Journal de Franz Kafka
( Tagebücher)
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Ennuyeux Kafka?
Souvent présenté comme ennuyeux, le journal de Kafka ressemble à d'autres journaux. Et donc, il peut être assommant, oui, comme beaucoup de journaux intimes. Parce qu'il évoque des personnages qui nous sont inconnus, des événements chers à Kafka et complètement étrangers au lecteur, parce qu'il parle d'éléments du quotidien qui nous laissent indifférents, parce qu'il parle de la vie d'un homme et pas vraiment de celle d'un auteur, parce qu'il parle de tranches de vie et non de toute une vie et encore moins d'une oeuvre.
Ce n'est pas palpitant et pourtant, il existe un moyen de faire vivre différemment ce journal. C'est d'en extraire une note, un jour, un élément et le dissocier complètement du reste, ne plus le considérer comme une énième tranche (indigeste?) d'un tout, mais comme un élément à part.
Si je prends par exemple le "vacarme" du 5 novembre 1911 et l'isole du reste, je me retrouve face à un texte complètement surréaliste. Il parle de nuisances sonores, d'un père qui quitte la maison, d'une soeur qui fait du bruit... tout cela prend des proportions étonnantes, il y a une densité dans le bruit qui étouffe le narrateur et qui est pourtant bien anodin si on y regarde d'un peu plus près. Certains mots prennent une autre saveur comme la phrase "me glisser comme un serpent dans la pièce d'à côté et en rampant ainsi sur le sol, supplier mes soeurs et leur bonne de faire un peu de silence". Au milieu du Journal, ça passe inaperçu. Isolé de la sorte, ça laisse la porte ouverte à toutes sortes d'interprétations. Je pense que c'est une façon de rendre le journal de Kafka peut-être pas plus agréable à lire, mais en tout cas plus facile et sans doute plus constructif. Cette journée, plutôt banale, ne représente rien parmi les autres journées, mais seule, elle pourrait être, pourquoi pas, un exercice d'écriture et d'interprétation.
Si j'en reste à cette notion de bruit anodin que j'évoque plus haut (un détail dans ce journal intime qui en regorge, comme tous les journaux intimes d'ailleurs), je me dis que c'est pas si mal de partir de cet élément tout simple, tout petit, pour pondre deux pages là-dessus et transformer ça en vacarme, en un truc quasi insupportable aux oreilles du narrateur. De simple constatation de la vie quotidienne, Kafka en fait un texte (pas forcément excellent, mais composition littéraire tout de même) qui peut/veut dire plein de choses, avec des symboles et des non-dits, des silences au milieu de tout ce bruit. un bruit qu'il arrive à rendre palpable et réel alors que quand j'examine attentivement chaque ligne, il n'y a pas vraiment un élément particulier qui soit très bruyant, non, c'est Kafka qui arrive à donner naissance à cette impression de bruit grâce à ses lignes. Ce n'est bien sûr pas propre à Kafka, plein d'auteurs peuvent faire ça mais voilà, de journal intime (compilation de considérations quelconques et d'événements anodins), on passe à un vrai travail d'écriture avec des messages à décoder par le lecteur.
Les éditions
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Journal [Texte imprimé] Franz Kafka traduit et présenté par Marthe Robert
de Kafka, Franz Robert, Marthe (Editeur scientifique)
le Livre de poche / Le Livre de poche.
ISBN : 9782253029823 ; 9,90 € ; 15/05/2002 ; 674 p. ; Broché -
Journal [Texte imprimé] Franz Kafka trad. et présenté par Marthe Robert postf. de Max Brod
de Kafka, Franz Robert, Marthe (Editeur scientifique)
B. Grasset / Les Cahiers rouges (Paris. 1983)
ISBN : 9782246049135 ; 15,05 € ; 23/10/2002 ; 703 p. ; Poche
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Livre de chevet
Critique de Hereith (, Inscrit le 1 février 2008, 43 ans) - 18 février 2008
Des fragments de fiction se mêlent à des aphorismes, au cours du quotidien, aux souvenirs.
Etrange, touchant, drôle, sincère : autant de qualités de ce texte.
Je crois que c'est Cioran qui disait qu'il préférait le journal ou la correspondance d'un grand écrivain parce que s'y trouve la vie brute, plus que dans les oeuvres achevées.
Lisez ce livre comme un roman et vous vous ennuierez.
Lisez ce livre comme ce qu'il est : la chair et le sang d'un homme et vous ne pourrez plus le quitter.
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