Rebelles, tome 3 : Shooting Star, Marilyn Monroe
de Jean-François Charles (Scénario), Maryse Charles (Scénario), Kas (Dessin)

critiqué par Shelton, le 10 décembre 2006
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Trajectoire d'une étoile...
Si je commençais par vous dire que cet album est une merveille, ce qu’il est, en fait, je crois que vous m’accuseriez de céder un peu facilement au syndrome « Monroe » ! Donc, je vais faire différemment…
Maryse et Jean-françois Charles ont décidé, après avoir convaincu Arnaud De Lacroix, un des éditeurs bédés de chez Casterman, d’entreprendre une série de biographies. Ils pensaient, comme premiers personnages, à Che Guevara, Kennedy, Monroe et Massoud. Ils voulaient que les quatre premiers [on ne sait toujours pas s’il y en aura d’autres, car cela dépend, bien sûr, de l’accueil du public, des ventes, quoi…] sortent rapidement en librairie pour créer un phénomène de série. Pour cela, comme pour les séries Décalogue, Le triangle secret, Quintett… ils ont fait appel à plusieurs dessinateurs. Le premier terminé, Che Guevara, fut le fruit du travail de Wozniak ; le second, consacré au président Kennedy, fut dessiné par Bouüaert ; le troisième, celui dont nous allons parler aujourd’hui, a pris corps sous le trait de Kas.
Tout au long de cette série, on a vu les scénarios s’améliorer. Les Charles qui avaient décidé de raconter en partant de la mort, ce moment où toute la vie défile à grande vitesse sous les yeux de l’agonisant, se sont mis à maîtriser de mieux en mieux cette façon de narrer les êtres humains. Avec Guevara, ce fut un peu poussif, peu clair pour ceux qui ne le connaissaient pas. Avec Kennedy, il y eut un bel effort de clarté et tous les lecteurs à qui je l’ai fait lire ont pu me dire que cette bédé était bien une véritable bande dessinée d’aventures, une aventure réelle mais bien enlevée, bien racontée… Mais, pour Marilyn Monroe, ils ont passé la vitesse supérieure. Ils ont décidé de raconter notre Marilyn comme on raconte n’importe quelle autre histoire en bédé. Ils n’ont pas pris de gant, ils ont oublié le mythe, ils sont allés à la rencontre d’une femme, tout simplement. Ils ont eu la chance, dans leur travail, de trouver Kas, un dessinateur en pleine possession de ses moyens, qui a su donner de la chair, de l’épaisseur, de la consistance, de l’humanité à son héroïne. C’est d’une force ! La narration graphique est d’une efficacité ! Bref, c’est une très grande réussite…
Je me permets de vous avouer que ce point de vue est largement partagé par mon épouse et deux de mes filles. Je ne dis pas cela pour me justifier mais parce que l’on pourrait croire que c’est seulement le regard d’un historien, d’un vieillard lubrique ou d’un homme ! Non, je crois que toute personne qui lira cette bande dessinée, sans à priori, ne pourra que comprendre que la bédé peut tout raconter quand elle le fait avec talent, délicatesse, profondeur, amour, tendresse… Nous ne sommes pas en face du mythe mais bien en compagnie d’une femme avec tout ce qu’elle a de bon, de grand, de généreux, de fou, d’irrationnel…
Oui, elle est allée se positionner au firmament des étoiles, des grandes stars, mais les auteurs de cet album ont réussi à créer une œuvre d’art à la hauteur du personnage… Chapeau !