Le syndicat des pauvres types
de Éric Faye

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 2 novembre 2006
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Sortir de l’ordinaire
Antoine Blin est un célibataire tout ce qu’il a de plus médiocre. Un employé des postes, obsédé par son odeur corporelle, qui se morfond dans son petit appartement miteux. Un beau jour, il est recruté par le Syndicat des pauvres types, une organisation souterraine voué à la reconnaissance des paumés. Au même moment où notre anti-héros doit adhérer à cette association, il se voit courtisé par une émission de télé-réalité lui offrant l’opportunité de devenir le populaire « Monsieur tout-le-monde » L’attrait des projecteurs sera-t-il plus fort que celui des revendications de l’homme simple?

Si le cadre original donne lieu à d’excellents moments de satire, celle-ci n’est pas soutenue car par définition, un péquenot n’est pas fascinant et son quotidien encore moins. La critique sociale bien que maîtrisée se fait parfois au détriment du récit. Le propos perd aussi de sa force lorsque qu’au fil des pages le personnage est dénaturé. En nous racontant ses malheurs, Faye rend Antoine Blin sympathique.

Ce qui est remarquable dans ce roman outre son humour subtil, c’est la plume de l’auteur. Assurément, l’une des plus fortes de la littérature contemporaine française, incisive, précise et dévastatrice par sa justesse. Mais malgré l’usage d’un outil redoutable, cette fable moderne reste conventionnelle, emprisonnée dans les limites d’une réflexion philosophique qui ne fait pas mouche en voulant éviter d’être décapante.

Un roman solide aux belles idées qui aurait pu aller plus loin.