Indian Blues
de Sherman Alexie

critiqué par Jules, le 29 octobre 2006
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Très bon livre !
Thomas Builds-The-Fire vit sur la réserve des Indiens Spokane. Un matin, ô surprise, il voit un homme noir, épuisé, qui attend au bord de la route avec une guitare en mains. Alors que tous les autres le nient, Thomas le fait monter dans sa vieille camionnette bleue. Ce noir s’appelle Robert Johnson et veut se rendre au sommet d’une montagne proche de la réserve. Il dit qu’il doit y rencontrer une vieille femme qui va le sauver. Le sauver de quoi ?... Du Gentleman. Celui-ci serait un esprit à qui Johnson aurait donné son âme pour devenir un des plus grands guitaristes de blues.

Thomas pense de suite à la vieille Big Mama qui vit sur la montagne, qui aurait plus de cent ans et posséderait des pouvoirs extraordinaires. Il y conduit Robert Johnson puis va découvrir que celui-ci a abandonné sa guitare dans sa voiture.

Cette guitare parle, s’adresse à Thomas et lui accorde de sortir d’elle des sons merveilleux. Thomas est un jeune homme petit et quelconque dont le père alcoolique traîne sur la réserve. Il est le souffre douleur de Victor et de son ami Junior. Une fois de plus ceux-ci l’empoignent sans qu’il sache se défendre, mais il s’en tire en leur promettant de chanter un blues superbe. Il sait chanter, même si sa spécialité est de raconter des histoires que plus personne n’écoute. Accompagné de la guitare il y arrive et naît l’idée de monter un groupe à eux trois. Un des soucis sera que Victor et Junior ne pensent qu’à boire et à se soûler ! Mais les « Coyote Springs » vont naître.

Lors d’un engagement à chanter dans un bar de la réserve des Indiens Flatheads, ils vont faire la connaissance de deux jeunes femmes : Chess et Checkers Warm Water. Elles sont sœurs et vivent ensemble. Chess a plus de charme qu’elle n’est belle, alors que Checkers est une splendeur. Thomas tombe amoureux de Chess et les deux filles vont se joindre au groupe. Ils feront aussi la connaissance de deux jeunes blanches fanas de leur musique.

La camionnette de Thomas va encore transporter le groupe à Seattle pour un autre concert.

Ce livre se lit d’une traite, on entre de suite dans le sujet et il devient impossible d’en sortir. Le livre rend merveilleusement bien l’ambiance qui règne sur la réserve, le sort réservé aux Indiens dans cette société blanche, ainsi que le ressentiment des Indiens vis-à-vis d’elle.
Il nous montre aussi que la réserve, malgré son aspect désolé, représente vraiment la patrie de ses habitants. Pourtant ils sont loin de s’entendre à merveille entre eux et sont aussi racistes vis-à-vis d’autres tribus qui vivent sur d’autres réserves.

Le livre ne manque pas de poésie non plus, donnée par les rêves et par le statut, la personnalité, de Big Mamma…

Un très beau livre sur les Indiens d’Amérique du Nord à notre époque.
Du Sherman Alexie..... 9 étoiles

Merci, Jules, d'avoir lu, aimé et critiqué ce livre. Je me souviens qu'à la première critique que j'ai faite de Sherman Alexie tu nous avait dis que cela te donnait l'envie de le lire, c'est chose faite et je suis heureux que tu sois entré dans ce monde fascinant des auteurs Amérindiens.
Dans ce livre Sherman Alexie ne déroge pas à son habitude de nous décrire la vie des Indiens telles qu'elle est de nos jours, faites de joies mais surtout d'une peine et d'une grande mélancolie teintée d'humour et de poésie.
Les Indiens parlent de leurs histoire comme si cela datait d'avant-hier, les plaies ne sont pas fermées et ne le seront jamais tant les coups ont étés rudes.
Une écriture sans maquillage, la plume trempée dans les larmes... un auteur magnifique que j’attends toujours avec un plaisir immense comme Noël dans mon enfance, un énorme cadeau d'émotions....

Spirit - Ploudaniel/BRETAGNE - 64 ans - 22 septembre 2007