Dix de der de Didier Comès
Catégorie(s) : Bande dessinée => Sci-fi & fantastique
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Sans espoir...
1944. L'offensive Von Rundstedt dans les Ardennes. Hitler jette ses dernières forces dans un combat désespéré, et les alliés doivent faire revenir des permissionnaires sur le front. L'hiver, la neige, le froid...
"Le bleu", un jeune soldat américain, est posté par son sergent dans un trou d'obus au pied d'un crucifix, seul pour guetter l'attaque allemande. Seul? Non, puisqu'il est entouré des fantômes de soldats morts, et de deux corbeaux, où se sont réincarnées les âmes du curé et du sacristain du village voisin.
Trois morts trompent leur ennui en jouant à la belote, et l'un d'entre eux qui se prend pour Jésus Christ voudrait bien la mort du "bleu" afin de faire le quatrième.
Cette histoire peut-elle se terminer autrement que dans l'absurde? Absurdité de la guerre, de la vie et de la mort, absurdité totale et compacte... Absurdité d'un monde où Dieu est absent, jusque dans la réplique finale échangée entre les deux corbeaux:
"Dites-moi, Monsieur le Curé, et Dieu dans tout cela?
-Qui?
Cette bédé de l'excellent Didier Comès baigne dans un désespoir complet. La vie, la mort, tout y est décrit comme vide de sens. La mélancolie du scénario est extrêmement bien servie par un dessin superbe et épuré, en noir et blanc, tellement beau que la couleur y serait incongrue.
De la très belle ouvrage, où l'humour est, comme chacun sait, la politesse du désespoir.
Les éditions
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Dix de der [Texte imprimé] Comès
de Comès, Didier (Scénariste)
Casterman
ISBN : 9782203334953 ; 16,75 € ; 10/10/2006 ; 56 p. ; Album
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Les critiques éclairs (3)
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Déception
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 29 septembre 2012
Moi qui généralement apprécie beaucoup le travail de ce dessinateur, j’avoue n’avoir été que très moyennement séduit par cet opus. Certes, on a bien compris que l’auteur honnissait la guerre et la bigoterie (autre point commun avec l’ensemble de son œuvre), rien à redire là-dessus. Le problème vient du recours à l’humour noir, qui n’est pas vraiment le point fort de Comès et semble constituer la cheville ouvrière du récit, où le scénario est quasi inexistant. Les dialogues, si cyniques soient-ils, sont finalement assez balourds et manquent de distance. Du coup, « Dix de der » tient plus de l’exercice de style que du pamphlet antiguerre ou antireligieux. J’aime bien quand Comès me fait franchir des portes conduisant à des greniers sombres ou des souterrains lugubres, nous promène dans des sous-bois humides peuplés de créatures surnaturelles. Ce n’est pas le cas ici, et j’ai été autant dérouté que déçu. C’est sûr, je ne peux pas reprocher à un auteur de vouloir explorer une voie différente, mais dans le cas présent, je me suis un peu ennuyé…
Une bédé dure...
Critique de Poupi (Montpellier, Inscrit le 11 août 2005, 34 ans) - 5 novembre 2006
Une belle bédé, un peu crue cependant, à ne pas mettre entre les mains des plus jeunes ; un peu de sang, des histoires glauques et des dialogues secs et méchants sont au rendez-vous dans "Dix de Der" ; une des grandes bédés de cette fin d'année 2006.
Quelle classe ! Quel talent ! Quelle bédé !
Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 22 octobre 2006
Dans ce nouvel album, qui arrive après un long silence dû à la maladie et la maturation, qui n’est jamais rapide chez lui, on va retrouver ce que j’appellerais son inspiration rurale que l’on avait découverte dans sa première participation au magazine (A suivre) avec Silence. Ici, tout va se passer dans la forêt de l’Ardenne (chez lui on ne dit pas les Ardennes). Sa narration graphique sera aussi de même nature avec ce noir et blanc intégral qui a fait sa réputation, qui signe son travail d’une griffe inoubliable…
Le texte est sobre, mais d’une force incroyable, il faut dire que la guerre, la forêt et la neige ne nécessitent pas de longs discours, la sobriété rend une gravité totale, digne d’une tragédie grecque. D’ailleurs, les deux corbeaux qui vont venir prendre partie dans cette histoire sont dignes d’un chœur grec classique. Le curé et son sacristain, puisque tels sont les attributs de ces deux volatiles noirs, sont aussi là pour donner des indications sur la pensée religieuse de Didier Comès. Mais, soyons clairs, l’auteur ne met en exergue que les excès des religieux, ceux des laïcistes aussi avec Amédée ancien instituteur qui a « bouffé » du curé toute sa vie et qui, une fois mort, se prend pour Jésus Christ…
Le fond de l’histoire raconte la vie, non, la fin de vie, d’un jeune homme, un « bleu », qui se retrouve pris dans cette bataille de l’Ardenne… Les Allemands lancent leur dernière offensive, ils se battent avec acharnement pour une victoire qu’ils ne peuvent plus obtenir… D’où l’absurdité de cette bataille comme de toutes les autres… Ces guerres qui tuent des innocents y compris des enfants… D’ailleurs, il en viendra deux dont l’un des personnages dira : « Son cœur est empli de haine envers les Américains ! Il les rend responsables de sa mort et celle de sa famille, méfie-toi : il est incontrôlable ! Avec lui, le jeu peut devenir réalité ! »
Mais c’est là la particularité de cette bédé. Ce n’est pas un récit de guerre classique, une bédé historique ou un outil de formation destiné à la jeunesse. Lorsque notre jeune recrue creuse son trou individuel (la terre, encore la terre…), il tombe sur une partie de belote entre trois fantômes, Joseph, Manfred et Amédée… Il manque un quatrième pour rendre le jeu attrayant et plaisant… Notre jeune recrue pourrait bien faire l’affaire, et pourtant, le bleu semble résistant. La première patrouille en forêt ne devrait pas lui être fatale… « Tu vas en patrouille avec deux vétérans. Calque tes gestes sur les leurs et tout se passera bien ! ». D’autant plus que Joseph, lui, envoie son salut : « Bonne chance gamin ! »…
Alors, c’est sûr, Didier Comès laisse planer un doute énorme sur ce tableau forestier et guerrier… Tant de haine et de mort… « Et Dieu dans tout ça ? »… Mais comme je le lui ai dit… Pas de Dieu ! Mais une vie après la mort ! La partie de cartes continue…
Incontournable, inoubliable, bouleversant !!! Comment, vous ne l’avez pas encore lue ? Dépêchez-vous et vous comprendrez pourquoi Didier Comès est un grand de la bédé dont Nicolas Finet a dit qu’il était « un des maîtres de cette veine néo-réaliste »…
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Rencontre de luxe... | 13 | Shelton | 24 octobre 2006 @ 09:00 |