Un type qui dégaine son Colt est une scène vue 100 fois, mais pratiquement jamais lue.
Le plus souvent, on a vu un bon western, j’ai à présent lu un excellent western. En 1961, au moment où Hathaway, Ford, Hawks et Sturges filment les grands classiques, Elmore Léonard écrit cette tragédie en 4 actes située au fin fond de l’Arizona.
Le plus étonnant est que l’écart de moyens entre une plume sur une feuille de papier et un grand studio n’enlève rien à l’impact de ce récit, qui tient pour l’essentiel au personnage central et au décor.
Blanc et apache, mais ni l’un ni l’autre (bien vu Grass), John Russel dont le dialogue tient sur une page rentre tout à fait dans le style Actors Studio laconique des années 60, immortalisé par Marlon Brando.
Dans le film de Martin Ritt de 1967, vu par tous les cinéphiles baby boomers (60 balais au moins), Paul Newman récite d’ailleurs cette partition jusqu’à la caricature.
La dimension tragique vient du dernier acte où Russel, surnommé “Tres hombres“ en raison de sa valeur au combat de 3 hommes, invincible et roué à toutes les ruses de survie, est tué, dans le dos bien sûr, à la suite d’un imprévu que je vous invite à découvrir.
Enfin, ce livre est aussi un passionnant carnet de voyage dans l’Arizona de 1890 où un trajet de 120 km sur une vague piste présentait les plus hauts risques.
A découvrir absolument. Même avec une couverture aussi insignifiante.
Ciceron - Toulouse - 76 ans - 23 mars 2008 |