L'amour humain de Andreï Makine
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un coup de poing
Avant ce roman, Makine m’avait séduit avec son lyrisme romantique et ses paysages de glace. Avec cet opus, c’est une rupture sans équivoque de cet univers. Nous sommes en Afrique lors d’un colloque sur le développement durable. Le narrateur partage ses souvenirs et nous fait part du parcours d’un jeune révolutionnaire angolais rencontré pendant une nuit de captivité.
La vie de cet homme consacrée aux idéaux communistes est surtout marquée par la violence. Entre les incursions des marxistes cubains et le fraternalisme russe implacable, l’Afrique devient un terrain de jeu morbide, témoin de toutes les ignominies. Toutefois, au milieu de l’apocalypse, l’amour survit.
L’écriture ciselée de Makine est particulièrement bouleversante lorsqu’elle décrit en détail les scènes atroces de guerres civiles. D’autant plus que l’intensité est soutenue du début à la fin sans nous laisser de répit. C’est un livre dur, très dur. Le titre trompeur ne nous prépare pas pour cette descente aux enfers, car si l’amour est un élément de ce récit, c’est le dégoût de l’humanité qui prédomine.
On connaît déjà les grands fléaux qui affligent l’Afrique. Le vol de ses richesses par des guérillas armées et l’exploitation de ses peuples. A cet égard, le roman n’apporte rien de nouveau. Sa force est de nous montrer un homme capable de conserver sa dignité quand tout autour plus rien ne l’y oblige.
Les éditions
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L'amour humain [Texte imprimé], roman Andreï Makine
de Makine, Andreï
Seuil
ISBN : 9782020884266 ; 15,30 € ; 05/10/2006 ; 294 p. ; broché
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Claivoyance
Critique de Bachy (, Inscrit le 10 avril 2004, 61 ans) - 10 février 2007
L’histoire commence en 1979 dans un village angolais à la frontière du Zaïre. Depuis août 1975, la guerre fait rage entre les mouvements de libération qui se sont retrouvés dans un bref gouvernement de transition, après le départ des troupes de l’ancien colonisateur portugais. C’est ainsi que le MPLA marxiste d’Agostinho Neto s’affronte à l’UNITA de Jonas Sawimbi. Dans la pénombre d’une case, deux instructeurs soviétiques capturés par l’UNITA, attendent leur exécution. Le narrateur est l’un de ces deux hommes. Un troisième personnage gît à leurs côtés. D’entrée de jeu, l’Histoire s’installe sur le devant de la scène. Atroce, sans grand rapport avec les discours qui la théorisent. Ce sera le leitmotiv de ce roman. Le supplicié inerte vit encore. Au matin, avec ses deux compagnons, il est libéré par une unité cubaine engagée dans le conflit. Un solide lien d’amitié se tisse avec le narrateur, qui évoque maintenant la destinée de cet Angolais, Elias Almeida, né en 1950.
Il a onze ans au début des années soixante. Il vit dans la chaleur sensuelle et protectrice de sa mère, le père ayant pris le maquis. Il a entraperçu cette mère se prostituer pour le nourrir, puis être arrêtée par la police avant de revenir, clavicule cassée, corps broyé, mourante et bientôt morte. La scène de cet amour piétiné orientera sa vie pour toujours. Haine et révolte. L'enfant s'engage dans la Révolution, dans les guerres de libération africaines, côtoie Che Guevara et devient un redoutable agent militaire au service de l'Union soviétique. La Havane, Moscou, Zaïre, Somalie. On suit son destin tragique, de séances d'entraînement en coups de force, de coups d'état en coups fourrés. Sans illusion sur la cruauté humaine qui siège autant dans le camp des oppresseurs que des opprimés, il n'en continue pas moins de combattre sans relâche et avec héroïsme, y compris pour des causes perdues, même lorsqu’étant à Moscou, il vivra la mort de son président.
L'écriture s'engouffre dans le gouffre des révolutions, guerre froide, guerres civiles, dans les atrocités et absurdités de ce monde. Andreï Makine nous livre les images déroutantes d’une Afrique aux entrailles déchirées, aux membres dépecés entre tensions ethniques et idéologiques, morcelée par des combats que pilotent à distance les colosses de la guerre froide. Loin des ravages absurdes que provoquent l’affrontement des blocs, Cuba apparaît comme le pays de la mise en scène révolutionnaire où des idoles de carton pâte, montées sur de grands panneaux publicitaires, servent de décor à la harangue des orateurs.
Une surprise
Critique de Calepin (Québec, Inscrit le 11 décembre 2006, 43 ans) - 11 décembre 2006
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