Eloge de l'ombre de Junichirô Tanizaki

Eloge de l'ombre de Junichirô Tanizaki
(In'ei raisan)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Essais

Critiqué par DomPerro, le 14 novembre 2006 (Inscrit le 4 juillet 2006, - ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 513ème position).
Visites : 16 910  (depuis Novembre 2007)

Clair-obscur

Écrit en 1933, alors que Jûnichiro Tanizaki a 47 ans, L’éloge de l’ombre est un essai sur la société japonaise qui est, aux yeux de cet écrivain traditionaliste, de plus en plus occidentalisé.

Par exemple, l’esthétique d’une pièce d’habitation japonaise traditionnelle est caractérisée par la beauté de jeux subtils entre la lumière et l’ombre. De cette manière, le mur blanc, neutre en apparences, varie au rythme du temps et selon les inclinaisons des rayons solaires. De l’autre côté, l’apparition de l’ampoule 50 watts, et son éclairage brutal, vient mettre une fin à ce délicat esthétique.

Aussi, Tanizaki, en fin gastronome, nous livre de magnifiques observations sur la préparation de sushis qu’on déguste autant des yeux que par la bouche. ''La cuisine japonaise, a-t-on pu dire, n'est pas chose qui se mange, mais chose qui se regarde ; dans un cas comme celui-là, je serais tenté de dire: qui se regarde, et mieux encore, qui se médite !'' Enfin, vers la fin de ce petit essai, on retrouve quelques commentaires sur la beauté féminine.

Qu’on partage ou non certains prises de positions de Tanizaki, L’éloge de l’ombre demeure un magnifique traité sur le dépouillement du superflu et le recueillement.

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Le beau ténébreux

9 étoiles

Critique de Lobe (Vaud, Inscrite le 28 juin 2011, 30 ans) - 26 avril 2014

Quatre-vingt cinq pages, un glossaire, l’Éloge de l'ombre est aussi éloge de la brièveté. Ce qui ne prévient pas son auteur d'aborder par touches de multiples sujets: de la description des cabinets japonais en passant par celle des acteurs de no, de la recette des sushis aux feuilles de kaki jusqu'à la couleur de peau des Japonais. La qualité d'écriture est redoutable ; il ressort à mes yeux de cet essai/roman une finesse et une poésie assez invraisemblable.

Une belle lecture, à faire de préférence à la lueur d'un chandelier à l'éclairage trouble.

"Mais ce qu'on appelle le beau n'est d'ordinaire qu'une sublimation des réalités de la vie, et c'est ainsi que nos ancêtres, contraints à demeurer bon gré mal gré dans des chambres obscures, découvrirent un jour le beau au sein de l'ombre, et bientôt ils en vinrent à se servir de l'ombre en vue d'obtenir des effets esthétiques."

Monde flotttant

8 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 17 juillet 2009

Un livre que l’on peut qualifier de très pointu . Non pas pour le style d’écriture ou du phrasé contenant une quantité de termes qui nécessiterait une connaissance ou obligerait d’avoir un gros dictionnaire ouvert à portée de main. J’ai à peu près tout compris ( remarquez le fait, s’il vous plaît bien ! ). Mais dans le sujet abordé. Oui, un seul : l’ombre confrontée à la lumière ( d’où le titre de l’ouvrage, ben tiens donc ). Comment et pourquoi les Japonais savent apprécier ce qui paraîtra , en occident, comme un détail, du sans importance-vraiment, insignifiant en un fait absolument primordial pour comprendre ce peuple bien étrange ? Dans ses us et coutumes. De l’ombre partout recherchée – et en occident de l’ombre partout traquée – dans l’habitat, la cuisine, la beauté de leurs femmes femmes, la peau, la nature, …
Signalons que le livre a été écrit dans les années ’30 et que les choses ont bien changé depuis. Ô tempora, ô mores !
Perso, le but est atteint car je tente, depuis la lecture de cet ouvrage, de considérer sous un autre angle ce qui m’entoure. ( Bon , je sais : je suis terrrriblement influençable, et alors ? ). Il me faudra le reprendre plus tard et en recommencer la lecture.
Deux extraits :

- Ce qui explique qu’on ait, à l’aphorisme : « le raffinement est chose froide « , pu ajouter « … et un peu sale « . Quoi qu’il en soit, il est indéniable que dans le bon goût dont nous nous targuons, il entre des éléments d’une propreté douteuse et d’une hygiène discutable. Contrairement aux Occidentaux qui s’efforcent d’éliminer radicalement tout ce qui ressemble à une souillure, les Extrêmes-Orientaux la conservent précieusement et telle quelle, pour en faire un ingrédient du beau. C’est une défaite, me direz-vous et je vous l’accorde, mais il n’en est pas moins vrai que nous aimons les couleurs et le lustre d’un objet souillé par la crasse, la suie ou les intempéries, ou qui paraît l’être, et que vivre dans un bâtiment ou parmi des ustensiles qui possèdent cette qualité-là, curieusement nous apaise le cœur et nous calme les nerfs .


- La cuisine japonaise, a-t-on pu dire, n’est pas chose qui se mange, mais chose qui se regarde ; dans un cas comme celui-là, je serais tenté de dire : qui se regarde, et mieux encore, qui se médite !

La relation entre l'ombre et l'extrême-orient japonais...

8 étoiles

Critique de Oriono (Paris, Inscrit le 7 novembre 2007, 39 ans) - 25 novembre 2007

Ce roman nous transporte dans une société japonaise qui tisse des liens très étroits entre l'ombre et le mode de vie quotidien.

Ainsi, pourquoi est ce que les maisons japonaises sont construites de telles façons où la lumière ne rentre pas ou peu ?
Les shôji peuvent ainsi par exemple en toute saison laisser passer la même intensité lumineuse...

Il serait intéressant de savoir comment aujourd'hui certains japonais percoivent ce que Tanizaki percevait en 1933.. comment la société japonaise a évolué par rapport à l'occidentalisation de plus en plus présente...

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