Mrs Dalloway de Virginia Woolf
( Mrs Dalloway)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Un monument de la littérature
"Mrs Dalloway dit qu'elle s'occuperait elle-même d'acheter les fleurs".
La première phrase du chef-d'oeuvre de Virginia Woolf; nous sommes à Londres, dans les années 1920. Clarissa Dalloway organise une réception ce soir en l'honneur de son mari. Depuis le moment où elle sort de chez elle par cette chaude journée d'été pour acheter des fleurs, jusqu'à la réception, Virginia Woolf nous plonge dans la vie de Mrs Dalloway, nous prenant dans le flot continu de ses pensées.
De manière à première vue indépendante, la narration de la journée de Mrs Dalloway est alternée avec celle de Septimus Warren Smith, un ancien soldat traumatisé par la guerre, qui sombre dans la folie et menace de mettre fin à ses jours. Woolf qui a souffert elle-même de dépression mentale (elle finira par se suicider) utilise sa propre expérience pour décrire les hallucinations dont souffre le jeune soldat, ainsi que se livrer à une critique du corps médical. Le personnage de Dalloway alterne aussi fréquemment des périodes d'abattement avec des phases plus euphoriques.
C'est un livre plutôt difficile à lire, qui requiert un certain investissement de la part du lecteur, dans lequel il faut parvenir à s'immerger complètement. Le style de l'auteur ne rend pas la lecture très abordable; longues phrases, d'une grande beauté poétique mais qui requièrent toute notre attention et de fréquentes relectures. Il n'y a pas d'intrigue, si ce n'est que toute la journée, rythmée par la cloche de Big Ben, converge vers la réception finale.
Pas un livre à lire sur la plage donc, mais un roman frémissant de sensibilité et d'une grande beauté poétique. Un des grands chefs d'oeuvre de la littérature anglaise, à lire éventuellement en anglais mais en s'aidant de la traduction française. La préface, de la version anglaise comme de la version française, est utile pour mettre l'oeuvre dans son contexte et apprécier sa richesse et ses subtilités.
Les éditions
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Mrs Dalloway [Texte imprimé] Virginia Woolf éd. présentée par Bernard Brugière,... trad. et notes de Maire-Claire Pasquier,...
de Woolf, Virginia Brugière, Bernard (Préfacier) Pasquier, Marie-Claire (Traducteur)
Gallimard / Classique
ISBN : 9782070387410 ; 6,90 € ; 01/01/1981 ; 358 p. ; Poche -
Mrs Dalloway
de Woolf, Virginia Brugière, Bernard (Préfacier) Pasquier, Marie-Claire (Traducteur)
Gallimard
ISBN : 9782072884818 ; 6,60 € ; 27/02/2020 ; 368 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (17)
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Quelle déception
Critique de Jaafar Romanista (Rabat, Inscrit le 3 février 2013, 36 ans) - 11 juillet 2013
Une vie en une journée
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 2 juin 2013
L'écriture est un peu déroutante puisque nous passons d'un personnage à l'autre, ou plutôt de l'esprit à l'autre, sans préavis, en suivant le fil rarement linéaire de la pensée, des souvenirs et des impressions. Les sensations, les mouvements de l'âme sont décrits avec finesse et acuité, y compris ces hésitations et ces non-dits avec lesquels nous compliquons notre existence et nos relations.
Le résultat est un roman grave et drôle, pas facile à lire (encore moins en anglais compte tenu de la structure grammaticale un peu alambiquée et du vocabulaire riche).
Je recommande de l'ouvrir quand on a du temps et de la tranquillité devant soi pour pouvoir bien se concentrer et s'immerger dans le récit. A ouvrir peut-être aussi quand on a une certaine maturité pour pouvoir comprendre la psychologie des personnages (et de V Woolf) : « L'avantage de vieillir, c'est tout simplement que les passions demeurent aussi vives qu'auparavant, mais qu'on a acquis la faculté qui donne à l'existence sa saveur suprême, la faculté de prendre ses expériences et de les faire tourner, lentement, à la lumière. »
L’ambiguë Clarissa
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 24 avril 2012
A la lecture du roman on ressent un certain malaise. Dans un style singulier Woolf nous montre la vacuité de l’existence, et le vertige de la vie qui nous échappe. L’esthétique woolfien est quelque peu déconcertante ; une esthétique sur le fil du rasoir, à la limite de la rupture où chaque phrase, au sens souvent ambigu, hésite en équilibre précaire entre rationnel et absurde.
24 heures de la vie d’une femme ... et d’un homme ...
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 17 septembre 2010
Virginia Woolf va nous dérouler leurs vies sur une journée. Une vie pleine d’artifices et de convenances pour Clarissa Dalloway, une vie de souffrances et de folie pour Septimus. Un choix plutôt arbitraire en l’occurrence puisque le point commun le plus visible de ces deux existences est la cloche de Big Ben qui rythme les heures … et le roman de Virginia Woolf.
Au niveau de la forme par contre c’est bien plus intéressant du fait du parti choisi par Virginia Woolf de nous immerger complètement à l’intérieur de ces personnages et de vivre avec eux un peu comme on vit dans la vraie vie ; en passant du coq à l’âne d’un moment à l’autre, sans toujours besoin de cohérence et d’explications. Là il y a certainement une vraie nouveauté et une bonne réussite. Le fond néanmoins me fait minimiser cette réussite et relativiser l’intérêt de cette « Mrs Dalloway ». D’autant que le fond historique a finalement pas mal d’importance et que plus les années passeront et moins les lecteurs seront probablement à même d’en saisir les implications dans le roman. Au contraire d’une Jane Austen, encore plus loin de nous dans le temps mais pour laquelle les préoccupations des héros et héroïnes – pourtant bien mièvres à l’aune de l’évolution de notre civilisation – restent facilement transposables pour le lecteur.
"Elle avait, en regardant passer les taxis, le sentiment d'être loin, loin, quelque part en mer, toute seule ; elle avait perpétuellement le sentiment qu'il était très, très dangereux de vivre, ne fût-ce qu'un seul jour. Elle n'avait pas pour autant le sentiment d'être particulièrement intelligente, ni d'avoir quoi que ce soit de spécial. Comment avait-elle pu faire son chemin dans la vie armée des seuls rudiments que lui avait inculqués Fraülein Daniels, elle se le demandait. Elle ne savait rien : pas de langues étrangères, pas d'histoire ; il lui arrivait rarement de lire un livre, si ce n'est des Mémoires, avant de s'endormir ; et pourtant, elle trouvait tout cela absolument fascinant ; les taxis qui passaient ; et elle refusait de dire de Peter, ou d'elle même, je suis ceci, je suis cela.
Son seul don, se disait-elle en poursuivant son chemin, c'était de connaître les gens par une sorte d'instinct, pour ainsi dire. Vous la mettiez dans une pièce avec quelqu'un, et elle faisait le gros dos, comme un chat ; ou alors elle ronronnait."
Une journée avec Mrs Dalloway
Critique de Miss teigne (, Inscrite le 6 mars 2008, 43 ans) - 2 juillet 2009
Voilà ce que j'appelle de la "grande littérature": raconter de façon passionnante ce qui ne l'est pas. Que peut-il bien se passer en une journée quand on a toute la vie? Ma foi, beaucoup de choses!
Tourbillon de vicissitudes intérieures
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 11 novembre 2008
Tout cela s'opère dans une narration truffée de détails filés de manière assez impressionniste.
Ce style est assez novateur, et est lié à Proust dans le souci du détail, mais, chez ce dernier, l'analyse psychologique se fait de manière externe, alors que le lecteur est livré au récit comme par caméra embarquée ; il le vit de l'intérieur.
Cette atmosphère étrangement bouillonnante, même au comble de l'inaction, a sa forme de génie, mais m'a mis mal à l'aise, par son aspect sombre, aggravé par son absence de distance. On apprend beaucoup sur la sociologie et l'état d'esprit d'une époque.
Je m'interroge
Critique de Ramsès (, Inscrit le 29 mai 2006, 40 ans) - 19 août 2008
Deuxième lecture indispensable pour ma part et qui m'a bien plus plu que la première.
A fleur de peau
Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 2 août 2008
L’auteur a crée la figure de Clarissa en mettant une certaine distance ironique, car Clarissa est une bourgeoise mondaine, un brin prétentieuse. Mais la technique du courant de conscience permet l’intimité avec le personnage et la distance ironique se dissout. Quant au personnage de Septimus, le passage que je trouve le plus troublant est son hallucination auditive où il entend des oiseaux chanter en grec...
Un joyau
Critique de Witchboy (, Inscrit le 2 août 2007, 37 ans) - 2 août 2007
Version Pepto-Bismol de Joyce
Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 6 juillet 2007
Dans les rues de Londres...
Critique de Alexandra.C (METZ, Inscrite le 5 janvier 2006, 47 ans) - 1 février 2006
Mrs Dalloway et les Heures
Critique de Maria-rosa (Liège, Inscrite le 18 mai 2004, 69 ans) - 23 novembre 2005
C'est cela qui est génial dans la littérature, c'est qu'un livre vous renvoie à un autre livre qui vous renvoie à un autre livre et ainsi de suite...
Sensibilité et élégance
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 22 novembre 2005
L'art du roman réinventé
Critique de Echemane (Marseille, Inscrit le 12 juillet 2002, 45 ans) - 27 août 2003
Maîtrise ou abandon, à l'anglaise
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 9 mai 2003
Est-elle heureuse, Mrs Dalloway ?
Sa gaieté, ces fleurs qu’elle achète pour la réception du soir s’effacent trop souvent devant ses états d'âme.
Nous les suivons en direct, puisque nous sommes dans la tête de Mrs Dalloway, nous frissonnons au contact de ses souvenirs et de sa conscience.
Malgré un style qui n’est pas des plus simples, le livre est captivant.
Septimus, autre personnage, caresse depuis longtemps l’idée du suicide.
Sa détresse n’a pas manqué de me bouleverser.
La juxtaposition des divers éléments (anciennes amours de Mrs D., anciennes amitiés aussi, critique du monde médical, tentation du suicide, conventions sociales, …) trouve sa forme idéale dans ce long monologue et explose dans l'apothéose de cette fameuse soirée, point d’orgue de la journée.
De fracas grandiloquents, point…
Ce serait compter sans la finesse de l'auteur…
Un très bon livre
Critique de Nevermore (Rennes, Inscrit le 10 mai 2002, 42 ans) - 4 novembre 2002
En tout cas son illusion est bien tentée.
D'autre part il est difficile je pense de ne pas prendre en compte l'importance de la ville de Londres dans ce roman. On s'y promène, au mois de juin. On a l'impression de traverser la rue. C'est l'époque des "modernist city novels" comme Ulysse qui fut publie trois ans avant.
C'est donc un bon livre mais pas pour tout le monde, car il demande de la sensibilité. Certains ne trouveront rien d'intéressant dans ce livre et s'ennuieront. On peut entendre dire que Woolf n'était qu'une vieille bourgeoise flippée, mais c'est surtout une grande romancière qui écrit des choses assez frappantes dans une ambiance presque onirique. Je vois Londres en fleurs, j'ai envie d'être en Juin. Je peux lire ce livre sur la plage.
Indispensable
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 4 août 2001
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