Dialogues d'exilés de Bertolt Brecht
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre
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L'humanité pourrissante
Nous sommes au buffet de la gare d’Helsingfors. Deux hommes conversent. Sur la vie. Sur eux. Sur le monde. Sur le fascisme qui dévore ce monde. Sur la guerre dévastatrice. Ziffel est un scientifique aisé, Kalle un ouvrir qui a connu les camps de concentration. La confrontation entre les deux hommes est cynique et vivifiante. Leur dialogue est un véritable moment de bonheur, tant il déborde de pertinence et fait froid dans le dos. La tolérance peut se révéler n'être qu'intolérance et le Bien jamais séparé du Mal. La guerre pourrait être un mal nécessaire et au nom de celle-ci, c'est l'évacuation de la population civile de toute la planète qui pourrait être la solution mettant fin à tout obstacle sur la route de n'importe quel courant totalitaire. La démonstration est grandiose et effrayante. Brecht aborde un sujet qu'il maîtrise sur le bout des doigts, celui de l'exil, de la nationalité oubliée, du pays d'origine qui fait honte, de l'attachement à ses racines avec toutes les douleurs que cela peut comporter.
Un écrit magistral qui donne à frissonner quand on pense au lent et inexorable déclin de la civilisation vers la barbarie. Quelle qu'elle soit. Un grand texte à méditer, encore et encore.
Les éditions
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Dialogues d'exilés de Bertolt Brecht
de Brecht, Bertolt
l'Arche / Théâtre
ISBN : 9782851811530 ; 10,00 € ; 13/06/1997 ; Broché
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Les critiques éclairs (1)
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Impressionnant !
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 13 avril 2021
Qui donc a dit que Bertolt Brecht était ennuyeux, difficile à lire ? Bon, il est de gauche mais est-ce devenu une tare dans un monde qui vire à droite toute ? Moi, il me plaît, ce bonhomme, il a un je ne sais quoi… d’humain.
Dans les années ’70, j’avais écouté cette pièce sur le troisième programme de la Rtb dans une émission qui s’appelait « Musique pour vivre », présentée par Jacques D. et Richard K. Ce fut un fameux choc !
Ce leitmotiv : « Comment s’appelle-t-il donc au juste ? » quand ils causent d’Hitler.
Chaque chapitre se termine par cette phrase lancinante : « Peu après, chacun vida sa tasse de café, puis ils se séparèrent et s’éloignèrent chacun de leur côté ».
Extraits :
- Cette manie qu’ils ont de compter le gens et de les enregistrer, comme s’ils avaient peur d’en perdre.
- Je faisais partie des libre-penseurs. Nos convictions ne nous laissaient pas le moindre répit.
- Ca a l’air trop moderne. Le moderne, c’est vieux jeu. L’homme aussi est vieux jeu. C’est vieux jeu de penser, vieux jeu de vivre. Imprimer des livres c’est aussi vieux jeu.
- Quand le père rentrait saoul à la maison, il s’en voulait d’avoir bu la moitié de sa paye, alors il nous flanquait une tripotée : comme ça, on a appris à supporter la douleur ; et quand on n’avait que des patates à manger, et pas assez, il fallait encore dire « merci » : c’était pour nous apprendre la gratitude, je pense.
- J’ai suivi les cours de l’Université populaire. J’hésitais : étudier Walter von der Vogelweide, la chimie ou la flore de l’âge de pierre. Sur le plan pratique, c’était du pareil au même : ni l’un ni l’autre n’aurait pu me servir à quoi que ce soit.
- Soit dit en passant : j’ai une dent contre le mot « deutsch ». Etre allemand, c’est faire les choses à fond. Qu’il s’agisse de cirer le parquet ou d’exterminer les Juifs . « Dans tout Allemand, il y a un professeur de philosophie qui sommeille. » On prononce le mot« deutsch » en y mettant du sentiment, avec une sanglante gravité
- Un garçon de café de mes amis se plaignait beaucoup d’un riche marchand de grains qui ne laissait jamais de pourboire correct, parce que - dit-il un jour à haute voix à un autre client – en bon démocrate qu’il était, il ne voulait pas humilier le garçon. « Personnellement, je n’accepterais jamais de pourboire », dit-il. Dois-je considérer le garçon comme un être inférieur ?
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