Quintett, tome 4 : L'histoire de Nafsika Vasli
de Frank Giroud (Scénario), Jean-Charles Kraehn (Dessin), Giulio De Vita (Autre)

critiqué par Le rat des champs, le 22 octobre 2006
( - 74 ans)


La note:  étoiles
Tragédie grecque...
Quintett est une magnifique série, qui comme le décalogue ou Pandora box est dessinée par plusieurs dessinateurs, ce qui permet d'accélérer le rythme de production pour notre plus grand bonheur et aussi j'imagine pour le profit de l'éditeur. Frank Giroud a eu l'excellente idée de raconter à peu près les mêmes événements vécus par les cinq membres d'un quintette musical au moment de la guerre de 14, quelque part en Grèce. Ce qui est de peu d'intérêt pour l'un modifie profondément le destin de l'autre et joue un rôle crucial dans sa vie.

La belle Nafsila, servante de l'auberge rejoint le quintette. Elle est amoureuse de Stélios, un bandit de grand chemin qui à force rapines a fini par amasser une véritable fortune. Avant de jouir d'une retraite confortable quoiqu'imméritée, il décide de faire un dernier coup, qui sera celui de trop. Stelios sera trahi et finira misérablement. La vengeance de Nafsila sera terrible et à la hauteur de son chagrin.

Cet épisode est pour moi le meilleur de la série, non seulement parce qu'il est dessiné par la grand Jean-Charles Kraehn avec la maîtrise qui le caractérise, mais aussi par le côté tragique du scénario.

Unité de temps, unité de lieu, unité d'action, les vieilles recettes n'ont pas encore été dépassées.

Une très belle réussite.
Entièrement d'accord... 10 étoiles

Je vous ai, déjà, expliqué que cette série Quintett (quoi ? Vous avez déjà oublié que c’est cette orthographe atypique qui a été choisie par Frank Giroud…) était construite, mécaniquement, autour d’une période de l’année 1916, en Macédoine, dans le village de Pavlos, où l’armée française tente d’empêcher les alliés de l’Allemagne, en l’occurrence la Bulgarie, période que nous revivons quatre fois mais sous les yeux d’un personnage différent, dessinée aussi par un artiste particulier : la chanteuse parisienne Dora Mars avec un dessin de Cyril Bonin ; l’officier français Alban Méric avec une mise en chair de Paul Gillon ; le mécanicien avion et motard musicien Elias Cohen sous les traits de crayon de Steve Cuzor ; enfin, c’est autour de Nafsika Vasli de nous offrir sa vision de l’histoire… avec le dessinateur de génie Jean-Charles Kraehn… C’est tout simplement divin… Bon, je vous le concède, j’exagère un soupçon, mais juste un chouia…
Jean-Charles Kraehn était surtout connu pour les scénarii de très grande qualité qu’il avait offerts à des dessinateurs de talent : Sylvain Vallée (Gil Saint André), Patrick Jusseaume (Tramp) et Miguel (Myrkos)… Certes, on l’avait vu dessiner dans la série Les aigles décapités, mais on ne s’attendait pas à le voir resurgir en dessinateur avec autant de précision et une narration graphique si efficace… A ce titre, le récit de l’embuscade est d’une si grande qualité que l’on peut la lire et la relire en découvrant à chaque fois des éléments qui nous avaient échappé…
Nafsika est une belle femme qui ne peut que faire rêver ces soldats loin de chez eux… Mais, Nafsika Vasli est aussi la fiancée de Stélios, un homme fier qui a, probablement, plusieurs visages… Nafsika joue du tambouras pour animer certaines soirées de l’auberge de Pavlos… Elle fera même partie du quintett à la demande d’un certain Elias Cohen… Mais, cette partie du récit va nous permettre de comprendre un des dessous de cette tranche de vie, un drame inimaginable que personne n’avait compris jusqu’au moment où l’on suit la belle et fascinante Nafsika… jusqu’au bout de son aventure…
Très fort, tragique à souhait, magnifiquement dessiné, ce quatrième volet de la vie en 1916 à Pavlos ne peut que nous confirmer tous dans une grande certitude : Quintett est une des plus grandes séries du moment… Frank Giroud est un grand scénariste qui a su trouver, sinon les meilleurs dessinateurs, du moins ceux qui sont tout à fait adaptés à ce récit pluriel…
A découvrir et faire lire !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 4 décembre 2007