... sont très lourds à porter !

J’aurais pu ne jamais vous parler de ce deuxième volume de cette histoire, L’écharde de Frank Giroud et Marianne Duvivier, en prétextant que la présentation du départ suffisait pour avoir envie de lire la suite. Mais en agissant de la sorte, je ne prenais pas le temps de vous dire, une fois encore, le plaisir et l’émotion ressentis en lisant ce secret de famille si bien raconté et dessiné…
Mais, j’aurais aussi fait l’impasse sur un des aspects de cette histoire, la grande rafle de 1942, Drancy, les lettres de dénonciation, la déportation, le non-retour de ceux qu’on aimait [quel euphémisme pour aborder l’extermination des Juifs…]. Oui, dans ce second volet de l’histoire, il y a tout cela… Comment ? Pourquoi ? Je ne vais pas vous le dire car le scénariste a si bien réussi à mener le lecteur au bout du drame sans le lui dire que je n’ai aucune envie de lui casser la baraque, comme on dit de façon triviale…
Les trois femmes de l’histoire, Marie-Louise, Annette et Hélène, sont rejointes par Raymonde, une femme courageuse comme il y en eut certainement quelques-unes unes autour des Juifs parqués à Drancy, et une certaine madame Brioux. Mais cette histoire dessinée par une femme est pleine de personnages féminins, comme si Frank Giroud avait écrit sur mesure, pour sa dessinatrice… Allez savoir !
Ce deuxième album est encore plus beau, plus fort, plus intense que le premier. C’est une réussite totale et j’avoue que je serais très déçu s’il n’obtenait pas, ici ou là, une distinction, si les lecteurs n’étaient pas au rendez-vous, si cette écharde restait dans un pouce en créant une infection…
Oui, l’écharde est un conte que l’on peut résumer ainsi sans vous enlever quoi que ce soit au plaisir de lecture : quand une écharde s’enfonce dans votre doigt, il ne faut pas la laisser créer un pôle d’infection. Il faut la faire sortir, quitte à ouvrir le pouce, à faire mal, à faire partir le pus, à faire souffrir un peu… Après avoir désinfecté, ce qui peut encore faire mal, la vie reprendra le dessus, le sang pur re-circulera, le corps retrouvera le chemin de la santé…
Pour les secrets de famille, il en est de même : il faut que la vérité fasse surface, qu’elle soit acceptée par tous, que la vie reprenne le dessus, que les êtres humains n’enferment pas ces choses sales et puantes au fond d’eux-mêmes… Cette collection, Secrets, est tellement atypique que je me dis que c’est avec de tels travaux que la bédé est en train de montrer à tous ses détracteurs qu’elle est un mode narratif comme les autres, non, peut-être, plus fort que les autres, car, par le dessin, elle apporte une touche d’émotion supplémentaire… Mais ce sera à vous de juger !
Ce diptyque doit donc être mis à l’honneur dans toutes les bibliothèques, librairies, centres de documentation et d’information des collèges et lycées, dans toutes les maisons où l’on veut que « se souvenir » ne soit pas un vain mot…
Une bande dessinée qui participe au devoir, au travail de mémoire… Pourquoi pas ?

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  L'écharde [Texte imprimé] dessin, Marianne Duvivier scénario, Frank Giroud...

  de Duvivier, Marianne (Illustrateur) Giroud, Frank (Scénariste)
  Dupuis / Empreinte(s) (Marcinelle)
  ISBN : 9782800137988 ; 17,11 € ; 29/11/2006 ; 54 p. ; Album

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