Extinction
de Thomas Bernhard

critiqué par DomPerro, le 22 décembre 2006
( - - ans)


La note:  étoiles
Impitoyable
Une voix morne, infatigable, qui dit et se redit sans cesse, qui zigouille ses phrases, qui sombre en un flot verbal, dense, sans paragraphe, qui s'éteindra avant de vous faire pleurer de rire.

Il sera alors trop tard.

Il mal sera fait.

Impitoyable, mais dans le bon sens du terme.
One man show 10 étoiles

Certains misanthropes sont des êtres altruistes, romanesques, humanistes refusant de se compromettre dans une société qu'ils jugent indigne. Thomas bernhard fut de tout son être et durant toute sa vie, l'un des meilleurs exemples de cette misanthropie là. Exultant d'une haine viscérale envers ses compatriotes qu'il jugeait hypocrites, amoraux, étroits d'esprit, incultes et criminels, comme s'ils n'avaient jamais expié et ne serait-ce qu'essayé de rattraper les horreurs commises lors de la seconde guerre mondiale, mais au contraire avaient aggravé leur cas à grand renfort de bêtises variées. C'est bien sûr tout à fait universel et on ne pense pas forcément aux autrichiens en lisant ce livre qui leur semble dédié, traduit en français ...

On parle souvent de prose jubilatoire concernant Thomas Bernhard. C'est vrai, si vous êtes réceptif, vous exploserez de rire et ne pourrez lâcher le livre qu'à la six-centième page avec l'impression d'avoir été emporté dans un maelström d'insultes, de jugements et de contradictions hilarantes, d'une construction rigoureuse (aucun saut de ligne, aucun délire impressionniste à la James Joyce auquel on pourrait opposer le génie exactement inverse) et d'une musicalité constituée de ressassements et de ponctuations hypnotiques.

Parmi ses autres livres, outre les excellents "des arbres et à abattre" et "maîtres anciens" - "Béton" et "Mes prix littéraires" sont de sympathiques introductions au joyau de noirceur et d'humour que représente Extinction, d'autant plus qu'il y est question, dans une certaine mesure, d'écriture.

Lorem Ipsum - Paris - 46 ans - 14 février 2012


Abandonné en cours de route … 3 étoiles

J’ai abandonné après 130 pages. Non que l’écriture ne soit belle, encore que le style répétitif ait quelque aspect désarçonnant, mais la vision pessimiste à l’extrême de T. Bernhard, de ses parents, de ses frères et sœurs mais aussi de l’Autriche ou de l’Allemagne, ne correspondait sans doute pas à mon état d’esprit.

Evidemment que l’attachement viscéral du narrateur à l’Italie, au Sud en général et à Rome en particulier, avait de quoi me séduire mais 130 pages plus tard nous tournions en rond… toujours…

Nonobstant quelques belles analyses sur l’art photographique comme abject car figurant sur pellicule des mensonges, ou l’abrutissement par la religion des masses mais aussi des prétendues élites… il m’a manqué la force de poursuivre.

Une autre fois ?

Monito - - 52 ans - 6 août 2009