Pauvreté et inégalités : Ces créatures du néolibéralisme
de Collectif

critiqué par Saule, le 30 octobre 2006
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Halte à la marchandisation du monde !
« Fondée en 1998, Attac (Association pour la Taxation des Transactions pour l’Aide aux Citoyens) promeut et mène des actions de tous ordres en vue de la reconquête, par les citoyens, du pouvoir que la sphère financière exerce sur tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle dans l’ensemble du monde » (attac.org).

Attac défend dans ce petit livre bien fait la thèse que la politique néolibérale augmente la pauvreté et les inégalités dans le monde. Afin d'inverser le mouvement, Attac propose cinq domaines d'actions, j'en relève deux qui me semblent évident : l'introduction d'une taxation globale (par exemple des transactions financières) et secundo un renforcement des pouvoirs publics (lutte contre la privatisation des secteurs traditionnellement publics). En bref : Attac lutte contre la marchandisation du monde.

Mais avant tout le livre permet d'appréhender (en surface il est vrai) le concept de pauvreté et d'inégalité. On apprend ainsi que pour dépasser les limites de l'indicateur de base qui est le PIB par tête d'habitant, différents indicateurs de pauvreté et d'inégalité ont été proposés. Le livre les passe en revue (rapidement). On pourrait s'attendre à avoir un écart-type des revenus disponibles comme mesure de l'inégalité, bizarrement il n'en est rien. Mais ce livre fournit les clés de compréhension d'autres indicateurs synthétiques : indice de pauvreté humaine, BIP40 (inégalité en France), empreinte écologique,..des indices qui tentent d'appréhender les inégalités internes (à l'intérieur d'un pays), entre pays, internationales (entre les habitants du monde), mais aussi intra-ménages (principalement homme/femme), environnementale, en matière de logement et d'éducation. On constate sur base de ces indices que les pays anglo-saxons sont systématiquement à la traine des pays développés tandis que les pays nordiques cartonnent.

Quant à la question de savoir si la mondialisation renforce ou non les inégalités, la réponse doit être nuancée et n'est pas simple. Attac pense que oui mais les études "officielles" vont dans un autre sens. Il faut au moins se poser sérieusement la question et se rendre compte que les choses ne sont pas si simples. Attac critique fortement la politique d'ajustement structurel que les grand docteurs du néolibéralisme ont appliquée de force aux pays sous-développé, avec des conséquences dramatiques en général.

J'ai été très favorablement impressionné par ce livre (à la couverture un peu trop provocatrice) : c'est une étude objective et de qualité qui ne se contente pas de déclarations péremptoires contre le néolibéralisme et la mondialisation. C'est la première fois que je m'intéresse à Attac et c'est une bonne surprise. On est loin des casseurs altermondialistes de Davos ou de Bové et ses casseurs de McDonald. La teneur intellectuelle de l'ouvrage me satisfait. Je partage largement leur programme, qui est tout à fait réaliste (qu'est-ce qui empêche la mise en place d'une taxation globale sur les transactions financières, si ce n'est que ça va à l'encontre des intérêts du vrai pouvoir que sont les marchés financiers ?).