Tout compte fait
de Simone de Beauvoir

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 20 novembre 2006
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Un témoignage politique et social
Pour le quatrième volet de son autobiographie écrit lorsqu’elle a 63 ans, Simone de Beauvoir a choisi de nous emmener en voyage : elle évoque en un tour d’horizon varié les pays visités, leurs systèmes politiques, les remous sociaux en France, ce que sont devenus ses amis (déjà croisés dans les tomes précédents), le féminisme. Ce livre peut donc être considéré davantage comme un témoignage de son époque que comme une biographie. D’ailleurs, pas un mot ne sera concédé à propos de sa vie privée à part l’apparition de Sylvie Le Bon dans la vie de Simone (qui l’adoptera plus tard) ; même dans ce cas, elle ne nous fait pas entrer de plain-pied dans la relation, mais mentionne, avec distance, leur rencontre, puis la présence de Sylvie à ses côtés lors de tel ou tel voyage. Simone passe sous silence sa vie affective et si Sartre revient souvent, c’est à titre de penseur ou de compagnon de voyage.

Moi qui suis fan du Castor, la lecture de ce tome m’a pourtant semblé lourde lorsque Simone égrène par le menu ses escapades françaises. On a l’impression de lire un mémento agrémenté ici et là de considérations esthétiques. Bref, une version minimaliste d’un guide de voyage. Pas captivantes non plus les critiques des livres qu’elle a lus car ces ouvrages, l’un ou l’autre mis à part, sont dépassés. Par contre, le reste du livre, c’est-à-dire les huit dixièmes sont très intéressants.

C’est en effet passionnant de les voir, elle et Sartre, au Japon, en URSS, en Egypte et en Israël. Fabuleux de voir l’impact qu’avaient encore les penseurs sur les gouvernants. Simone décrit dans le détail les sessions du Tribunal Russell, dont elle a fait partie avec Sartre. Devant ce tribunal « alternatif » qui jugeait de l’attitude des Etats-Unis vis-à-vis des Vietnamiens, de nombreux témoins se succèdent et racontent moult scènes de torture, de brimades. Le Tribunal Russell tentera de déterminer si les Etats-Unis sont coupables de génocide.

De Beauvoir nous fait également (re)vivre Mai 68 pendant quelques pages riches en détails. Elle a le don de faire passer la Grande Histoire à travers la petite : les anecdotes sont tellement évocatrices qu’elles en disent plus que les livres d’histoire. Ainsi, lorsqu’elle évoque l’attitude du gouvernement par rapport à la presse de gauche, en partant des faits liés à la vente de « La cause du peuple », on savoure son récit qui fait éclater le ridicule de la situation, l’hypocrisie du gouvernement. Quant au féminisme, elle apporte quelques nuances par rapport au « Deuxième sexe ».
Un bilan de parcours égocentré 6 étoiles

Ce titre peut paraître paradoxal. Il s'agit bien d'une autobiographie, quelque peu différente des ouvrages similaires qui l'ont précédé, puisque l'auteure retrace l'essentiel de sa carrière, en s'interrogeant sur son degré de maturité et de vieillissement, par des interrogations et comparaisons intéressantes. Elle revient assez longuement sur ses voyages, internes ou internationaux et termine sur son engagement, en faveur du féminisme et de le gauche radicale.
Ce bilan de parcours paraît appréciable, remet en perspective tout le climat et l'évolution de l'époque, de l'entre-deux-guerres aux années 1970. Elle revient sur son militantisme en faveur de l'égalité des sexes et des idées très marquées de Sartre et d'elle-même. Une certaine raideur dogmatique accompagne le propos, comme un regard complaisant envers elle-même, d'où l'emploi du terme égocentré, comme s'il n'était pas possible d'avoir procédé différemment ou mieux qu'elle, avec une pointe de ton d'immodestie présente dans tout le texte. Aussi ne reste-t-elle pas si claire sur le recours à la violence. Elle prétend être sensible à la lutte des classes. Jusqu'à quel point de radicalité ? Ce n'est pas si évident. Ces travers écornent les qualités et l'intérêt de l'écrit, qui reste un témoignage utile.

Veneziano - Paris - 46 ans - 27 janvier 2019


quel intérêt ? 2 étoiles

Ce livre m'a semblé un catalogue superficiel de sa vie matérielle , intégralement vécue dans le monde des intellectuels : cinéma , livre , théâtre.
Tissu de banalités , le livre va jusqu'aux ragots et jette parfois en pâture l’intimité des gens .
Son style m'évoque une copie de rédaction de terminale.
Un intérêt « historique » certain cependant , concernant la vie dans les années 60.
Un livre en trop ? .

Bunny - - 67 ans - 7 février 2011


Déjà vieille à 64 ans? 5 étoiles

SdB tire à la ligne et rabâche. Grande déception. Nous vieillissons tous à peu près de la même façon, et les banalités n'ajoutent rien. Quant au jargon emprunté à JPS -- quelle utilité, sinon de renforcer la pénible impression de pédantisme (souvent naïf) que communique ce pavé? Un pavé qui ne doit rien à 1968, certes. Comme critique littéraire, chronique de spectacles ou Baedeker, cet ouvrage apparaît plus que léger. Les trop rares aperçus des personnages fréquentés manquent de vie -- sans mentionner l'humour, ou le simple détachement, dont l'auteur aurait tant eu besoin.
C'est une chronique démodée, ennuyeuse, souvent irritante par le parti pris politique systématique des sujets et des jugements. On préfère certains aspects de la correspondance, moins apprêtée et moins fatiguée, présentée par sa fille adoptive.

Guyjean - - 96 ans - 20 janvier 2008