La traversée de l'été de Truman Capote

La traversée de l'été de Truman Capote
( Summer crossing)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 7 octobre 2006 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 814ème position).
Visites : 7 268  (depuis Novembre 2007)

Un très beau petit livre !

Grady McNeil est une jeune fille de dix-sept ou dix-huit ans. Elle vit avec ses parents, très riches, à New York. Elle s’entend plutôt difficilement avec sa mère Lucy et sa sœur aînée, Apple, toutes deux très conventionnelles. Son père a l’air de la comprendre mieux et de la soutenir.

Grady est une jeune fille atypique en ce sens qu’elle n’entend pas vivre comme on le fait dans son milieu social. Elle a horreur des mondanités, se fout d’avoir de nouvelles robes et n’entend, en aucun cas, assister à des fêtes qui auraient pour but de la lancer dans « le monde ».

Elle a très peu d’amis et pas d’amies. Le seul qu’elle a est un ami d’enfance dénommé Peter Bell. Ils se comprennent à merveille et ce dernier est tout aussi différent de son univers qu’elle ne l’est. Il découvrira, au fil des pages qu’il est amoureux d’elle.

Au début de l’histoire, Grady annonce à sa mère qu’elle refuse de faire avec eux la croisière vers la France et qu’elle entend rester seule à New York pour l’été. Sa mère estime qu’elle est trop jeune que pour rester seule, mais n’arrivera pas à la faire changer d’avis.

Nous découvrirons bien vite quel est son objectif en restant en ville. En réalité Grady est amoureuse d’un certain Clyde, gardien de parking, et entend bien le séduire. La voilà versée dans un autre monde !

Truman Capote mène ce récit avec un art consommé et une écriture superbe. La psychologie des personnages est d’une très grande finesse.

Voici un bon exemple d’une phrase superbe : « Grady s’était étonnée de la sympathie qu’elle éprouvait pour cette petite femme sans grand intérêt, pareille à un de ces jolis coquillages que l’on ramasse sur la plage, dont on admire les délicates broderies roses mais qui ne méritent pas de figurer chez un collectionneur sérieux.»

Ce petit livre nous est arrivé par hasard. Il s’agit en effet du premier texte écrit par Truman Capote et qu’il estimait non terminé, ce qui n’est pas tout à fait le cas. Le texte original s’est retrouvé mis en vente publique chez Sotheby’s en 2004. Ceux-ci ont averti la fondation Truman Capote qui a rappelé ses droits exclusifs de publication et, avec son aide, a été racheté par le Département des Manuscrits et Archives de la Bibliothèque des Humanités et Sciences Sociales à la New York Public Library.

Une petite merveille d’écriture et de psychologie !...

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Les prémices d'un grand écrivain

8 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 9 octobre 2012

La traversée de l’été montre tout le talent d’un jeune écrivain en devenir : Truman Capote.
Je dois reconnaître que j’ai été plus qu’agréablement surpris lorsque l’on connaît les conditions particulières d’édition de ce court roman découvert par hasard et considéré comme inachevé par l’auteur.
Force est de constater que le talent saute déjà aux yeux. Je reste d’ailleurs vraiment admiratif devant un style si élégant, si « classe » et ce dès l’âge de 19 ans, cela force le respect.
Comme toujours avec Capote la lecture est agréable car facilitée par un style raffiné, bref un pur plaisir.
Le triangle amoureux entre Grady, Clyde son amoureux et Peter son meilleur ami, les sentiments et les désirs exaltés par la jeunesse et cet été transformant New York en un théâtre des émotions font de cette traversée de l’été un livre à découvrir.

Court et agréable, sans plus.

8 étoiles

Critique de Rafiki (Paris, Inscrit le 29 novembre 2011, 33 ans) - 26 mars 2012

Un bon petit livre qui aiderait justement à traverser l'été sans encombre: pas de prises de têtes malgré quelques réflexions plutôt intelligentes sur les relations familiales et amoureuses, un récit court et un thème, l'amour, très populaire, ce livre incomplet et disparate aux yeux de l'auteur possède paradoxalement une certaine unité. Manquant de relecture le livre abuse peut être de métaphores qui alourdissent inutilement l'ensemble mais pour ma part il reste néanmoins largement au dessus de la moyenne des livres se rapportant aux relations amoureuses.

Pas de temps mort, des phrases bien structurées et une lecture fluide on n'en demande pas plus à un livre sorti récemment du fond d'une cave et qui aura un impact littéraire de faible envergure.
Capote a par ailleurs l'élégance de nous proposer une fin vraiment inattendue par son déroulement et clôt ainsi son œuvre et sa bibliographie, si rien n'est plus découvert, de la plus belle des manières.

orageux

8 étoiles

Critique de Cafeine (, Inscrite le 12 juin 2007, 50 ans) - 27 août 2008

On pourrait comparer l'histoire aux minutes qui séparent d'un orage, la chaleur, l'air lourd, presque irrespirable rend chaque mouvement plus lent, chaque action plus empreinte de solennité, et l'attente.
Truman Capote semble nous dire à chaque instant, par ces silences, écoutez! mais attendez, ce n'est pas ça qui est important.
Et on attend, anxieux, de savoir où il veut nous mener.

Insurmontables clivages

7 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 28 novembre 2006

"Summer Crossing" aurait pu ne jamais voir le jour, Truman Capote avait décidé de balancer cette oeuvre à la poubelle, son premier roman qu'il jugeait médiocre. L'histoire raconte que c'est son concierge qui récupéra le manuscrit dans les poubelles et le conserva précieusement, avant que ses héritiers le mettent aux enchères et que la Bibliothèque Publique de New York ne décide de le conserver.

C'est l'histoire de Grady, une jeune fille se retrouvant seule chez elle, par un été caniculaire, après le départ de ses parents à bord du Queen Mary pour des vacances en Europe. Grady est heureuse, elle va pouvoir faire ce qu'elle veut, notamment voir à volonté le garçon dont elle est amoureuse, un gardien de parking à Broadway, le genre de compagnie que ses parents n'apprécient guère.
Truman Capote évoque ces rencontres, la vie dans l'appartement de la Cinquième Avenue, la chaleur, le désir... autant de sentiments et d'émotions qu'il narre sans trop en dire, n'abusant pas du détail et utilisant le non-dit avec un talent certain. Le lecteur assiste à l'entrée de Grady dans la famille de Clyde et ressent la tension qui se dégage des clivages sociaux importants entre les deux personnalités. Une tension qui, ajoutée à la sensualité des échanges entre les deux tourtereaux, apporte une certaine langueur au récit, comme une torpeur bien agréable. Que le caractère finalement désagréable de la jeune fille viendra bousculer.

Un roman de jeunesse pas vraiment achevé, on sait que Capote l'a entamé vers 19 ans et qu'il y a travaillé pendant dix ans avant de le balancer. Cet inachèvement enlève une certaine force au récit même si les nombreuses notes de Capote ont permis à l'éditeur de compléter l'ensemble. Il y a aussi quelques maladresses propres à tout roman mais la force de l'écriture et des idées est déjà bien présente et laisse présager de ce que l'auteur offrira à l'avenir avec sa plume. Léger malgré tout, pas inoubliable, ce roman ne me laissera pas de grands souvenirs mais je suis contente d'avoir découvert cette oeuvre et de pouvoir apprécier le chemin parcouru par la suite par Truman Capote.

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