressé) avec surprise et voit, ou plutôt pressent ce qui arrive sur lui, il reste en partie dans son rôle de praticien capable de diagnostiquer un manque de maîtrise de soi, une émotivité excessive, un tempérament explosif sans doute dû à un taux insuffisant de GABA sur les récepteurs spécifiques de certains neurones. D’où, certainement, une incidence négative sur la présence de deux enzymes dans le corps strié et le pallidum latéral – l’acide glutamique décarboxylase et l’acétylcholine ».
Bon sang, mais c’est bien sûr…
Une journée d'un médecin anglais
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 26 septembre 2010
Le personnage, un scientifique érudit, livre des réflexions de portée métaphysique vraiment intéressantes sur la destinée humaine, la vieillesse, la famille. L'auteur insère dans le récit quelques scènes de chirurgie de manière très habile et très bien documentée, ce qui est tout aussi prenant qu'un thriller. Benjamin, dans la critique principale, fait le parallèle entre la peur des attentats terroristes et ce qui arrive au médecin pendant la journée, c'est très bien vu.
Vivement dimanche !
Critique de Lutzie (Paris, Inscrite le 20 octobre 2008, 60 ans) - 6 janvier 2009
Et aimantée, je l’ai été, d’emblée. Malgré le rythme lent, et justement propice, me semble-t-il, à cette tension qui va croissant. Car il y a beaucoup trop d’aspérités dans cette vie lisse et ordonnée. Et des alertes, il n'en manque pas, dans ce roman. On peut être plus ou moins sensible à l’une ou l’autre, selon affinités. Mais il y en a pour tout le monde, si on veut bien accepter d'être baladé tout au long de cette journée londonienne.
Surtout, je n’ai pas vu venir la fin. Proprement cueillie, j’ai été. Et j’adore ça.
La vie n’est pas un long fleuve tranquille
Critique de Antinea (anefera@laposte.net, Inscrite le 27 août 2005, 45 ans) - 9 novembre 2008
Ian McEwan semble être le spécialiste du récit « petite taille de découpage ». Ici, il nous fait une microdissection de la journée de son personnage, n’épargnant pas parfois des longueurs quelques peu irritantes. On découvre cependant avec cette vision au microscope, les états d’âmes de Perowne, ses regrets, ses souffrances, derrière ce masque d’homme heureux. Cela lui donne un côté très humain, une dimension que l’on découvre au fur et à mesure du récit. Les maladies du cerveau, objet de la profession du protagoniste, et décrite de façon remarquable, font partie intégrante du récit et il tentant de faire le parallèle entre l’organe malade et la dégénérescence du monde actuel à la lecture de ces pages.
Un livre qui nécessite une grande patience donc, mais qui a le mérite encore une fois, comme tous les livres que j’ai pu lire de l’auteur, d’être un chef d’œuvre d’écriture.
Simple et compliqué, comme la vie
Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 10 septembre 2008
S'y entremêlent les réflexions intimes du narrateur sur sa famille, le monde, la guerre en Irak, son métier, la nature de l'intelligence, le sens du temps, la relativité de l'existence et des peudo certitudes qui rassurent, sur la nature du hasard,aussi, bref sur la vie.
Ce narrateur, nimbé dans sa réussite, ne parvient pas à être tout-à-fait dupe; il doute, souffre, s'interroge, se réjouit; il vit sa journée, parfaitement lucide du fait que, comme tout un chacun, cela peut toujours être la dernière.
Le principe de la description d'une journée me rappelle un peu Ulysse, de Joyce, en plus clair et en plus "à jour". Reste à savoir comment le roman va évoluer, s'il veut prétendre au statut de classique.
Cet ouvrage est donc pour moi une réussite totale, parfois plus proche de l'essai que du roman.
Un samedi comme un autre, le hasard en plus.
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 27 février 2008
Contrairement à d’autres, la lecture ne m’a jamais paru fastidieuse tant j’ai trouvé grand le talent de l’auteur dans cette description presque clinique des moments de cette journée. La partie de squash, la visite à la vieille dame, le portrait du grand-père qui ne veut pas vieillir sont autant de morceaux d’anthologie. Sans oublier l’humour et l’ironie comme la rencontre entre Henry et Tony Blair.
Et au-delà de tout ceci il y a, dans cette société où tout peut se détraquer en une fraction de seconde, la puissance de l’art et de la science qui l’un et l’autre peuvent encore sauver un monde où l’individu est devenu « incapable du moindre scepticisme, supporte de moins en moins la contradiction, [que] la confusion… gagne, pis, [qui] se sent perdre son indépendance d’esprit. »
Et en cela McEwan dépasse le sort de cette famille pour nous parler en fait du destin de notre humanité vacillante.
Quel ennui !
Critique de Ircome (, Inscrit le 4 décembre 2007, 62 ans) - 4 décembre 2007
Ennui mortel
Critique de Janiejones (Montmagny, Inscrite le 20 avril 2006, 39 ans) - 11 juillet 2007
Un roman contemporain hyperréaliste
Critique de Albireo (Issy-les-Moulineaux, Inscrit le 14 janvier 2006, 47 ans) - 6 janvier 2007
A lire jusqu'au bout...
Critique de Ber (, Inscrit le 28 décembre 2006, 51 ans) - 28 décembre 2006
Un livre donc qui veut s'ancrer dans le décor de la vie d'un Mr. ToutLeMonde, mais qui ne l'est pas tellement finalement. Et quand enfin, on cerne le sujet que souhaite traiter l'auteur, on attend encore un long moment (le temps de se rendormir?) avant de profiter du dénouement.
Prévisible le dénouement? Sans doute...
L'auteur maîtrise l'art de la description détaillée... et que de détails.
Bref, mieux vaut ne pas rêver d'évasion en prenant ce livre.
Une réflexion sur le hasard
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 25 novembre 2006
Ce matin, après son habituel squash matinal avec un collègue, il fera les courses nécessaires pour le dîner, puis il ira voir sa mère à la maison de retraite, et enfin il rentrera tout préparer. Tout est prévu, réglé comme du papier à musique, pour un bonheur simple mais réel.
Sauf que tout ne va pas se dérouler selon le programme établi, puisqu’un incident à priori négligeable va venir bouleverser ce bel ordonnancement, et placer cette journée sous le signe de la violence.
Difficile, à priori, d’expliquer pourquoi on sent monter la tension en lisant ce roman, car au fond le déroulement de cette journée est bien banal. On se trouve face à un homme passionné par son métier et qui se remémore les opérations pratiquées, ce qui donne lieu à une foule de détails très pointus. Il se rappelle aussi des moments heureux de sa vie : son enfance, sa rencontre avec sa femme, le bonheur d’être père…
Mais c’est justement parce c’est dans cette vie si normale que quelque chose vient casser les habitudes, le bonheur tranquille, que l’on se sent à ce point dérangé. La violence fait irruption dans la vie de cet homme de manière si banale, que l’on se dit que cela peut arriver tous les jours à n’importe qui… ce qui est d’ailleurs le cas.
Pas de suspense improbable ici, mais une situation anodine, et nous voilà pris dans ce roman qu’on ne peut lâcher avant la dernière page. Tout s’est passé un samedi, et dès dimanche plus rien ne sera plus jamais tout à fait comme avant.
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