Harry Dickson, tome 1 : L'île des possédés
de Richard D. Nolane (Scénario), Olivier Roman (Dessin)

critiqué par Shelton, le 29 décembre 2006
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Perdus sur une île mystérieuse...
Si je tente de plonger dans ma mémoire lointaine, celle de mes premiers souvenirs de lecture, je trouve un roman d’Agatha Christie, Un meurtre sera commis le…, mais aussi, de très nombreuses histoires de Harry Dickson, éditées, si ma mémoire est bonne, chez Marabout Junior. Oui, ce fut, je peux le dire, le héros de mon adolescence. Mais le temps a passé, je l’ai oublié et c’est seulement quelques années plus tard que j’ai retrouvé sa trace grâce à des rééditions des aventures signées Jean Ray.
Sans vouloir refaire, ici, toute l’histoire de ces écrits, il faut bien replacer quelques éléments : Jean Ray, le fameux romancier belge, n’est pas le créateur de Harry Dickson. En fait, il y eut, en premier lieu, un personnage de roman à succès, un dénommé Sherlock Holmes, fruit de l’imagination de Sir Arthur Conan Doyle. Comme il y avait un énorme public pour ce genre de nouvelles policières, les copies n’ont pas manqué. Au départ, il y eut un pastiche, écrit en Allemagne, puis, le personnage a du changer de nom et il est devenu Harry Dickson, mais avec un sous titre évocateur du privé scientifique anglais, le Sherlock Holmes américain. Jean Ray est devenu le traducteur, puis de façon imprévisible l’adaptateur, enfin, l’auteur. Il est très difficile, aujourd’hui, de redonner à chaque auteur ce qui lui revient, mais de façon assez unanime, on s’accorde à affirmer que les bonnes histoires de Harry Dickson sont celles de Jean Ray, rendons à la Belgique ce qui lui revient de droit !
La série romanesque a été adaptée en bandes dessinées, deux fois. Une première avec Vanderhaeghe au scénario et Pascal Zanon au dessin, série qui continue encore à paraître et dont le graphisme est très ligne claire, la seconde par Richard Nolane au texte et Olivier Roman au dessin, celle dont nous allons commencer à parler ensemble aujourd’hui…
Pour ceux qui ne connaissent (encore) pas la série (nouvelles ou bédés), je vais commencer par présenter cet Américain vivant à Londres, au 221 B Baker Street… Une adresse qui doit évoquer quelque chose… Non ? Mais la comparaison ne s’arrête pas là : la femme de ménage est une certaine Mrs Hudson, dont la grande-tante était tout simplement la logeuse du fameux Sherlock Holmes. Notre privé, car il n’appartient pas, lui non plus au Nouveau Scotland Yard, a un disciple, Tom, un faire valoir comme Holmes avait un certain Watson, Poirot un certain Hasting… Oui, tout commence donc comme un grand classique de la littérature policière…
Dans ce premier volet des aventures de Harry Dickson, très librement inspirées du personnage de Jean Ray, nous allons découvrir que l’énigme policière peut cacher une histoire plus fantastique et c’est une excellente chose pour le lecteur. Dès la première planche nous assistons à un meurtre. Mais impossible de voir la tête de l’assassin. Par contre, dès le lendemain matin, nous apprenons en lisant le journal par-dessus l’épaule de Harry Dickson, que le mort était un éminent professeur spécialiste du cerveau humain… Mais nous n’en saurons pas plus car Harry est appelé sur l’île de Kersey, où un de ses amis, Sir William s’inquiète pour sa fille disparue… Le huis clos est en place, l’île est isolée, la prochaine navette est pour dans trois jours et la météo est mauvaise…
Nous allons bientôt découvrir que la population d’une partie de l’île est sous le contrôle d’une bande de malfaiteurs dont nous ne connaissons pas grand-chose… Harry, utilisant les mêmes méthodes que Sherlock, va tenter de comprendre ce qui se trame… Quand on regarde le dessin de la page 17, on comprend bien que Nolane et Roman se sont inspirés de l’illustre Sherlock…
La narration graphique est en train de se mettre en place. On voit, au fur et à mesure de l’album, que le dessin d’Olivier Roman s’affermit, le trait devient plus sûr, plus vif, plus vivant…
C’est un excellent début de série et je crois pouvoir dire que, même pour les novices en dicksonneries, la lecture devrait plaire à tous ceux qui aiment le mystère et l’irrationnel. N’hésitons pas à le dire, il ne s’agit pas d’histoires policières classiques, mais bien d’un harmonieux mélange entre policier, fantastique, thriller et science fiction (modérée, quand même)…
C’est donc une très belle série à découvrir pour celles et ceux qui ne l’ont encore jamais eue dans les mains…