Il est difficile d'être un dieu de Arcadi Strougatski, Boris Strougatski

Il est difficile d'être un dieu de Arcadi Strougatski, Boris Strougatski
( Trudno bytʹ bogom)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Vda, le 7 octobre 2006 (Inscrite le 11 janvier 2006, 49 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 430ème position).
Visites : 4 867  (depuis Novembre 2007)

Aller en arrière, c'est tomber sur un squelette

On ne remonte pas impunément le cours du temps. Anton, membre de l’Institut d’histoire expérimentale, demeure depuis six ans au royaume d’Arkanor. Ce royaume féodal, qui chaque jour s’enfonce un peu plus dans la violence et la barbarie. Il essaye de faire entendre et partager à ses collègues la gravité des évènements qui se déroulent à Arkanor où la violence est systématisée et dirigée à l’encontre des élites intellectuelles.
Seulement, les Terriens, une vingtaine, sont sur cette planète en historiens. Et un historien n’intervient pas dans le cours de l’histoire. Il l’observe, la relate, la problématise, mais il n’intervient pas.
Seulement, à respirer, à manger, à parler, à dormir parmi les habitants de ce monde qui ploie sous la violence et l’injustice sociale, si éloigné de leur monde natal, certains membres de l’Institut ont cherché à faire dévier le cours de l’histoire, en prenant les armes, en lançant la révolte. Cela n’a rien changé. Qu’en sera-t-il d’Anton, alias don Roumata d’Estor ?

Englué dans un rôle, Anton, le Terrien évolué, se retrouve parfois à se croire sur une scène :
« Cela faisait six ans qu’il menait cette étrange double vie, il s’y était habitué en quelque sorte, mais parfois, comme en ce moment, il avait brusquement le sentiment qu’il n’y avait pas de cruauté organisée, d’oppression grise, mais qu’il assistait à une bizarre représentation théâtrale, avec lui, Roumata, dans le rôle principal. Et qu'après une réplique particulièrement réussie, les applaudissement éclateraient, que les connaisseurs de l'Institut de l'histoire expérimentale crieraient avec enthousiasme du fond de leur loge :"Impeccable, Anton ! Bravo !" Il se retourna même, mais il n'y avait pas de public ».

Un livre somme toute classique dans son traitement narratif, avec quatre rencontres qui sont autant de pivots décisifs.

La noirceur du propos est réelle, bien qu’elle puisse aujourd’hui paraître modérée tellement nous sommes confrontés à la violence et à sa représentation. La dénonciation du totalitarisme, et de l’inertie de ceux qui le subissent et en profitent tout à la fois, martelée. « La froide cruauté de ceux qui tuaient et la tranquille soumission de ceux qu’on tuait, voilà le plus effrayant. »

Toutefois, certains éléments comiques, grotesques, ironiques, allègent un instant le propos des auteurs. Don Taméo qui ne parvient pas à arrêter de boire et don Sera « Je ne vois pas pourquoi une personne de qualité de recevrait pas une paire de coups de verges de la part de Sa Sainteté » sont là, comme des bouffées d’oxygène, de même que le jeune valet de Roumata, Ouno, le baron Pampa, ou son amie, Kira.

Nés respectivement en 1923 et 1925, Arkadi et Boris Strougatski sont les plus connus des auteurs de science-fiction du monde soviétique.

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A déguster comme un bon millésime

9 étoiles

Critique de Klein (, Inscrit le 16 octobre 2004, 60 ans) - 28 novembre 2013

A déguster comme un bon millésime, c'est à dire une histoire écrite en 1964, par des russes, sur un sujet très sensible : la liberté (dont celle des érudits).
Une société "moyenâgeuse", sur la planète Arkanar, est étudiée de près par des historiens venus de la Terre (et qui ont les moyens techniques de notre époque : caméra miniaturisée portée sur un bandeau sur le front, à l'instar des GoPro, ou autres épées indestructibles).
Mais ces historiens peuvent passer pour des dieux. Que faire avec leur pouvoir ? Pourquoi et pour qui ? Du totalitarisme aveugle pourrait en naître un autre, selon qui aurait accès aux armes. Cela pourrait nous rappeler ce qui se passe en Syrie, non ?
Belle fable en tout cas. Toujours d'actualité.

Parabole anti-communiste

6 étoiles

Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 19 février 2010

Le Prince Roumata, historien envoyé par les plus hautes autorités de la Terre, mène depuis plusieurs années une enquête sur les conditions de vie des habitants d'Arkanar, une planète qui vit dans les affres d'un totalitarisme sordide et inhumain. Cette société semi-féodale est dirigée par un tyrannique Ministre de la Sécurité qui a pris le dessus sur un roi incapable. Bien qu'étant un redoutable bretteur, Roumata s'interdit de tuer et même d'intervenir pour changer le cours de l'Histoire. Pendant ce temps, les intellectuels et les déviants en tous genres sont persécutés et les révoltes noyées dans le sang. Le Mal est omniprésent...
Dans ce livre un peu bizarre, le décor « science-fiction » n'est qu'un prétexte à une sorte de roman à clé ou de parabole sur les méfaits du communisme, représenté par la société d'Arkanar. Celle-ci ne se maintient que par la violence, le plus souvent gratuite et le fanatisme symbolisé par des moines qui ne sont que l'avatar des commissaires politiques. Bien entendu Roumata (Romanov ?) est l'envoyé des démocraties occidentales, pleines de beaux principes mais incapables d'influer sur le cours de l'histoire. Ce roman politique pêche un peu par la faiblesse de son intrigue et surtout par un certain manque d'humour. On aurait aimé quelque chose de plus rythmé et de plus « kafkaïen ». De longues descriptions de beuveries pimentées de plaisanteries du genre : « Pourtant le pauvre vieux souffre d'hémorroïdes... » ne suffisent pas à sauver ce texte.

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