Les coureurs d'épices
de Édith Huyghe, François-Bernard Huyghe

critiqué par FROISSART, le 1 novembre 2006
(St Paul - 77 ans)


La note:  étoiles
Une analyse de Patryck Froissart
Titre : Les coureurs d’épices
Auteurs : Edith et François-Bernard Huyghe
Editeur : JC Lattès (avril 1995)
ISBN : 2709615746
275 pages

Les épices nous sont venues de l’est.
C’est sur cette vérité européenne que les auteurs fondent leur étude de l’importance capitale de la soif et de la quête de l’or sur toute l’histoire moderne de l’Europe occidentale.
Maîtriser les routes des épices a équivalu, pendant plusieurs siècles, à s’enrichir non seulement matériellement mais aussi culturellement et scientifiquement, et, pendant les siècles suivants, à conquérir et dominer le monde.
La demande naît dans la Rome impériale, et croît, quasiment sans discontinuer, jusqu’à nos jours, provoquant âpres rivalités, guerres, expansions hégémoniques.
La période la plus dynamique, soutenue par une planification remarquablement organisée, marquée par une volonté politique lucide et méthodique, est enclenchée par l’Infant Henri de Portugal, dit Henri le Navigateur. Le petit royaume se lance alors, avec une ambition grandissante, dans une aventure passionnante de découverte du monde, alors inconnu des Européens, qui provoquera le malheur des populations autochtones.
Les auteurs mettent à jour, de façon convaincante, tous les mécanismes, toutes les données historiques, religieuses, scientifiques, géographiques qui ont permis, mis en branle, de manière synergique, par le besoin croissant de consommation d’épices, le développement d’abord lent mais continu, depuis l’empire romain, puis rapide et brutal, à la fin du 15e siècle, des connaissances humaines, et le rôle de cette incessante course aux épices orientales dans la naissance et la disparition de grandes puissances, et dans l’établissement de la domination coloniale européenne.
Est-ce à dire que le monde contemporain doit sa configuration actuelle au fait que les épices les plus prisées depuis deux mille ans ne pouvaient être produites, pour la plupart, qu’en Extrême-Orient ?
Edith et François-Bernard Huyghe nous le démontrent, magistralement, dans ce livre qui se lit comme un roman.
A conseiller à tous ceux qui veulent comprendre le présent par la connaissance du passé, sans tomber pour autant dans un déterminisme historique absolu.
Patryck Froissart, St Benoît, le 1er novembre 2006