En nous la vie des morts
de Lorette Nobécourt

critiqué par Sahkti, le 25 janvier 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Se trouver... un jour
Ce livre est magnifique, empreint d'une justesse et d'une sensibilité qui m'ont complètement séduite.

Nortatem est un trentenaire un peu perdu, il a quitté un amour, perdu son meilleur ami... alors il quitte New-York et prend la route du Vermont, histoire de se ressourcer, de comprendre sa vie, de trouver une quête existentielle qui va lui permettre de subsister au milieu de tout ce désarroi. Avant le départ, il passe chez Guita, sa meilleure amie, sa confidente-amante et prend sous son aile le hamster Léandre et deux livres, dont "Le Livre 7", manuel initiatique hébraïque qui bouleverse l'existence de tous ceux qui le lisent. Mise en abîme de ce livre quasi magique avec un autre, pris en même temps et intitulé "En nous la vie des morts", dans lequel chaque chapitre, évoque à un moment donné, l'existence du "Livre 7" et les effets qu'il produit.
Cette retraite par moments très dure à supporter permet à Nortatem de faire le point sur un tas d'éléments et de rencontrer des êtres qui, d'une manière ou d'une autre, vont le guider sur la voie d'une certaine paix intérieure qui fait un bien fou.

Merci à Lorette Nobecourt pour ces lignes qui invitent à la méditation et au questionnement de soi. Tant de profondeur dans ses propos, de sensation du ton juste et du mot placé au bon endroit... Certains passages sont grandioses de poésie et de bonté humaine. Nortatem est un homme attachant, un brin perdu comme on peut tous l'être à un moment de notre vie; je me suis sentie très proche de lui. Il se cherche et finit par se trouver, parce qu'il a balayé devant sa porte et a découvert que derrière les nuages, il y avait le soleil. Cela peut paraître simpliste, énoncé de la sorte, mais cela exige un travail sur soi parfois insurmontable et Lorette Nobecourt traduit cela avec beaucoup de réalisme et un recul bienvenu par rapport à son narrateur. D'autres protagonistes occupent beaucoup de place dans le roman, comme Fred et Guita, comme Léandre, comme le cerf qui revient de chapitre en chapitre sous diverses formes et incarne cette réincarnation de soi que chacun possède en lui.
un livre à lire, respirer, travailler encore et encore, parce qu'il fait du bien et offre la conscience d'élements profondément enfouis qu'un jour ou l'autre il faudra affronter. Un gros coup de coeur!
Retour à soi 8 étoiles

Dans ce roman, tous les personnages sont absents, ou presque. Morts, quittés, en voyage. Même Nortatem, le narrateur, n’est pas sûr de savoir où il se trouve.

C’est dans une maison du Vermont qu’il va se chercher, chercher l’isolement et, dans cette solitude, le retour à la lumière. Plongé dans une mélancolie sans fond depuis le suicide de son meilleur ami, il n’a plus rien à perdre, tout à gagner. Choisir de vivre ou de mourir. Et comprendre pourquoi ce choix-là doit se faire…

Seul avec Léandre, le hamster de sa meilleure amie Guita partie en France, dans une maison de bois, au milieu de la forêt, ornée d’une peau de cerf. Il a emporté avec lui un livre, « En nous la vie des morts ». Et dans ce livre, il y a la récurrence de morts et de drames, la récurrence de l’écho de sa propre vie. D’autres tragédies qui lui permettent de mieux comprendre les siennes. Le récit de Nortatem est rythmé d’extraits du livre, extraits qui poussent toujours plus loin son exploration de sa conscience.

Nortatem et le monde, ce sont les lettres de Guita, l’amie, de Georgia, l’ex-amante à l’attrait sexuel insupportable, les rencontres brèves et intenses des quelques hères du voisinage. Une vieille indienne étrange et voluptueuse, le voisin bourru et sa fille, intrigante.

Et, dans son cadre sauvage et écarté de tout, Nortatem commence enfin à voir…

Ce "En nous la vie des morts" de Lorette Nobécourt est un roman profond, abouti, c’est un livre saisissant de subtilité et de réflexion pertinente sur la relation humaine à la vie et à la mort. Sans oublier les notions de sensualité, de culture, de générosité et de peur.

Si certaines idées nous parleront davantage que d’autres, le contenu de cet ouvrage ne peut que susciter l’intérêt et le retour à soi, le retour à notre évolution propre. Car nombreux sont les livres qui participent (que nous en prenions conscience ou pas) à notre développement personnel, et celui-ci en fait indéniablement partie.

Quelle que soit la façon dont on le lit.

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 22 novembre 2009


Un hymne à la vie 7 étoiles

Nortatem, héros de ce roman, se retire dans une petite maison du Vermont suite au suicide de son meilleur ami. Il veut vivre isolé de tout afin de se retrouver seul avec lui-même, pour tout simplement faire le point sur son désir de continuer à vivre sans lui. Il n’emmène avec lui que l’animal de compagnie (un hamster) de sa meilleure amie, Guita, elle-même partie pour quelques semaines en France. Il emporte également deux livres capitaux pour elle et qu’il souhaite découvrir : le livre 7 et en nous la vie des morts.

Loin de tout, Nortatem va passer ses journées à boire, à cuisiner et se promener. Il va également faire des rencontres : Eddy, le propriétaire de la maison qu’il loue, sa fille Laura, ainsi qu’une vieille femme indienne mystérieuse. Son seul lien avec sa vraie vie sont les mails qu’il échange avec Guita et Georgia, la femme qu’il vient de quitter. Les chapitres de ce roman alternent l’évocation des souvenirs de Nortatem et ses rencontres, avec les chapitres du roman en nous la vie des morts, qui vont résonner en écho avec la tragédie qu’il vient de vivre et le sentiment qu’il ressent d’être un peu mort lui-même. Toutes ces histoires de disparitions vont le bouleverser, et peu à peu le ramener à la vie.

Ce roman d’une grande force est, malgré la teneur de son sujet, un hymne à la vie. A la vie et à l’amour. C’est un livre à conseiller à tous les amoureux de la lecture, puisque dans cette histoire c’est elle qui sauve l’homme qui souffre et a perdu le goût de vivre.

Aliénor - - 56 ans - 26 janvier 2009